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née par les presbiteres ou consistoires composés de prêtres & d’anciens laïques. Voyez Presbytériens.

Après de longues disputes, les plus modérés de chaque parti relâcherent un peu de leur premiere fermeté, & formerent ainsi deux branches de Whigs & de Torys, modérés relativement à la religion : mais le plus grand nombre continua de s’en tenir à leurs premiers principes avec une opiniâtreté inconcevable, & ceux-ci formerent deux autres branches d’épiscopaux & de presbytériens rigides qui subsistent jusqu’à ce jour, & que l’on comprend sous le nom général de Whigs & de Torys, parce que les Episcopaux se sont joints aux Torys, & les Presbytériens aux Whigs.

De tout ce qui a été dit ci-dessus, nous pouvons conclure que les noms de Torys & de Whigs sont équivoques, entant qu’ils ont rapport à deux objets différens, & que par conséquent on ne doit jamais les appliquer à l’un ni à l’autre parti, sans exprimer en même tems en quel sens on le fait : car la même personne peut être whig & tory à différens égards ; un presbytérien, par exemple, qui souhaite la ruine de l’église anglicane, est certainement à cet égard du parti des Whigs ; & cependant s’il s’oppose aux entreprises que forment quelques-uns de son parti contre l’autorité royale, on ne sauroit nier qu’un tel presbytérien ne soit effectivement à cet égard du parti des Torys.

De même les Episcopaux doivent être regardés comme des Torys par rapport à l’église, & cependant combien y en a-t-il parmi eux qui sont des Whigs véritables par rapport au gouvernement ?

Au reste, il paroît que les motifs généraux qui ont fait naître & qui fomentent encore les deux factions, ne sont que des intérêts particuliers & personnels : ces intérêts sont le premier mobile de leurs actions ; car dès l’origine de ces factions, chacun ne s’est efforcé de remporter l’avantage, qu’autant que cet avantage pouvoit leur procurer des places, des honneurs & des avancemens, que le parti dominant ne manque jamais de prodiguer à ses membres, à l’exclusion de ceux du parti contraire. A l’égard des caracteres que l’on attribue communement aux uns & aux autres, les Torys, dit M. Rapin, paroissent fiers & hautains ; ils traitent les Whigs avec le dernier mépris & même avec dureté, quand ils ont l’avantage sur eux. Ils sont extrèmement vifs & emportés, & ils procedent avec une rapidité qui n’est pas toujours l’effet de l’ardeur & du transport, mais qui se trouve fondée quelquefois sur une bonne politique : ils sont fort sujets à changer de principes, suivant que leur parti triomphe ou succombe.

Si les Presbytériens rigides pouvoient dominer dans le parti des Whigs, ils ne seroient pas moins zélés & ardens que les Torys ; mais nous avons déja observé qu’ils n’ont pas la direction de leur parti, ce qui donne lieu à conclure que ceux qui sont à la tête des Whigs, ont beaucoup plus de modération que les chefs des Torys : à quoi l’on peut ajouter que les Whigs se conduisent ordinairement selon des principes fixes & invariables, qu’ils tendent à leurs fins par degrés, & qu’il n’y a pas moins de politique dans leur lenteur que dans la vivacité des Torys.

Ainsi, continue l’auteur, on peut dire à l’avantage des Whigs modérés, qu’en général ils soutiennent une bonne cause, savoir la constitution du gouvernement, comme il est établi par les lois. Voyez Whigs.

TOSA ou TOSSU, (Géog. mod.) une des six provinces de l’empire du Japon, dans la Nankaido, c’est-à-dire dans la contrée des côtes du sud. Cette province a deux journées de longueur de l’est à l’ouest, & est divisée en huit districts. Son pays produit abondamment des légumes, du bois, des fruits & autres

choses nécessaires aux besoins de la vie. (D. J.)

