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Les bonnes balances ne doivent point avoir de trait, & leurs bassins doivent rester en équilibre. (D. J.)

Trait, s. m. terme de Boucherie ; fort cordage avec un nœud coulant au bout, qu’on attache aux cornes d’un bœuf que l’on veut assommer : c’est avec ce trait que l’on passe à-travers d’un anneau de fer scellé à terre, dans le milieu de la tuerie, qu’on le force de baisser la tête pour recevoir le coup de massue entre les deux cornes. Savary. (D. J.)

Trait, terme de Bourrelier, c’est la partie du harnois des chevaux de tirage, par laquelle ils sont attachés à la voiture qu’ils tirent. Les traits des chevaux de carrosse sont de cuir, & s’attachent aux paloniers du train ; ceux des chevaux de charrette sont de corde, & attachés aux limons : ce sont les bourreliers qui font les premiers, & fournissent les uns & les autres. Voyez les fig. & les Pl. du Bourrelier.

Trait de scie, (Charpent.) c’est le passage que fait la scie en coupant une piece de bois, soit pour la raccourcir ou pour la refendre : les scieurs de long appellent rencontre, l’endroit où, à deux ou trois pouces près, les deux traits de scie se rencontrent, & où la piece se sépare. On doit ôter ces rencontres & traits de scie, avec la besaiguë, aux bois apparens des planchers, & aux autres ouvrages propres de charpenterie. (D. J.)

Trait de buis, (Jardin.) filet de buis nain, continué & étroit, qui forme communément la broderie d’un parterre, & qui renferme les platebandes & les carreaux. On le tond ordinairement deux fois l’année, pour le faire profiter, ou l’empêcher de monter plus vîte. (D. J.)

Trait, s. m. (Lainage.) le trait est cette quantité de laine attachée à chaque peigne, laquelle se trouve suffisamment démêlée & couchée de long, après un nombre de voies, ou d’allées & venues d’un peigne sur l’autre. Il y a toujours deux traits, comme deux peignes. (D. J.)

Trait en Peinture est la ligne que décrit la plume, le crayon, ou le pinceau : on dit cependant coup de pinceau, & non trait de pinceau ; à moins qu’on ne dise : j’en ai fait le trait au pinceau ; alors c’est dessiner avec le pinceau ; ou, qu’en parlant d’un objet peint, on ne dise : la chose est exprimée d’un seul trait : on dit le trait d’une perspective ; j’ai mis cette figure au trait d’une figure dessinée à l’académie ; ma figure n’est pas avancée, elle n’est qu’au trait ; la vie est dans ce dessein, quoi qu’il ne soit qu’au trait.

Trait se dit encore d’un dessein d’après un tableau pris sur le tableau même : lorsqu’on veut avoir exactement le trait d’un tableau, on passe avec un pinceau pointu, & de la laque, ou autres couleurs très-liquides, & qui aient peu de corps, sur toutes les lignes ou contours des objets de ce tableau ; après quoi on applique dessus un papier, qu’on fait tenir par quelqu’un vers ses extrémités, pour qu’il ne varie point, puis on frotte sur ce papier avec un corps poli, tel qu’un morceau de crystal, d’ivoire, une dent de sanglier, &c. au moyen de quoi, ce que le pinceau a tracé s’imprime sur le côté du papier qui touche au tableau. Il faut avoir attention à ne pas laisser sécher ce qui peut rester de couleur sur le tableau, & le frotter sur le champ avec de la mie de pain : on dit, voulant copier ce tableau fidelement, j’en ai pris un trait. Lorsqu’un tableau est nouvellement peint, & qu’on craint qu’il ne soit pas assez sec pour qu’on en puisse prendre ainsi le trait, on applique dessus une glace, sur laquelle on passe un blanc d’œuf battu, & lorsqu’il est bien sec, on trace sur la glace, avec un crayon de sanguine, tous les contours des objets qui s’apperçoivent facilement au-travers de la glace, puis on applique assez fortement sur cette glace, un papier bien humecté d’eau ; on le releve promptement, crainte qu’il ne s’attache au blanc d’œuf, &

