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TÉLESPHORE, s. m. (Littérat. & Mytholog.) c’étoit un dieu que les Grecs invoquoient pour la santé, ainsi qu’Esculape & la déesse Hygéia, qui répond à la déesse Salus des Romains. Les figures de ces trois divinités se trouvent ensemble sur un grand nombre de médailles ; sur d’autres, on voit Télesphore accompagner tantôt Esculape, tantôt Hygéia ; enfin il est représenté seul au revers de plusieurs autres médailles ; mais dans toutes, sa figure est la même : c’est celle d’un enfant vêtu d’une sorte de manteau sans manches, qui lui enveloppant les bras, descend au-dessous des genoux, & auquel tient une espece de capuchon qui lui couvre la tête.

Pausanias, dans la description qu’il fait des principaux monumens qu’il a vus près de Sycione, parle d’un temple d’Esculape où l’on adoroit la divinité Evamérion, qu’il croyoit être la même que l’Acésius des Epidauriens, & le Télesphore adoré par ceux de Pergame.

M. le Clerc autorisé par la double signification du mot Télesphore, prend la figure de ce dieu qui est sur les médailles, pour celle d’un devin ; M. Spon pour l’emblème de la maladie ; & M. d’Egly pour celui du premier jour de la convalescence. Il ne me paroit pas qu’aucune de ces conjectures soit satisfaisante, parce qu’aucune ne donne la raison de ce qu’on cherche ici ; je veux dire 1°. d’un enfant représenté tantôt seul, tantôt joint à deux autres divinités ; 2°. de la robe singuliere dont cet enfant est vêtu ; & 3°. de l’espece de capuchon qui lui couvre la tête. Mais il est vraissemblable que le culte de Télesphore passa d’Epidaure à Rome avec celui d’Esculape.

On le supposa son fils, & il fut dieu de la convalescence. Le manteau, le capuchon, la petite taille sont les attributs de cette divinité. Les auteurs anciens en ont laissé plusieurs descriptions ; & le p. de Montfaucon a rassemblé bien des choses savantes sur cette divinité, à l’occasion du Télesphore de marbre blanc qui est au cabinet des antiques du roi. (D. J.)

TELETÆ, (Littér.) Τελεταὶ, nom qu’on donnoit chez les Grecs & les Romains aux rits solemnels qui se pratiquoient en l’honneur d’Isis. (D. J.)

TELGEN, (Géog. mod.) nom de deux villes de Suede, l’une dans la Sudermanie, & l’autre dans l’Uplande ; la premiere est sur la rive méridionale du lac Maler, au sud-ouest de Stockholm. On l’appelle par distinction Soder-Telgen. Long. 35. 58. latit. 59. 16. La seconde, Nord-Telgen, est sur le bord d’un petit lac, à quelque distance de la mer, & à l’orient d’Upsal. Long. 35. 40. latit. 60. 10. (D. J.)

TELICARDIUS LAPIS, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à une pierre qui avoit la forme d’un cœur ; il paroît que c’est celle que nous connoissons sous le nom de bucardite ou cœur de bœuf.

TELLA PASHNUM, (Hist. nat.) nom donné par les peuples des Indes orientales à une espece d’arsenic blanc qu’on trouve naturellement près des rivieres dans les pentes des montagnes entre des roches, en gros morceaux blancs, de forme irréguliere ; cette espece d’arsenic est bien connu dans le pays pour un terrible poison, & l’on ne s’en sert que pour détruire les bêtes nuisibles ; il jette au feu d’abondantes fumées qui sentent fortement l’ail & le soufre, & en même tems il ne se fond qu’avec peine. (D. J.)

TELLA SAGRUM, (Hist. nat.) nom donné par les naturels des Indes orientales à une sorte de bol qu’ils emploient intérieurement dans la toux, & extérieurement pour dessécher les ulceres ; ce bol est de la nature de nos plus fines terres absorbantes, & on le trouve au fond de quelques rivieres du pays. (D. J.)

