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on tourne de gauche à droite pour la monter, & de droite à gauche pour l’ôter.

L’usage du trépan couronné est de faire une ouverture au crâne, pour donner issue au sang ou au pus épanché sur la dure-mere, ou sur le cerveau ; pour ouvrir des abscès dans le canal des os longs ; pour trépaner le sternum dans le cas d’abscès ou d’épanchement quelconque entre les deux lames du médiastin ; pour retirer des corps étrangers engagés dans les os ; pour enlever des esquilles, ou pieces d’os enfoncées. Voyez Trépaner.

L’arbre qui sert à porter les différentes pieces dont nous venons de détailler la construction, a beaucoup de ressemblance au vilebrequin dont les serruriers se servent. Voyez fig. 11. Pl. XVI.

Pour le bien examiner, nous le considérerons sous trois parties ; deux sont perpendiculaires l’une à l’autre, & la troisieme est une branche coudée qui représente un demi-cercle fort alongé & irrégulierement arrondi, mais très-symmétriquement construit.

La partie ou l’extrémité supérieure de l’arbre du trépan est comme la base de toute la machine. C’est une piece d’acier très-polie, qui a environ un pouce deux lignes de longueur sur quatre à cinq lignes de diametre ; elle est taillée à huit pans. La partie supérieure de cette piece octogone, est une mitte sur laquelle le manche est appuyé. Du milieu de la mitte s’éleve une scie, ou petite tige d’acier fort ronde & polie, d’un pouce & demi de hauteur sur près de deux lignes d’épaisseur ; cette scie est cachée & contenue dans le manche, par la méchanique que nous allons expliquer.

Le manche de l’arbre du trépan doit être construit de deux pieces, qui sont ordinairement d’ébene ou d’ivoire ; la partie inférieure de ce manche est plus longue que large ; elle ressemble assez à une petite pomme de canne bien tournée ; il y a une vis à son sommet, & elle est percée dans toute son étendue. Ce canal contient & renferme une petite canule de cuivre, qui entre avec beaucoup de justesse, & qui est très-polie en-dedans, afin de permettre à la scie qu’elle entoure, d’y tourner & d’y faire ses mouvemens ; c’est pourquoi cette scie est comme rivée sur la canule par un petit écrou qui s’engage sur la vis qui est à son sommet, ce qui est beaucoup plus commode que la rivure que les couteliers ont coutume d’y mettre. Voilà quelle est la méchanique qui cache & contient la scie de l’arbre du trépan ; ce que l’on appelle la noix. Cette partie supérieure de l’arbre est couronnée par une pomme d’ébene ou d’ivoire, applatie, convexe en-dehors, & cave en-dessous ; elle se joint avec l’autre partie du manche par un écrou, gravé dans la partie cave de la pomme, & qui se monte sur la vis qui est à la partie supérieure de l’autre piece de manche.

La partie inférieure de l’arbre du trépan est perpendiculaire à celle dont on vient de parler : on la nomme la boîte, parce qu’elle sert à emboîter la scie des couronnes & des autres trépans. Pour que cette partie soit bien construite elle ne doit point être ronde & tournée en écrou, comme on le voit dans plusieurs auteurs, parce qu’alors les scies des couronnes sont en vis ; structure qui a beaucoup d’inconvéniens : un des principaux est que cette vis se monte à contre sens du jeu de la couronne ; lorsqu’on trépane, elle se serre quelquefois à un tel point, qu’il faut un étau pour la démonter. D’ailleurs il est plus long & plus embarrassant de monter une vis dans un écrou, que de faire entrer une scie quarrée dans une boîte de même figure. La boîte est à pans, elle a environ un pouce & demi de longueur. La surface de la boîte qui est diamétralement opposée à celle qui touche à la manivelle ou branche courbe qui joint la partie supérieure & l’inférieure, est fendue de la longueur de

dix lignes par une ouverture qui pénetre jusque dans la cavité de la boîte, & qui sert à y placer un petit ressort à bascule, dont l’extrémité inférieure faisant éminence en-dedans de la boîte, est taillée en talus, & très-polie afin de glisser facilement sur la surface ou biseau de la scie des trépans, pour s’engager dans leur hoche ou entailleure. V. fig. 12. la coupe de cette boîte.

La troisieme piece de l’arbre est la branche ou manivelle. C’est un arc irrégulierement arrondi, dont les extrémités tiennent aux parties supérieure & inférieure de l’instrument. Cet arc est plus ou moins orné suivant le goût & l’adresse de l’ouvrier. Il doit y avoir dans son milieu une petite boule tournante d’acier, ovale, ayant environ un pouce de diametre sur quinze lignes de longueur. Cette petite boule doit être garnie de petits sillons, moins pour l’ornement, qu’afin de présenter des surfaces inégales aux doigts, & d’être tenue avec plus de fermeté. Cette boule doit tourner autour d’un essieu, ce qui facilite beaucoup l’action de la machine, & en rend le mouvement bien plus doux.

Nous expliquerons la maniere de se servir de tous ces instrumens en parlant de l’opération à laquelle ils conviennent. Voyez Trépaner. (Y)

TRÉPANER, terme de Chirurgie, pratiquer l’opération du trépan ; c’est faire une ouverture au crâne pour relever des pieces d’os qui piquent ou qui compriment la dure-mere ou le cerveau, ou pour donner issue aux matieres épanchées sous le crâne, ou pour enlever des pieces d’os cariés.

Cette opération se pratique ordinairement à la suite des plaies ou des coups à la tête. Il faut voir ce que nous avons dit à l’article des plaies de tête, au mot Plaie. Nous parlerons simplement ici de la maniere de faire l’opération : nous traiterons ensuite des cas douteux pour l’opération du trépan ; & nous exposerons les raisons qui peuvent en pareils cas déterminer à pratiquer ou à éviter cette opération.

Lorsque l’opération du trépan est indiquée, & qu’on a découvert le lieu où il la faut faire, par les incisions convenables, de la façon dont nous l’avons dit à l’article des plaies de tête ; il faut mettre le malade dans une situation commode ; sa tête doit être stable, & pour ainsi dire inébranlable pendant l’opération ; & l’endroit du crâne que l’on doit ouvrir, doit, autant que cela est possible, être le lieu le plus élevé, afin que la couronne y pose perpendiculairement. Pour satisfaire à toutes ces vues, on éloigne le lit du mur, pour que les aides puissent se placer commodément & contenir fermement la tête du malade, sous l’oreiller duquel on place un plat d’étain ou une planche.

Les instrumens seront rangés sur un plat, & l’appareil qu’on doit appliquer après l’opération, doit être rangé sur un autre, de façon que les pieces se présentent dans l’ordre qu’elles doivent être employées.

Tout étant ainsi bien disposé, le chirurgien prend la couronne montée de sa pyramide, voyez Trépan couronné ; & il la pose perpendiculairement sur l’endroit du crâne qu’il veut percer. Les dents de la couronne doivent anticiper un peu sur la fracture, pourvu que les pieces d’os soient solides ; il tourne ensuite deux ou trois fois, en appuyant suffisamment, la pyramide sur le crâne pour y faire une impression qui serve de guide au perforatif. Voyez Trépan perforatif.

Le chirurgien prend alors l’arbre du trépan monté du perforatif : on tient ces deux instrumens joints ensemble, comme une plume à écrire ; on pose ensuite la pointe du perforatif dans la marque que la pyramide de la couronne a gravée sur le crâne ; on fait avec le pouce & le doigt indicateur de la main gauche un cerceau qu’on pose horisontalement sur