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verre objectif, c’est-à-dire sur son demi diametre, si cet objectif est convexe des deux côtés, ou sur son diametre, s’il est plan convexe. Ainsi l’on dit qu’un télescope est de 12 piés, quand le demi diametre du verre objectif, convexe des deux côtés, est de 12 piés, &c.

Comme les myopes voient mieux les objets de près, il faut rapprocher pour eux le verre oculaire du verre objectif, afin qu’en sortant de cet oculaire, les rayons soient encore divergens.

Maniere de raccourcir le télescope astronomique ; c’est-à-dire de faire un télescope qui étant plus court que les télescopes, grossira cependant autant les objets.

1°. Il faut ajouter dans un tuyau de lunette le verre objectif E G, fig. 43. qui soit un segment d’une sphere médiocre ; que le premier verre oculaire BD soit concave de deux côtés, & placé dans le tube de maniere que le foyer du verre objectif A se trouve derriere lui, mais plus près du centre de la concavité G ; alors l’image viendra se peindre au point Q, tel que GA sera à GI, comme AB est à QI ; enfin ajustez dans le même tube un autre verre oculaire convexe de deux côtés, & qui soit un segment d’un moindre sphere, de sorte que son foyer soit en Q.

Ce télescope grossira davantage le diametre de l’objet, que si le verre objectif devoit représenter son image à la même distance EQ, & par conséquent un pareil télescope plus court qu’un télescope ordinaire doit faire le même effet que ce dernier. Cependant cette construction n’a pas réussi dans la pratique. On en devinera facilement la raison par ce que nous avons dit un peu plus haut sur les objectifs.

Le télescope terrestre ou télescope de jour, que l’on doit au pere Rheita, est un télescope composé de plus de deux verres, dont l’un est ordinairement un verre objectif convexe, & les trois autres des verres oculaires convexes. C’est un télescope qui représente les objets dans leur situation naturelle, comme celui de Galilée, mais qui en differe cependant, comme on vient de le voir, par le nombre & la forme de ses verres. On lui a donné le nom de terrestre, parce qu’il sert à faire voir pendant le jour les objets qui sont sur l’horison, ou aux environs.

Pour faire un télescope terrestre, ajustez dans un tube un verre objectif, qui soit convexe de deux côtés, ou plan convexe, & qui soit un segment d’une grande sphere ; ajoutez-y trois verres oculaires, tous convexes des deux côtés, & segmens de spheres égales, & disposez-les de maniere que la distance de deux de ces verres soit la somme des distances de leurs foyers, c’est-à-dire que les foyers de deux verres voisins se répondent.

Théorie du télescope terrestre ; l’œil appliqué au foyer du dernier verre doit voir les objets d’une maniere très-distincte, droits & grossis, suivant la proportion de la distance du foyer d’un des verres oculaires L K, fig. 44. à la distance du foyer du verre objectif AB.

Car 1°. suivant ce que nous avons déja dit, les rayons venant à frapper pareillement l’objectif, l’image de l’objet doit être représentée renversée à la distance du foyer principal ; ainsi comme cette image est au foyer du premier verre oculaire, les rayons, après une seconde réfraction, deviennent paralleles, & venant à frapper le troisieme verre, après y avoir subi une troisieme réfraction, ils représentent l’image renversée de nouveau, c’est-à-dire une image droite de l’objet. Cette image se trouvant donc dans le foyer du troisieme verre oculaire, les rayons, après une quatrieme réfraction, deviennent paralleles, & l’œil les reçoit dans cette situation ; par conséquent la vision doit être distincte, & l’objet doit paroître dans sa situation naturelle.

2°. Si IQ est égal à IK, c’est-à-dire, à la distance

du foyer du verre objectif, un œil placé en M doit voir le demi-diametre de l’objet grossi dans la proportion de LM à KI ; mais le rayon AQ partant du foyer Q du verre objectif AB, après la réfraction, devient parallele à l’axe IL ; par conséquent le premier verre oculaire CD le joint à l’axe en M, qui est la distance d’un demi-diametre.

Et comme le foyer du second verre oculaire EF est aussi en M, le rayon FH, après la réfraction, devient parallele à l’axe NO ; de sorte que le troisieme verre oculaire le joint à l’axe en P ; mais les demi-diametres des verres GH & CD, sont supposés égaux ; par conséquent PO est égal à LM ; ainsi comme les angles droits en O & en L sont égaux, & que HO est égal à CL, l’angle OPH est égal à CML ; c’est pourquoi le demi-diametre de l’objet paroît le même en P & en M ; & par conséquent il est grossi dans la proportion de LM, ou de PO à KI.

D’où il suit 1°. qu’un télescope astronomique peut aisément être changé en télescope terrestre, en y mettant trois verres oculaires au-lieu d’un seul ; & le télescope terrestre en télescope astronomique, en supprimant deux verres oculaires, la faculté de grossir demeurant toujours la même.

2°. Comme la distance des verres oculaires est fort petite, l’addition de deux de ces verres n’augmente pas de beaucoup la longueur du télescope.

Cette construction fait connoître évidemment que la longueur du télescope terrestre se trouve en ajoutant cinq fois le demi-diametre des verres oculaires au diametre du verre objectif, si celui-ci est plan convexe, ou-bien à son demi-diametre s’il est convexe des deux côtés.

Huyghens a observé le premier que c’est une chose qui contribue beaucoup à la perfection des télescopes tant astronomiques que terrestes, que de placer dans l’endroit où se trouve l’image qui rayonne sur le dernier oculaire, ou celui qui est le plus près de l’œil, que de placer, dis-je, un petit anneau de bois ou de métal, ayant une ouverture un peu plus petite que la largeur du verre oculaire. Par ce moyen on empêche les couleurs étrangeres de troubler la clarté de l’objet, dont toute l’étendue renfermée dans ses propres bornes, vient frapper l’œil d’une maniere plus distincte & plus précise qu’elle ne pourroit faire sans cet anneau.

On fait quelquefois des télescopes terrestres à trois verres, dont Képler donna aussi la premiere idée. Ces télescopes représentent également les objets droits & grossis ; mais ils sont sujets à de grands inconvéniens ; car les objets y paroissent teints, barbouillés de fausses couleurs & défigurés vers les bords. On en fait encore à cinq verres, & jusqu’ici il avoit paru qu’ils ne pouvoient représenter les objets que d’une maniere assez foible & assez confuse à cause des rayons qui doivent être interceptés en passant par chacun de ces verres. Cependant M. Dolland, célebre opticien anglois, a fait voir dernierement par plusieurs excellentes lunettes à six verres, que l’interception de ces rayons n’étoit point autant qu’on l’imaginoit, un obstacle à la perfection des télescopes. Enfin, on fait depuis quelques années, en Angleterre, des lunettes d’approche de nuit, qui servent principalement sur mer pour suivre un vaisseau, reconnoître une côte, l’entrée d’un port, &c. Ces lunettes, dont la premiere idée nous paroît due au docteur Hook, sont composées d’un objectif d’un grand diametre, afin qu’il puisse recevoir beaucoup de rayons, & de deux ou de quatre oculaires. Ces oculaires servent principalement à diminuer la longueur de ces lunettes, dans lesquelles on voit les objets renversés. Cet inconvénient est moindre qu’on ne le croiroit d’abord, parce que pour l’usage auquel on les destine, il suffit qu’elles puissent faire recon-