Tosa, la, (Géogr. mod.) riviere d’Italie : elle prend sa source au mont S. Gothard, coule dans le Milanez, & se jette dans le lac majeur, un peu au-dessus de Pallenza. (D. J.)

TOSCANE, terre bolaire de, (Hist. nat.) terra sigillata florentina, ou terra alba magni ducis ; c’est une terre bolaire blanche, assez dense, compacte & pesante, douce & savonneuse au toucher. Boccone a cru qu’elle contenoit des parties métalliques à cause de sa pesanteur, & parce que l’on trouve du fer & du mercure dans les montagnes d’où on la tire. On la trouve près de Sienne, près de Florence, & en plusieurs autres endroits de la Toscane.

Toscane, (Géogr. anc.) la Toscane, ou plutôt l’Hétrurie, se partageoit anciennement en douze cités, dont chacune gouvernée séparément avoit un chef électif, nommé roi par les Romains, mais que presque tous les anciens supposent avoir eu le titre de Lucumon. Ces douze cites formoient néanmoins un corps, & leurs députés s’assembloient pour tenir un conseil commun sur les intérêts généraux de la nation. Quelquefois leurs troupes se réunissoient : plus souvent elles étoient désunies, & c’est cette mésintelligence qui livra la Toscane aux Romains. Les anciens ont parlé de ces douze cantons de l’Hétrurie : mais aucun n’en a fait l’énumération, & les modernes qui l’ont entreprise ne sont pas d’accord entr’eux.

Il faut bien distinguer les Toscans de l’Hétrurie d’avec ceux de la Campanie, & d’avec ceux qui habitoient au-delà du Pô ; c’étoient trois corps différens, & qui ne dépendoient point l’un de l’autre. Presque tous les Critiques les ont néanmoins confondus ensemble : ils font plus, ils confondent les Toscans de l’Hétrurie d’avec les Pélasges ; & cela, parce que plusieurs cités pélasgiques étoient enclavées dans l’Hétrurie, où, malgré leur mélange avec les Toscans, elles avoient conservé, sans beaucoup d’altération, les mœurs & la religion des anciens habitans de la Grece. Voyez Tyrrhènes, Rasenæ, Hetruria, &c. (D. J.)

Toscane, la, (Géog. mod.) état souverain d’Italie, avec titre de grand-duché : il est borné au nord par la Marche d’Ancône, la Romagne, le Bolognese, le Modenois & le Parmesan ; au sud, par la mer Méditerranée ; à l’orient, par le duché d’Urbin, le Pérugin, l’Orvietano, le patrimoine de S. Pierre & le duché de Castro ; à l’occident, par la mer & l’état de la république de Gènes.

On lui donne cent trente milles du nord au sud, & près de six-vingt milles de l’est à l’ouest ; elle comprend le Florentin, le Pisan & le Siennois ; mais pour que la Toscane moderne renfermât toute l’ancienne Hétrurie, elle devroit comprendre encore quelques autres domaines, qui sont entre les mains de divers princes particuliers.

On sait les diverses révolutions qu’elle a essuyées. La Toscane, ou plutôt l’Hétrurie, passa de la domination de ses Lucumons à celle des Gaulois-Sénonois qui furent soumis aux Romains. Après la décadence de l’empire romain, cette grande province devint la proie des barbares qui inonderent l’Italie ; ensuite elle fit partie des états des empereurs d’Occident ; après plusieurs changemens, elle tomba entre les mains des Médicis, & fut érigée en duché par l’empereur Charles-Quint en faveur d’Alexandre de Médicis ; le dernier duc de ce nom, Jean-Gaston de Médicis, étant mort sans enfans en 1737, la Toscane a passé au duc de Lorraine, aujourd’hui empereur.

Quand on commença en Italie vers le commencement du xiv. siecle à sortir de cette grossiereté, dont la rouille avoit couvert l’Europe depuis la chûte de l’empire romain, on fut redevable des beaux-arts