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sur les carreaux qui forment le plancher d’une chambre ; ils deviennent luisans ; & pourvu qu’on ait soin de les laver de-tems-en-tems, ils conservent leur lustre. C’est ainsi que sont faits les appartemens de l’empereur chinois & des grands de l’empire.

Mais si on veut faire un ouvrage achevé ; s’il s’agit, par exemple, d’orner une chambre, un cabinet, on couvre les colonnes & la boiserie de filasse, de chaux, ou d’autres matieres semblables préparées en pâte. On laisse sécher le tout jusqu’à un certain degré ; on mêle ensuite dans l’huile telle couleur que l’on veut ; & après l’avoir fait cuire à l’ordinaire, on l’applique avec des brosses, suivant le dessein qu’on s’est formé. On dore quelquefois les moulures, les ouvrages de sculpture, & tout ce qui est relevé en bosse ; mais sans le secours de la dorure, l’éclat & le lustre de ces ouvrages ne cedent guere à celui du vernis que les Chinois nomment tsi, parce qu’il découle du tsi-chu. Voyez Tsi-chu. (D. J.)

TONG-EU, s. m. (Hist. nat.) ce mot signifie en chinois tymbale de cuivre ; on le donne à la Chine à une montagne située dans la province de Quey-chew, qui fait un bruit considérable dans de certaines saisons, sur-tout à l’approche de la pluie.

TONG-HOA-FANG, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) c’est le nom que les Chinois donnent à un petit oiseau dont le bec est rouge, & dont le plumage est des couleurs les plus vives & les plus variées ; suivant les Chinois cet oiseau est produit par la fleur appellée tong-hoa, à qui il ressemble par ses couleurs, & à laquelle l’oiseau ne peut survivre. Cette fleur croît, dit-on, dans la province de Se-chouen ; mais on croit qu’elle est fabuleuse, ainsi que l’oiseau qu’elle produit.

TONGOUS, ou TONGURES, ou TOUNGUSES, (Géog. mod.) peuples tartares soumis à l’empire russien, & qui occupent à-présent une grande partie de la Sibérie orientale. Voyez les détails qui concernent ces peuples au mot Tartares. (D. J.)

TONGRES, (Géog. mod.) Atuaticum Tongrorum, ensuite Tongri, en flamand Tongeren ; ville des Pays-bas, dans l’évêché & à trois lieues au nord-ouest de Liege, au pays nommé la Hasbaye, sur le Jecker. Elle a eu des les premiers siecles un évêché qui fut ensuite transféré à Mastricht, & de-là à Liege. Tongres avoit de la célébrité du tems de Jules-César, & étoit la capitale d’un grand pays. Guichardin la donne pour la premiere des villes de France & de l’Allemagne qui ait été convertie au christianisme ; mais Attila la ruina dans ses incursions ; elle n’a fait que languir depuis ; & pour comble de maux, les François la démantelerent en 1673. Long. 23. 4. latit. 50. 54. (D. J.)

TONG-TSAO, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbrisseau de la Chine qui s’éleve à la hauteur de quatre ou cinq piés. Ses feuilles ressemblent à celles du ricin, ou palma Christi. Le milieu de son tronc est rempli d’une moëlle blanche légere, moins serrée que la chair du melon, & moins spongieuse que la moëlle du sureau. On cuit cette moëlle, & l’on en fait un rob qui est doux, agréable, & qu’on mêle avec des fruits pour en relever le goût.

La tige du tong-tsao est divisée comme le bambou, par divers nœuds qui naissent entre deux des tuyaux de la longueur d’un pié. Ces tuyaux contiennent aussi de la moëlle dont on fait le même usage que de celle du tronc. (D. J.)

TONGUÉ, s. f. (Hist. nat. Botan.) plante de l’île de Madagascar ; sa racine est fort amere, sa fleur ressemble à celle du jassemin : on la regarde comme un excellent contre-poison.

