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ceaux, le premier qu’on place est le plus proche du bondon : on l’appelle le premier en bouge : ensuite on met le collet & le sous-collet, qui sont les troisieme & quatrieme cerceaux, à compter depuis le peigne en allant vers le bondon : après cela on met les cerceaux intermédiaires entre les collets & le premier en bouge : on place après cela le sommier immédiatement sur le jable, & on finit par celui qui est sur le peigne, qui se nomme le talus. Dans cet état, le tonneau est parfait, & il ne s’agit plus que d’y appliquer la barre en-travers des douves des fonds : pour cet effet on perce avec le barroir des trous pour placer les chevilles qui doivent retenir la barre : on pose la barre & on enfonce par-dessus, avec un maillet, des chevilles de bois dans les trous.

Outre les futailles, tonneaux, muids, quarteaux, barrils, & autres pieces de tonnellerie à deux fonds, les tonneliers fabriquent aussi des cuves, cuviers, tinettes, bacquets, &c. qui n’ont qu’un fond ; mais comme la fabrique en est à-peu-près la même, nous ne détaillerons pas ici la maniere de construire ces différentes sortes d’ouvrages.

Tonnelier, (Marine.) c’est, sur un vaisseau, celui qui a soin des futailles, qui les rebat, & qui fait les chargemens nécessaires.

Tonnelier, (Verrerie.) c’est une partie du fourneau. Voyez Verrerie.

TONNELLE, s. f. (Jardin.) vieux mot encore en usage parmi le vulgaire, pour désigner un berceau, ou un cabinet de verdure ; Jean Martin s’est servi de ce terme pour signifier un berceau en plein ceintre : c’est de ce mot qu’a été fait, selon les apparences, celui de tonnellerie, ou portique de halle. (D. J.)

Tonnelle, s. f. terme de Chasse, sorte de filet pour prendre les perdrix & autres oiseaux : on ne lui donne que quinze piés de longueur, & environ dix-huit pouces de largeur, ou d’ouverture par l’entrée. (D. J.)

TONNELLERIE, s. f. terme de Couvent, c’est le lieu du couvent où sont toutes les futailles, où l’on cuve le vin, où l’on remplit les muids, &c. (D. J.)

Tonnellerie, lieu où on travaille à la fabrique des tonneaux ou futailles. Ce terme est aussi employé souvent pour signifier la profession de tonnelier.

TONNERRE, s. m. (Physiq.) bruit excité dans l’air, à l’occasion des exhalaisons sulphureuses qui s’y allument subitement. Voyez Exhalaison, Foudre, &c.

Séneque, Rohault & d’autres auteurs, tant anciens que modernes, expliquent le tonnerre en supposant deux nuages, dont l’un est suspendu sur l’autre, & dont le supérieur & le moins dense venant à se condenser par une nouvelle addition d’air, que la chaleur fait monter jusqu’à lui, ou que le vent porte de ce côté-là, tombe aussi-tôt avec beaucoup de violence sur le nuage inférieur & plus dense. Au moyen de cette chûte, l’air se trouvant comprimé entre les deux nuages, sort en partie par les extrémités qui venant ensuite à se joindre exactement, enferment une grande quantité d’air ; & l’air se faisant enfin un passage, s’échappe, &, en brisant le nuage, fait ce bruit, que nous appellons tonnerre. Voyez Nuage, &c.

Mais cette explication ne pourroit tout-au-plus s’étendre qu’aux phénomenes d’un tonnerre qui n’est point accompagné d’éclairs. On a donné depuis une solution plus satisfaisante de la question, savoir que le tonnerre n’est point occasionné par des nuages qui tombent les uns sur les autres, mais par le feu qui prend tout-à-coup aux exhalaisons sulphureuses, & qui fait du bruit en s’enflammant, de la même maniere qu’on voit l’or fulminant produire de pareils effets.

Newton dit qu’il y a des exhalaisons sulphureuses qui, pendant que la terre est seche, montent continuellement en l’air où elles fermentent avec les acides nitreux & où quelquefois elles s’allument, engendrent le tonnerre, les éclairs, &c.

Il n’est pas douteux qu’outre les vapeurs qui s’élevent de l’eau, il n’y ait aussi des exhalaisons qui se détachent du soufre, du bitume, des sels volatils, &c. la grande quantité de matieres sulphureuses & bitumineuses répandues sur toute la surface de la terre, & les sels volatils des plantes & des animaux, produisent une telle abondance de ces exhalaisons, qu’il n’est point étonnant que l’air soit rempli de particules sulphureuses, qui s’arrêtent plus bas ou s’élevent plus haut, suivant leur degré de subtilité & d’activité, & suivant la direction des vents qui les portent en plus grande quantité dans un endroit de l’air que dans un autre.

Au reste, les effets du tonnerre ressemblent si fort à ceux de la poudre à canon, que le docteur Wallis croit que nous ne devons pas faire difficulté de les attribuer à la même cause : or les principaux ingrédiens de la poudre sont le nitre & le soufre ; & le charbon ne sert qu’à tenir les parties de la poudre séparées les unes des autres, afin qu’elles s’allument plus aisément. Voyez Poudre.

Si donc nous concevons que les causes ci-dessus mentionnées puissent former dans l’air un tel mélange de particules nitreuses & sulphureuses, & qu’elles puissent y être allumées par quelque cause naturelle, nous n’aurons point de peine à comprendre l’éclat qu’elles font en même tems, & qui est accompagné de bruit & d’éclairs, semblables à ceux que fait la poudre, aussi-tôt qu’on y a mis le feu : ces matieres étant une fois allumées, le feu doit courir de côté & d’autre, suivant qu’il se communique successivement aux exhalaisons, à-peu-près comme il arrive dans une traînée de poudre.

Quand cet éclat se fait fort haut dans l’air & loin de nous, il ne peut causer aucun malheur ; mais quand il se fait près de nous, il peut détruire & détruit souvent des édifices, des arbres, des animaux, &c. comme fait la poudre dans les mêmes circonstances.

On peut juger de cette proximité ou de cet éloignement par l’intervalle du tems qu’il y a entre l’éclair & le bruit. Le docteur Wallis observe que cet intervalle est ordinairement d’environ sept secondes, qui, à raison de 170 toises que le son fait par secondes, font à peu-près la distance d’une lieue : mais cet intervalle n’est quelquefois que d’une seconde ou deux, ce qui fait connoître que l’éclat se fait fort près de nous, &, pour ainsi dire, dans le même air que nous respirons.

Quoi qu’il en soit, il est certain que l’éclair est suivi d’une vapeur sulphureuse, comme il paroît par ce goût de soufre, que l’on sent après le tonnerre & par cette chaleur étouffante qui le précede ordinairement : le même auteur croit que l’air est accompagné aussi d’une vapeur nitreuse, parce qu’on ne connoît point de corps qui soit aussi capable de produire un éclat subit & violent que le nitre. A l’égard de la maniere dont s’allument ces exhalaisons, l’on sait qu’un mélange de soufre & de limaille d’acier avec un peu d’eau fait naître la flamme sur le champ. Il ne manque donc à ces matieres pour faire l’éclat qu’un peu de vapeur qui tienne de l’acier & du vitriol ; & Wallis ne doute point que parmi les évaporations de la terre, il n’y ait quelque chose de semblable ; & M. Chambers croit pouvoir en apporter une espece de preuve.

L’histoire rapporte, dit-il, comme des faits constans qu’il a plu du fer en Italie, & des pierres de fer en Allemagne. Jules Scaliger dit qu’il avoit chez lui un