Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/528

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Hist. d’Angl.) c’est le nom des milices du royaume d’Angleterre, & qu’on leur donne à cause des marches qu’on leur fait faire en les envoyant d’un lieu à un autre selon le besoin. La milice d’Angleterre monte à plus de vingt-mille hommes, infanterie & cavalerie ; mais elle peut être augmentée, suivant la volonté du roi. Il établit pour commander cette milice, des lords-lieutenans de chaque province, avec pouvoir d’armer & de former ses troupes en compagnies & régimens, les conduire où besoin est, en cas de rébellion & d’invasion : donner des commissions aux colonels & aux autres officiers ; mais personne ne peut obtenir d’emploi dans la cavalerie, à moins d’avoir cinq cens liv. sterlings de revenu, & dans l’infanterie, s’il ne possede cinquante livres sterling de rente. (D. J.)

TRAINE, s. f. (Marine.) menue corde où les soldats du vaisseau attachent leur linge pour le laisser traîner à la mer, afin qu’il s’y lave. On dit à la traîne, lorsqu’on destine quelque chose à traîner dans la mer, en l’attachant à une corde.

Traine, s. f. (terme de Péche.) c’est la même chose que le coleret ou la dreige ; & la dreige est un filet dont on se sert pour la pêche de mer. Ce filet est triple, c’est-à-dire, qu’il est composé de trois filets appliqués l’un sur l’autre, ce qui lui fait donner le nom de tramail ou filet tramaillé ; celui du milieu que l’on nomme nape-dreige ou flue, filure ou feuillure, est le plus étroit ; ses mailles doivent être de 21 lignes en quarré ; mais l’ordonnance permet de faire cette pêche avec des nappes dont les mailles n’ont que treize lignes, seulement pendant le tems du carême.

Les hamaux ou tramaux, filets à larges mailles qui sont des deux côtés de la nappe, doivent avoir neuf pouces en quarré, & le bas du filet ne doit être chargé que 1 livre de plomb au plus par brasse, afin que le filet n’entre que peu avant dans le sable.

La nape est mise entre les tramaux fort libre & flottante, afin que dans la manœuvre de la pêche les petites mailles puissent plus aisément former des sacs ou bourses dans les grandes mailles des tramaux, & ainsi retenir tout le poisson qui s’est trouvé sur le passage de la dreige.

Le haut du filet est garni de flottes de liege, afin qu’il tienne droit dans l’eau, sans cependant quitter le fond de la mer où il s’applique au moyen des lames de plomb dont la corde du pié est garnie.

Pour faire cette pêche qui est la plus ingénieuse de toutes celles qui se pratiquent à la mer, les pêcheurs étant arrivés sur des fonds de sable ou de graviers, amenent toutes leurs voiles & leurs mâts ; ils jettent leur dreige à la mer ; les deux bouts de la dreige sont frappés sur deux petits cablots ou orins que les Picards nomment hallins, dont l’un est amarré par les travers du bateau, & l’autre à la vergue du borset ; & pour mieux faire couler la dreige sur le fond de sable ou de gravier seuls convenables, ils amarrent encore à chaque bout de la dreige une grosse pierre qu’ils nomment cabliere, afin de la mieux faire couler bas.

Le borset est une grande voile D que les pêcheurs appareillent sur une vergue qu’ils jettent à l’eau ; la marée qui s’y entonne, gonfle le borset, comme s’il étoit appareillé au vent. Pour le faire mieux couler bas, les pêcheurs amarrent aux couets une cabliere ; la vergue est soutenue à fleur d’eau par un gros barril de bouée ; la marée faisant dériver le borset D d’une part, & le bateau E d’autre part en même tems, ils entrainent la dreige ABC qui racle le fond & enleve si exactement tout ce qu’elle trouve en son chemin, que les pêcheurs rapportent même du fond de la mer leur pipe, quand elle est tombée dans un lieu où la dreige doit passer.