TELLEGIE, s. f. (Hist. nat.) liqueur que les habitans de l’île de Ceylan tirent d’un arbre qu’ils nomment kétule, & qui ressemble beaucoup au cocotier.

Cette liqueur est très-douce, très-agréable & très saine ; elle n’a aucune force ; il y a des arbres qui en fournissent jusqu’à douze pintes par jour ; on la fait bouillir jusqu’à une certaine consistance, & alors elle fournit une espece de sucre ou de cassonade que les Chingulais nomment jaggori.

TELLENA, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans le Latium. Strabon & Denys d’Halycarnasse écrivent Tellenæ, & ce dernier dit que c’étoit une ville célebre ; Pline, l. III. c. v. la nomme Tellene. (D. J.)

TELLENON le, ou Tollenon, Voyez Corbeau.

TELLIGT, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans le cercle de Westphalie, sur la riviere d’Embs, à une lieue de Munster, avec une riche abbaye. Long. 25. 15. latit. 52. 4. (D. J.)

TELLINE ou TÉNILLE, s. f. (Conchyliol.) en Normandie flion, & en latin tellina, coquille bivalve de la famille des moules ; elle en est distinguée par les caracteres suivans : sa consistence est plus légere & plus mince que celle des moules ; sa forme est plus alongée sans être pointue ; l’endroit où elle se ferme qui est la charniere, n’est pas exactement dans le milieu ; de plus les ténilles ont la plûpart à l’extrémité de la partie la plus courte, une espece de bec qui s’éleve tant soit peu ; enfin à la différence des moules, elles ont deux muscles qui les attachent à leurs coquilles.

Toutes les tellines peuvent se ranger commodément sous trois classes : 1°. les tellines oblongues & plates dont les côtés sont égaux ; 2°. les tellines oblongues dont les côtés sont inégaux ; 3°. les tellines applaties & tronquées.

Dans la premiere classe, on compte les especes suivantes : 1°. la telline violette ; 2°. la même telline avec quatre zones blanches ; 3°. la telline unie, barriolée de fascies blanches, & couleur de rose ; 4°. la telline chevelue de la Méditerranée ; 5°. la grande telline chevelue de l’Océan ; 6°. la telline du Canada ; 7°. celle des îles Açores ; 8°. la telline du grand banc de Terre-neuve ; 9°. la petite telline du Canada ; 10°. celle de Saint-Savinien : cette derniere se trouve souvent polie dans les cabinets des curieux, & alors elle est d’un beau couleur de rose & argent.

Dans la classe des tellines oblongues dont les côtés sont inégaux, on connoit les especes suivantes : 1°. la telline rougeâtre avec un bec ; elle est nommée volselle ou la pince des Chirurgiens ; 2°. la volselle couleur de citron ; 3°. la telline en forme de couteau ; 4°. celle qui est à long bec ; 5°. la telline rude appellée la langue de chat ; 6°. la telline fasciée & rayée de couleur de rose ; 7°. la telline barriolée de violet & de blanc ; 8°. la telline orangée avec un pli sur un des côtés, & des dents dans sa bordure ; 9°. la feuille d’arbre de rumphius ; 10°. la telline blanche & chagrinée ; 11°. celle qui est rougeâtre avec des stries transversales.

Enfin dans la classe des tellines applaties & tronquées on distingue la telline violette au sommet strié ; 2°. la telline citrine avec des stries semblables ; 3°. la rougeâtre qui passe pour une des belles tellines.

Il nous reste à parler du poisson logé dans la telline. Deux petits tuyaux sortent d’une de ses extrémités, & une jambe peu longue du milieu de ses deux valves ; quand il fait son chemin dans le sable, il se couche sur le plat de sa coquille ; & avec sa jambe faite en lame il suit un mouvement comme le sourdon ; quand ces animaux veulent marcher & avancer, ils tournent leur coquille sur le tranchant, afin que le sable n’en touche qu’une très-petite partie ; souvent même cette jambe ou ce pié est plat, quelquefois plus épais, recourbé ou pointu comme un arc, ce qui facilite extrèmement leur marche. Ils l’exécutent avec beaucoup de célérité, & font même quelquefois