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morceau de fer tombé avec la pluie en Savoie. Cardan rapporte qu’un jour il tomba du ciel 1200 pierres, dont quelques-unes pesoient 30, d’autres 40, & une 120 livres, toutes fort dures & de couleur de fer.

Ce fait, ajoute-t-il, est si bien constaté, que le docteur Lister, dans les Transactions philosophiques, a fondé là-dessus un système entier sur la cause des éclairs & des tonnerres, soutenant que l’un & l’autre doivent leur matiere à l’exhalaison des pyrites. Quoi qu’il en soit de ces faits que bien des gens auront grande peine à croire & avec raison, il est possible qu’il y ait dans l’air des particules hétérogenes de la nature de celles du fer. Voyez Pyrites. Chambers.

Ce roulement que fait le bruit du tonnerre ne peut venir que du son qui se forme entre les différens nuages qui sont suspendus les uns sur les autres, & de l’agitation de l’air qui passe entr’eux. Les nuages & les objets qui se trouvent sur la surface de la terre renvoyent le son, & le multiplient à-peu-près comme autant d’échos. De-là vient que le tonnerre retentit d’une maniere affreuse dans les vallées, parce que les montagnes réfléchissent le son de toutes parts. Car le tonnerre par lui-même ne doit presque jamais produire qu’un seul coup, à-peu-près comme un boulet de canon qu’on tire, cependant lorsque la flamme allume en même tems trois ou quatre traînées, elle peut former de cette maniere des pelotons qui s’enflamment l’un après l’autre, & produire par ce moyen des coups redoublés.

On a observé que lorsqu’il fait du tonnerre & des éclairs, certains fluides cessent alors de fermenter, comme le vin & la biere, tandis que d’autres qui ne fermentoient pas auparavant, commencent alors à fermenter par le grand mouvement qui est excité dans l’air, & qui se répand de toutes parts. Apparemment le mouvement que produit la foudre se trouve contraire au mouvement qui étoit déja dans les parties des liqueurs qui fermentoient, & au contraire produit de l’agitation dans les parties des fluides qui auparavant étoient en repos. Il y a bien des choses qui se corrompent aussi-tôt qu’il a tonné, c’est ce qu’on remarque principalement dans le lait, à-moins qu’il ne soit dans une cave bien fermée & très-profonde. On peut rompre & détourner le tonnerre par le son de plusieurs grosses cloches, ou en tirant le canon ; par-là on excite dans l’air une grande agitation qui disperse les parties de la foudre ; mais il faut bien se garder de sonner lorsque le nuage est précisément au-dessus de la tête, car alors le nuage en se fendant peut laisser tomber la foudre. En 1718, le tonnerre tomba dans la basse Bretagne sur vingt-quatre églises, dans l’espace de côte qui s’étend depuis Landerneau jusqu’à S. Paul-de-Léon, & précisément sur des églises où l’on sonnoit pour l’écarter. Des églises voisines où l’on ne sonnoit point furent épargnées. Mussch. Essai de Physique.

Tonnerre artificiel, (Théatre des Romains.) on appelloit les tonnerres artificiels qu’on faisoit entendre sur le théatre de Rome, Claudiana tonitrua, dit Festus, parce que Claudius Pulcher imagina d’imiter le fracas du tonnerre, en faisant rouler beaucoup de pierres arrondies sur un assemblage de planches mises en talus ; au-lieu qu’auparavant on n’imitoit qu’imparfaitement & foiblement ce bruit avec des clous & des pierrettes, qu’on agitoit fortement dans un bassin d’airain. (D. J.)

Tonnerre, s. m. terme d’Armurerie, c’est l’endroit du fusil, mousquet ou pistolet, où l’on met la charge. Les armes qui ne sont point assez renforcées par le tonnerre, sont sujettes à crever. (D. J.)