tous les traits de crayon s’y trouvant imprimés, on a le trait du tableau : on prend quelquefois de ces traits, seulement par curiosité, & pour avoir des monumens fideles des belles choses, qu’on regarde comme des études, & quelquefois on en fait usage en les copiant ; alors on pique les contours de près à près, avec une aiguille emmanchée dans un petit morceau de bois rond, de la grosseur d’un tuyau de grosse plume, qu’on appelle fiche, après quoi on l’applique sur la toile ou autre fond sur lequel on veut faire la copie ; & avec un petit sachet rempli de chaux éteintes, de charbons, ou autre matiere pulvérisée qui se distingue de la couleur du fond, on passe sur tous les traits, & la matiere pulvérisée qui en sort, passant par les trous d’aiguille, imprime le dessein sur le fond où on l’a appliquée. C’est ce qu’on appelle poncer, & ce trait ainsi piqué, s’appelle alors poncé.

Trait, s. m. terme de Tireur d’or, ce qui est tiré & passé par une filiere. Il se dit de tous les métaux réduits en fil, comme l’or, l’argent, le cuivre, le fer, &c. (D. J.)

Trait, s. m. terme de Voiturier par eau, ce mot se dit de plusieurs bateaux vuides, attachés & accouplés ensemble qui remontent les rivieres, pour aller charger de nouvelles marchandises aux lieux d’où ils sont partis ; quelques-uns disent train de bateaux, mais improprement. (D. J.)

Trait, c’est la corde de crin qui est attachée à la botte du limier, qui sert à le tenir lorsque le veneur va aux bois.

Trait, on dit en Fauconnerie, voler comme un trait.

Trait, s. m. terme de rubrique, espece de verset que chantent les choristes après l’épître en plusieurs fêtes de l’année, & notamment le Samedi-saint. Ce trait est différent des répons en ce qu’il se chante tout seul, & que personne n’y répond. C’est au reste un chant lent & lugubre, qui représente les larmes des fideles & les soupirs qu’ils poussent en signe de pénitence ; & il est ainsi nommé quia tractim canitur. Du Cange. (D. J.)

Trait, en termes de Blason, signifie une ligne qui partage l’écu. Elle prend depuis le haut jusqu’au bas, & sert à faire différens quartiers. Ecu parti d’un, & coupé de deux traits.

Trait, s. m. terme de jeu d’échecs, c’est l’avantage qu’on donne à une partie de jouer le premier un pion, & de l’avancer d’une ou de deux cases à sa volonté. (D. J.)

TRAITANT, (Finances.) on appelle traitans des gens d’affaires qui se chargent du recouvrement des impôts, qui traitent avec le souverain de toutes sortes de taxes, revenus, projets de finances, &c. moyennant des avances en deniers qu’ils fournissent sur le champ. Ils reçoivent dix à quinze pour cent de leurs avances, & ensuite gagnent un quart, un tiers sur leurs traités. Ces hommes avides & en petit nombre ne sont distingués du peuple que par leurs richesses. C’est chez eux que la France vit pour la premiere fois en argent ces sortes d’ustensiles domestiques, que les princes du sang royal n’avoient qu’en fer, en cuivre & en étain ; spectacle insultant à la nation. Les richesses qu’ils possedent, dit l’édit de 1716, sont les dépouilles de nos provinces, la subsistance de nos peuples & le patrimoine de l’état.

Je répete ces choses d’après plusieurs citoyens sans aucune passion, sans aucun intérêt particulier, & sur-tout sans l’esprit d’humeur & de satyre, qui fait perdre à la vérité même le crédit qu’elle mérite.

M. Colbert, dit l’auteur françois de l’histoire générale, craignoit tellement de livrer l’état aux traitans, que quelque tems après la dissolution de la chambre de justice qu’il avoit fait ériger contre eux, il fit rendre un arrêt du conseil, qui établissoit la peine de