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évêché misérable, & tout dépeuplé. Long. 30d 9′. lat. 45d 34′. (D. J.)

TORCHE, TISON, (Synon.) ces mots sont nobles en prose & en vers au figuré. Hélène fut la torche ou le tison funeste qui causa l’embrasement de Troie, fax teterrima belli, disoient les poëtes latins.

Je suis donc votre honte, & le fatal tison
Qui remplira de feux toute votre maison.

Desmarais. (D. J.)

Torche, s. f. (Cirerie.) bâton rond plus ou moins gros, long depuis sept piés jusqu’à douze, de bois léger & combustible, tel que celui d’aune & de tilleul, entouré par l’un des bouts de six meches, que les marchands ciriers nomment les bras ou lumignons de la torche, couvertes de cire ordinairement blanche, qui étant allumés, produisent une lumiere un peu lugubre. On se sert de torches dans quelques cérémonies de l’Eglise, particulierement aux processions du Saint-sacrement, & dans les enterremens des petites gens ; autrefois on en portoit dans les pompes funebres des personnes de quelque considération ; mais aujourd’hui on leur a substitué les flambeaux de poing : les torches se font à la main ; pour les fabriquer on commence par appliquer en longueur sur l’un des bouts du bois, à distances égales, les six meches, après qu’elles ont été légerement enduites d’une sorte de cire molle préparée avec un peu de térébenthine pour la rendre plus ténace ; ensuite ou couvre ces meches exactement avec de la cire blanche toute pure, que l’on a fait amollir dans l’eau chaude. Les meches de torches sont faites de fil d’étoupes de chanvre crud grossierement filé, que l’on nomme lumignon, & qui est le même dont on se sert pour la fabrique des flambeaux de poing. Savary. (D. J.)

Torches, (Antiq. greq. & rom.) le jour de la fête de Cérès, que célébroient les initiés à ses mysteres, s’appelloit par excellence le jour des torches ou des flambeaux, dies lampadum, en mémoire de ceux que la déesse alluma aux flammes du mont Etna, pour aller chercher Proserpine.

Phèdre decouvrant à sa nourrice l’amour dont elle brûle pour Hippolyte, lui dit que sa passion lui fait oublier les dieux ; qu’on ne la voit plus avec les dames athéniennes, agiter les torches sacrées autour des autels de la déesse.

Non colere donis templa votis libet,
Non inter aras attidum, mistam choris,
Jactare tacitis conscias sacris faces.

Les torches ou flambeaux que les anciens avoient consacrés à la religion, étoient les mêmes que ceux qu’ils employoient aux obseques & aux cérémonies nuptiales. Ils les comprenoient tous sous le nom générique de funalia, parce qu’ils étoient faits de corde, & en particulier ils les appelloient indifféremment tædæ & faces. Les Poëtes se sont souvent égarés dans les allusions que ce sujet leur fournissoit. Properce dans une de ses élégies, fait dire à deux époux qui avoient toujours vécu dans une parfaite union.

Viximus insignes inter utramque facem.


Et Martial exprime plaisamment, dans une épigramme, les différens usages du même flambeau.

Effert uxores Fabius, Chystilla maritos,
Funereamque tori quassat uterque facem.


« Les femmes de Fabius, dit-il, & les maris de Chrystille ne vivent guere, & on les voit à tout moment rallumer le même flambeau, tantôt pour des noces, tantôt pour des funérailles. » (D. J.)

Torche, (Epinglerie.) c’est du fil de laiton en torche, dont les épingliers doivent se servir à la fabri-

que de leurs épingles ; il leur est défendu par leurs

statuts d’y employer du fil-de-fer. (D. J.)

Torche, s. f. (Ferranderie.) les marchands de fer donnent ce nom aux paquets de fil-de-fer pliés en rond, en forme de cerceau ; ils disent aussi du fil de laiton.

Torche, s. f. (Commerce de poix.) nom que l’on donne à une sorte de résine qui se tire des pins, des meleses, & de quelques autres arbres résineux, dont on se sert pour faire de la poix. Richelet.

Torche, s. f. (Tonnelier.) rang de quatre ou cinq cerceaux sur un tonneau. Il y a sur une pipe six torches : on pose le tonneau en chantier sur les torches, il ne doit pas porter sur les douves.

Torches, s. f. pl. (Jardinage.) on nomme torches dans le commerce des oignons, des bâtons couverts de paille, longs de deux ou trois piés, autour desquels sont liés par la queue, divers rangs d’oignons. La torche est différente de la glane, & de la botte.

Torches, s. f. pl. (Maçonnerie.) ce sont des nattes, ou simplement des paquets & des bouchons de paille, que les bardeurs qui portent le bar, ou qui traînent le binard, mettent sur l’un & sur l’autre de ces instrumens, lorsqu’ils veulent porter ou traîner des pierres taillées, pour empêcher que leurs arrêtes ne s’écornent & ne se gâtent : on dit qu’un bar ou qu’un binard est armé de ses torches, lorsque ces nattes sont placées dessus.

Torche, en terme de Vannier, est un ou plusieurs tours simples que l’on fait immédiatement sous chacune des faines d’une hotte, ou de tout autre ouvrage.

Torche-nés, s. m. (Maréchallerie.) est un instrument long à-peu-près de dix pouces, qui avec une courroie, serre étroitement le nés d’un cheval ; ce bâton est arrêté au licou ou au filet, & cette gêne empêche le cheval de faire du désordre ou de se débattre, lorsqu’il est trop fougueux, & qu’on lui fait le poil ou qu’on le ferre.

Torche-pinceau, s. m. (Peinture.) c’est un petit linge qui sert aux peintres à essuyer leur palette & leurs pinceaux.

TORCHEPOT, PIC-CENDRÉ, s. m. (Hist. nat. Ornytholog.) sitta seu picus cinereus : oiseau un peu plus petit que le pinson, il pese au plus une once ; il a environ cinq pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité des doigts ; le bec est droit, triangulaire, noir en-dessus, & blanc en-dessous ; la langue n’excede pas la longueur du bec ; la tête, le cou & le dos, sont cendrés ; les côtés du corps sous les aîles, ont une couleur rougeâtre ; la gorge & la poitrine sont d’un châtain roussâtre ; le bas ventre a au-dessous de l’anus, quelques plumes rougeâtres, dont l’extrémité est blanche ; il y a une bande noire qui s’étend depuis le bec jusqu’au cou, en passant sur les yeux ; les grandes plumes des aîles sont au nombre de dix-huit, & ont toutes le tuyau noir ; l’extérieure est petite & très-courte ; celles qui se trouvent près du corps, ont une couleur cendrée, les autres sont brunes ; la queue a au-plus deux pouces de longueur, elle est composée de douze plumes ; les deux du milieu sont de couleur cendrée, les deux plumes de chaque côté de celles du milieu, ont seulement l’extrémité cendrée, & le reste est noir ; les deux qui suivent ont de plus les barbes intérieures de la pointe, blanche ; la plume extérieure a l’extrémité d’un noir cendré, & au-dessous de cette couleur une tache blanche transversale ; le reste de la plume est noir ; les ongles sont bruns, longs & crochus ; les doigts sont au nombre de quatre, trois en avant, & un en arriere, celui-ci a la même longueur que le doigt du milieu, & son ongle est le plus grand de tous. Le torchepot fait son nid