Quand le bateau E ne dérive pas de sa part autant

que le borset, les pêcheurs mettent à l’avant leur grande voile à l’eau ; elle y est appareillée comme lorsqu’elle est au vent sur son mât, & par ce moyen ils rétablissent l’égalité de vitesse.

On peut concevoir à présent le tort que fait la dreige sur les fonds où elle passe, lorsqu’elle se fait pendant l’été près de terre où tout le fray du poisson est pour lors. Cette perte est inconcevable. Voyez la représentation de cette pêche dans la fig. 4, Pl. VI. de pêche.

La pêche des huitres se fait avec de petits bateaux du port depuis quatre jusqu’à huit tonneaux, & de sept ou huit hommes d’équipage. On fait cette pêche à la voile & à deux dreiges pour chaque bateau, pour pêcher à bas bord & à tribord ; ils reviennent tous les soirs à terre, & débarquent les huitres de leur pêche qu’ils mettent en parcs sur la greve où les femmes qui font ordinairement ce travail, les rangent en gros sillons pour les faire dégorger. Elles n’y restent que peu de marées sans se nettoyer des ordures dont elles sont couvertes en sortant de dessus la roche, après quoi elles deviennent marchandes & aussi nettes qu’on les voit à Paris.

Le tems de cette pêche que l’on faisoit autrefois durant toute l’année, a été borné d’office par les officiers d’amirauté du premier Septembre au dernier Avril, avec défense de la faire pendant le mois de Mai jusque & compris le mois d’Août. Cette police étoit d’autant plus nécessaire que les huitres frayent durant les chaleurs, & qu’ainsi on empêcheroit la multiplication d’un coquillage qui est la vraie manne des riverains ; joint aussi que les huitres durant cette saison sont de très-mauvaise qualité, & ne peuvent faire une bonne nourriture.

Les dreiges dont les pêcheurs d’huitres se servent, sont une espece de chausse tenue droite par un chassis de fer dont les côtés qui raclent le fond de la mer, sont faits en couteaux qui grattent & enlevent tout ce qui se rencontre sur leur passage ; les huitres détachées du fond entrent dans la chausse de la dreige que les pêcheurs hallent à bord pour les retirer. Voyez les Planches de pêche & les articles Chausse, Drague, Huitre, &c.

La dreige des pêcheurs du port des barques n’est pas le même filet que l’on appelle tramail de dreige dans l’ordonnance de 1680, & celui dont on se servit sous ce nom le long des côtes de la Manche avant la déclaration du roi du 23 Avril 1726. C’est la grande chausse ou cauche, mais bien moins nuisible que celle des pêcheurs de Cancale ; cette pêche ne differe en rien de celle que les pêcheurs de Nantes nomment chalut, ni de celle qui se pratique le long des côtes de la Méditerranée sous le nom de pêche de la tartane & du grand gauguy. Quant au sac ou à la chausse qui est faite en forme d’un quarré long émoussé ayant ordinairement huit brasses de gueule ou d’ouverture, autant de profondeur, & cinq à six brasses de large ; dans le fond, les mailles du sac sont de trois différentes sortes de grandeurs ; les plus larges sont à l’entrée, les médiocres au milieu, & les plus étroites dans le fond ; l’ouverture ou l’entrée du sac est garnie par-bas d’un cordage d’environ deux pouces de grosseur sur lequel le bas du sac est amarré, & qui est garni de deux ou trois plommées par brasse de la pesanteur d’environ demi-livre chaque ; le haut du sac est garni d’une double ligne d’un quart de pouce au plus de grosseur avec des flottes de liege rondes & enfilées.

Les deux coins du sac sont garnis d’un petit échallon de bois dans lequel sont passés & amarrés la corde de la tente & le cablot du pié qui forment l’ouverture du sac ; on passe entre ces deux cordages une pierre qui est arrêtée entre l’échallon & les cordages. On amarre ensuite sur les échallons une gran-