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du bosphore de l’Amazone. Le comte de Pagan donne à cette île 60 lieues d’étendue, & vante beaucoup la fertilité de ses terres, ainsi que la beauté de ses rivages. (D. J.)

TOPINAMBOUR, s. m. (Hist. nat. Botan.) les topinambours sont des tubercules de la plante que plusieurs botanistes appellent helianthemum tuberosum esculentum, & que Tournefort nomme corona solis, parvo flore, tuberosâ radice, I. R. H. 489. en anglois pottatoa.

Il s’éleve d’une même racine de cette plante une ou plusieurs tiges cylindriques, cannelées, rudes, couvertes de poil, haute de douze piés & plus, remplies d’une moëlle blanche & fongueuse. Ses feuilles sont nombreuses, placées sans ordre depuis le bas jusqu’au haut, d’un verd-pâle, rudes, pointues, presque semblables à celles du souci ordinaire, cependant moins ridées, moins larges, & diminuant peu-à-peu de grandeur, en approchant de l’extrémité des rameaux.

Ses tiges portent des fleurs radiées de la grandeur de celles du souci ordinaire ; leur disque est rempli de plusieurs fleurons, jaunes, fort serrés ; & leur couronne est composée de douze ou treize demi-fleurons rayés, pointus, de couleur d’or, portés sur des embryons, & renfermés dans un calice écailleux & velu ; ces embryons se changent en des petites graines.

Chaque tige jette diverses petites racines, rampantes, garnies de fibres capillaires, qui s’étendent au long & au large, entre lesquelles croissent à la distance d’un pié de cette racine-mere plusieurs tubercules, ou excroissances compactes qui soulevent la terre ; une seule de ces racines produit 30, 40, 50, & quelquefois un plus grand nombre de ces tubercules ; ils sont roussâtres en-dehors, fongueux & blanchâtres en-dedans, d’une saveur douce, bosselés en divers endroits, quelquefois de la grosseur du poing, & comme relevés en un petit bec du côté qu’ils doivent germer. Quand les tiges sont séchées, ces tubercules restent dans la terre pendant tout l’hiver, & poussent au printems suivant. On cultive cette plante dans les jardins & dans les campagnes, & l’art de la culture consiste dans le labour, & point à fumer les terres où on l’a plantée, comme M. Tull l’a fait voir par ses propres expériences.

On mange ces tubercules appellées topinambours, cruds ou cuits ; quand ils sont cuits, ils ont le goût de cul d’artichaud ; on les assaisonne de différentes manieres. (D. J.)

TOPINO, le, (Géog. mod.) riviere d’Italie au duché de Spolete, en latin Tinia ou Teneas. Elle a sa source dans l’Apennin, passe à Fuligno, & après avoir grossi ses eaux de celles de diverses rivieres qu’elle reçoit, elle va se jetter dans le Tibre, entre Pontenuovo & Torciano. (D. J.)

TOPIQUE, adj. terme de Rhétorique ; c’est un argument probable qui se tire de plusieurs lieux & circonstances d’un fait, &c. Voyez Lieu, &c.

Topique se dit aussi de l’art ou de la maniere d’inventer & de tourner toutes sortes d’argumentations probables. Voyez Invention.

Ce mot est formé du grec topicos, de τόπος, lieu, comme ayant pour objet les lieux communs qu’Aristote appelle les sieges des argumens.

Aristote a traité des topiques, & Cicéron les a commentés pour les envoyer à son ami Trebatius, qui apparemment ne les entendoit point.

Mais les critiques observent que les topiques de Cicéron quadrent si mal avec les huit livres des topiques qui passent sous le nom d’Aristote, qu’il s’ensuit nécessairement, ou que Cicéron ne s’est point entendu lui-même, ce qui n’est guere probable, ou que les livres des topiques attribués à Aristote, ne sont point tous de ce dernier.

Cicéron définit le topique, l’art d’inventer des argumens : Disciplina inveniendorum argumentorum.

La Rhétorique se divise aussi quelquefois en deux parties, qui sont le jugement, appellé dialectique, & l’invention, appellée topique. Voyez Rhétorique.

Voici ce qu’en dit pour & contre le pere Lami de l’oratoire, dans sa rhétorique, liv. V. ch. v. pag. 3. & suivantes.

« On ne peut douter que les avis que donne cette méthode, n’aient quelqu’utilité. Ils font prendre garde à plusieurs choses, dont on peut tourner un sujet de tous côtés, & l’envisager par toutes ses faces. Ainsi, ceux qui entendent bien la topique, peuvent trouver beaucoup de matiere pour grossir leur discours. Il n’y a donc rien de stérile pour eux : ils peuvent parler sur ce qui se présente, autant de tems qu’ils le voudront.

» Ceux qui méprisent la topique, ne contestent point sa fécondité. Ils demeurent d’accord qu’elle fournit une infinité de choses : mais ils soutiennent que cette fécondité est mauvaise, que ces choses sont triviales, & par conséquent que la topique ne fournit que ce qu’il ne faudroit pas dire. Si un orateur, disent-ils, connoît à fond le sujet qu’il traite… il ne sera pas nécessaire qu’il consulte la topique, qu’il aille de porte en porte frapper à chacun des lieux communs, où il ne pourroit trouver les connoissances nécessaires pour décider la question dont il s’agit. Si un orateur ignore le fond de la matiere qu’il traite, il ne peut atteindre que la surface des choses, il ne touchera point le nœud de l’affaire ; ensorte qu’après avoir parlé long-tems son adversaire aura sujet de lui dire ce que S. Augustin disoit à celui contre qui il écrivoit : laissez ces lieux communs qui ne disent rien, dites quelque chose, opposez des raisons à mes raisons, & venant au point de la difficulté établissez votre cause, & tâchez de renverser les fondemens sur lesquels je m’appuie. Separatis locorum communium magis, res cum re, ratio cum ratione, causa cum causâ confligat.

» Si l’on veut dire en faveur des lieux communs, qu’à la vérité ils n’enseignent pas tout ce qu’il faut dire, mais qu’ils aident à trouver une infinité de raisons qui se fortifient les unes les autres ; ceux qui prétendent qu’ils sont inutiles, répondent, que pour persuader il n’est besoin que d’une seule preuve qui soit forte & solide, & que l’éloquence consiste à étendre cette preuve, & à la mettre dans son jour, afin qu’elle soit apperçue. Car les preuves qui sont communes aux accusés & à ceux qui accusent, dont on peut se servir pour détruire & pour établir, sont foibles. Or celles qui se tirent des lieux communs sont de cette nature ».

D’où il conclut que la topique approche fort de cet art de Raymond Lulle, dont l’auteur de la logique de Port-Royal a dit, que c’étoit un art qui apprend à discourir sans jugement des choses qu’on ne sait point. Or il est bien préférable, dit Cicéron, d’être sage & ne pouvoir parler, que d’être parleur & être impertinent. Mallem indisertam sapientiam quam stultitiam loquacem.

La topique est reléguée dans les écoles, & les grands orateurs ne suivent pas cette route pour arriver à la belle éloquence.

Topique, (Médecine.) on appelle topiques, les remedes qu’on applique extérieurement sur diverses parties du corps pour la guérison des maladies ; ce mot vient de τόπος, lieu.

Les Médecins ont établi pour maxime, que les remedes peuvent devenir utiles ou pernicieux, suivant l’usage & l’application qu’on en fait ; & cette maxime est non-seulement vraie par rapport aux remedes