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mais j’ai perdu mes peines, je n’ai rien trouvé d’exact & de satisfaisant dans aucun de ces écrivains ; d’où je conclus qu’il faut s’en tenir aux lumieres que nous en ont donné les physiciens que j’ai cités dans ce mémoire. (Le chevalier de Jaucourt.)

TORQUE, s. f. (terme de Blason.) se dit d’un bourrelet de figure ronde, tant dans sa circonférence, que dans son tortil, étant composé d’étoffe tortillée, comme le bandeau dont on charge la tête de more qui se pose sur les écus. La torque est toujours de deux principaux émaux, qui sont le gros des armoiries, aussi-bien que les lambrequins ; mais c’est le moins noble des enrichissemens qui se posent sur le heaume pour cimier. (D. J.)

TORQUEMADA, ou TORREQUEMADA, (Géogr. mod.) c’est-à-dire tour brûlée, en latin, turris cremata ; petite ville, ou bourg d’Espagne, au royaume de Léon, sur le bord de la Pizuerga, à trois lieues à l’orient de Palencia ; ce bourg est entouré de murs, & ses environs sont très-fertiles. (D. J.)

TORQUETTE, s. f. (Comm.) une certaine quantité de poissons entortillés dans de la paille. Il se dit aussi d’un panier de volaille.

TORQUETUM, s. m. (Astronomie.) ancien instrument d’astronomie, qui représentoit le mouvement de l’équateur sur l’horison. On s’en servoit pour observer le lieu véritable du soleil & de la lune, & de chaque étoile, tant en longitude qu’en latitude ; la hauteur du soleil & des astres au-dessus de l’horison, l’angle que l’écliptique faisoit avec l’horison, &c. On trouvoit aussi avec cet instrument la longueur du jour & de la nuit, & le tems qu’une étoile s’arrête sur l’horison. Tous ces problemes se résolvent aujourd’hui fort aisément par l’usage de la sphere armillaire & du globe céleste. Regiomontan a donné la description & l’usage de cet instrument dans ses scripta Regiomontani, publiés in 4°. en 1544. Maurolycus en traite encore dans ses œuvres où il décrit les instrumens de mathématique, de même que Joh. Gallacius, dans son livre de mathematicis instrumentis. (D. J.)

TORQUEUR, s. m. (Manufact. de tabac.) celui qui torque ou file le tabac, l’habileté d’un torqueur consiste à faire sa corde bien égale, à manier son rouet de maniere qu’elle ne se casse point, & à la bien monter & mettre en rôle. (D. J.)

TORRE, la, (Géog. mod.) petite riviere d’Italie, dans le Frioul. Elle tire sa source des montagnes, passe près d’Udine, & tombe dans le Lizonzo. (D. J.)

Torre de Moncorvo, (Géogr. mod.) petite ville de Portugal, dans la province de Tra-los-montes, dans une vallée, sur la pente d’une montagne, aux confins du royaume de Léon, à une lieue au levant de la riviere Sabor. Sa campagne est fertile en blé, en vin, & en fruits. Long. 10. 35. latit. 41. (D. J.)

Torre d’Oliveto, (Géog. mod.) petite ville du royaume de Sicile, dans le val Demona, au pié du mont Æthna, vers le midi occidental. (D. J.)

TORRÉFACTION, s. f. (Docimastiq.) La torréfaction, ustulatio, en allemand rosten, consiste à séparer à l’aide du feu & de l’air, les matieres volatiles des fixes, pour avoir celles-ci seulement. C’est ainsi que l’on dissipe le soufre & l’arsenic de la plûpart des mines.