Tonnerre, (Géog. mod.) en latin moderne Tornodurum ; petite ville de France, dans la Champagne, chef-lieu d’un comté sur la riviere d’Armanson,

à 9 lieues d’Auxerre, & à 40 de Paris. Il y a élection & grenier à sel, une collégiale, & quelques couvens. Les vins de son territoire sont en réputation. Long. 21. 37. latit. 47. 50. (D. J.)

TONNINGEN, (Géog. mod.) ville de Danemarck, au duché de Sleswig, dans une péninsule formée par la riviere d’Eyder, à six lieues au sud-ouest de Sleswig, & à quatre de la mer. Le roi de Danemarck la prit en 1707 sur le duc de Gottorp, & en fit raser les fortifications. Elle a un port où les vaisseaux de l’Océan peuvent entrer aisément, ce qui lui procure du commerce. Long. 26. 44. latit. 54. 28. (D. J.)

TONNITE, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à une coquille de mer univalve, pétrifiée, que l’on appelle tonne. On nomme aussi cette pétrification globosite, à cause qu’elle est renflée par le milieu & arrondie.

TONO-SAMA, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne au Japon aux gouverneurs des villes impériales ; chaque ville a deux gouverneurs qui commandent alternativement pendant une année ; celui qui est en exercice ne peut sortir de son gouvernement, l’autre est obligé de résider auprès de l’empereur. Lorsque quelqu’un est nommé à un gouvernement, il part pour s’y rendre, mais il laisse sa femme & ses enfans à la cour pour répondre de sa fidélité : pendant qu’il est en place, il lui est défendu sous peine de mort, de recevoir aucune femme dans son palais ; la punition la plus douce dans ce cas seroit un bannissement perpétuel, & la ruine de toute sa famille. La cour des tono-samas est très-brillante, & composé d’un grand nombre d’officiers, que l’on nomme jorikis, qui doivent être nobles, & qui sont nommés par l’empereur lui-même ; les gouverneurs exercent un pouvoir presqu’absolu dans leur gouvernement ; mais l’empereur tient dans chaque ville un agent qui éclaire la conduite des gouverneurs ; on l’appelle dai-quen : il est lui-même observé par des espions qui lui sont inconnus. Les tono-samas ont sous eux des officiers ou magistrats municipaux, qui les soulagent des détails de l’administration ; on les nomme te-sii-jori.

TONOU, s. m. (Hist. nat.) c’est un lézard du Brésil, qui a quatre ou cinq piés de longueur, & qui est d’une grosseur proportionnée ; sa couleur est grise & sa peau fort lisse ; sa chair est un très-bon manger, elle est blanche & tendre comme celle d’un chapon.

TONSURE, s. f. (Hist. ecclés. & Jurisprud.) dans le sens grammatical & littéral, est l’action de couper les cheveux, & de raser la tête.

Dans un sens abstrait, la tonsure est la privation entiere des cheveux, ou une certaine place dessus la tête dont on a rasé les cheveux en rond.

La tonsure totale a toujours été regardée comme une marque d’infamie, tellement qu’en France anciennement lorsqu’on vouloit déclarer un prince incapable de porter la couronne, on le faisoit tondre & raser.

Chez les Romains une des peines de la femme convaincue d’adultere, étoit d’être enfermée dans un monastere après avoir été tondue ; ce qui s’observe encore parmi nous.

La tonsure prise littéralement en matiere ecclésiastique, est une couronne cléricale que l’on fait derriere la tête aux ecclésiastiques en rasant les cheveux de cette place en forme orbiculaire.

Tous les ecclésiastiques séculiers & réguliers doivent porter la tonsure ; c’est la marque de leur état ; celle des simples clercs, qu’on appelle clercs à simple tonsure, c’est-à-dire, qui n’ont d’autre caractere de l’état ecclésiastique que la tonsure, est la plus petite de toutes. A mesure que l’ecclésiastique avance dans les ordres, on fait sa tonsure plus grande ; celle des prêtres est la plus grande de toutes ; si l’on en excepte