TONIES, s. f. pl. (Marine.) sortes de bateaux des Indes, qu’on attache deux-à-deux avec des roseaux, ou des écorces d’arbres, afin qu’ils s’entresoutien-

nent, & auxquels on met une petite voile. On appelle

cet assemblage catapanel.

TONIQUE, mouvement tonique dans l’œconomie animale, action dans laquelle les muscles d’une partie tant les antagonistes que les congeneres, agissent tous pour vaincre une puissance qui produit ou doit produire son effet dans une direction commune à celle de tous ces muscles en action. Voyez Antagoniste & Congenere.

On croit communément que c’est l’action tonique des muscles, lorsqu’ils agissent tous ensemble, qui nous retient dans une situation droite ; ce qui nous empêche de tomber en-devant, en-arriere & sur les côtés.

On tombe en-devant en pliant les jambes vers les piés, & l’épine vers les genoux ; ainsi il n’y a pour lors que les extenseurs du pié qui puissent empêcher la cuisse & le pié de faire des angles, & non pas les fléchisseurs qui contribueroient plutôt à faire tomber ; c’est pourquoi ils demeurent sans action.

On tombe en arriere lorsqu’on étend trop le pié ; lorsque la cuisse se plie en-dedans ; ainsi il n’y doit y avoir que les extenseurs qui redressent les genoux.

L’action des muscles extenseurs opposés empêche de tomber sur les côtés ; d’où il est facile de voir que ce n’est point par l’action de tous ces muscles antagonistes que nous nous tenons debout, mais seulement par celle des extenseurs & de quelques fléchisseurs, pendant que quelques-uns de ceux qui fléchissent les genoux demeurent en repos & sans action. Voyez Fléchisseur & Extenseur.

Tonique, adj. (Thérapeutique.) du mot grec τονικὸς, ou τονωτικὸς, nom que les anciens donnoient aux remedes fortifians appliqués extérieurement, & qui est devenu très familier aux modernes, & surtout aux solidistes, pour exprimer plus généralement un remede quelconque, soit intérieur soit extérieur, qui est capable de fortifier ; c’est-à-dire de maintenir, de rétablir ou d’augmenter le ton ou tension naturelle, soit du système général des solides, soit de quelque organe en particulier.

Cet effet peut convenir proprement à deux especes de remedes ; savoir aux astringens, c’est-à-dire à cette classe de remedes qui resserrent évidemment, & par conséquent fortifient le tissu des solides par l’effet très-caché d’une qualité très-manifeste, savoir l’austérité ou l’acerbité, & à une classe bien différente de remede, qui ne fait sur les solides qu’une impression beaucoup plus passagere, qui les stimule, qui les excite, qui augmente leur mouvement, & par conséquent leur force. L’effet des premiers est de procurer une espece de force morte, mais constante, mais inhérente ; l’effet des seconds, c’est de déterminer une force véritablement vitale, de produire de l’activité, du mouvement ; & cette propriété se trouve dans tous les remedes qu’on a appellés aussi cordiaux, échauffans, nervins, excitans, restaurans, &c. & c’est précisément à ce dernier genre qu’est donné le nom de tonique dans le langage le plus reçu aujourd’hui.

De quelque maniere que ces remedes produisent leurs actions (objet sur lequel on n’a absolument que des connoissances très-vagues, ou des théories fort arbitraires). leur effet sensible sur toute la machine est d’augmenter le mouvement progressif du sang, les forces vitales, les forces musculaires & la chaleur animale ; & sur quelques organes particuliers d’en réveiller le jeu, ou d’augmenter, pour ainsi dire, leur vie particuliere en y établissant un nouveau degré de tension & de vibratilité.

Ces remedes, considérés par leurs effets généraux & primitifs, sont désignés par tous les noms que nous avons rapportés plus haut ; mais lorsqu’on les considere par quelque effet secondaire & plus particulier,