Le succès de la torréfaction est assez difficile à obtenir, quand le corps que l’on y soumet entre en fonte presque au même degré de chaleur qui est nécessaire pour dissiper sa partie volatile. Ces sortes de circonstances obligent donc 1°. de triturer grossierement le corps qu’on veut rotir, afin d’augmenter ses surfaces & d’occasionner une action plus multipliée de la part de l’air. 2°. de modérer le feu, crainte que

la fusion n’ait lieu. 3°. de donner un libre accès à l’air, comme étant le véhicule des vapeurs. 4°. de répéter la trituration, au cas que le corps soumis au rotissage vienne à se grumeler. 5°. de l’étendre en une couche mince. Les corps réfractaires sont bien plus aisés à torréfier : on peut leur donner tout d’abord un grand feu, & l’on n’est pas tenu de les broyer si souvent, & de recommencer le grillage. Lorsque l’on a à torréfier un corps qui se fond au degré de feu qui dissipe sa partie volatile, on abrege beaucoup l’opération, en lui mêlant un corps réfractaire ; mais il faut se garder d’en employer un qui soit contre-indiqué, par l’altération qui en pourroit naître. Quoi qu’il en soit, on doit avoir l’attention d’empêcher que les parties volatiles n’enlevent, en se dissipant, quelques portions des matieres fixes ; Cet inconvénient nait la plûpart du tems, de ce qu’on a donné un feu trop fort dès le commencement de l’opération : on le prévient à la faveur d’un fixant, auquel on a quelquefois recours.

Ce petit nombre de remarques générales suffisent ici ; le lecteur trouvera la matiere traitée à fond, au mot Grillage. (D. J.)

TORRELAGUNA, (Géog. mod.) bourg d’Espagne, dans la vieille Castille, célebre pour avoir donné la naissance en 1437. au cardinal François Ximenès, archevêque de Tolede, premier ministre d’Espagne, & l’un des plus grands politiques qui aient paru dans le monde.

La fortune le tira d’un état médiocre pour l’élever au faîte des grandeurs ; sa famille n’avoit aucune illustration, & son pere n’étoit qu’un collecteur des décimes accordées par le pape aux rois d’Espagne. Lorsque son fils eut achevé ses études, il résolut d’aller à Rome pour obtenir quelque emploi, & n’être pas à charge à ses parens. Ayant été volé deux fois en chemin, il fut obligé de s’arrêter à Aix en Provence, n’ayant pas de quoi continuer son voyage ; heureusement un de ses compagnons d’étude lui donna du secours, & fit la route avec lui ; cependant il ne rapporta de Rome qu’un bref du pape pour la premiere prébende qui vaqueroit dans son pays.

En vertu de ce bref, il se mit en possession du premier bénéfice qui vint à vaquer à son arrivée, & qui étoit tout-à-fait à sa bienséance ; mais l’archevêque de Tolede qui en avoit pourvu un de ses aumoniers, le refusa à Ximenès, & le fit mettre en prison. Sa fermeté, & l’intercession de la niéce de l’archevêque, engagerent ce prélat à l’élargir ; Ximenès promit en même tems de permuter ce bénéfice avec la chapellenie de l’église de Siguença.

Cette permutation fut le premier échelon de sa fortune, car l’évêque de Siguença ayant eu occasion de connoître Ximenès, le choisit pour son grand vicaire dans toute l’étendue de son diocèse. En 1492, la reine Isabelle le nomma pour son confesseur ; & quelque tems après l’archevêque de Tolède étant mort, elle le revêtit de cette éminente dignité, qu’il n’accepta qu’après une assez longue résistance, vraie ou feinte. Il stipula même pour conditions, qu’il ne quitteroit jamais l’église de Tolede, qu’on ne chargeroit d’aucune pension son archevêché (le plus riche du monde), & qu’on ne donneroit aucune atteinte aux privileges & aux immunités de son église. Il en prit possession en 1498, & fut reçu à Tolède avec une magnificence extraordinaire.

Il débuta par des actes de fermeté pour le rétablissement de la discipline, & pour reprimer les vexations des fermiers des deniers royaux. Il cassa les juges qui vendoient la justice, ou différoient de la rendre ; & donna de nouvelles lois pour terminer les procès dans le terme de vingt jours au plus tard ; il tint deux synodes, dans lesquels il statua diverses ordonnances, qu’on a depuis observées en Espagne,