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cune fonction, sa charge étant purement d’honneur, & seulement une marque du mérite & de la capacité de celui qui en est revêtu.

Pour être reçu maître tondeur à Paris, il faut avoir fait trois années d’apprentissage, faire chef-d’œuvre, qui consiste à donner deux tontures ou coupes à un morceau de drap de deux aunes encore blanc ; savoir, une avant que le drap ait été lainé, & l’autre après le lainage. Outre ces deux tontures, il doit encore en donner une au même morceau de drap après avoir été teint.

Les fils de maîtres sont exempts de l’apprentissage & du chef-d’œuvre ; ils sont seulement tenus de faire une simple expérience, qui consiste à tondre une fois en premier deux aunes de drap en couleur.

Chaque maître doit avoir chez lui un morceau de fer tranchant par un bout, qui est une espece de poinçon, qui sert à marquer toutes étoffes qu’ils tondent ou qu’ils font tondre par leurs compagnons ; cette marque se fait ordinairement au premier bout ou chef de la piece. Il n’est pas permis à un maître de continuer à tondre une piece déja commencée & marquée par un de ses confreres.

Les tondeurs de drap prennent pour patron l’Assomption de la sainte Vierge ; ils ont une confrairie établie dans l’église des grands Augustins. Ils n’ont point de chambre de communauté pour faire leurs assemblées ; mais quand ils veulent en convoquer une, elle se tient chez le plus ancien des jurés en charge.

Par les réglemens généraux des manufactures de lainage faits au mois d’Août 1669, art. 53. il est défendu aux tondeurs de drap de se servir pour l’entimage des étoffes d’aucunes graisses appellées flambarz ; ils doivent seulement y employer du sain-doux de porc le plus blanc. Il leur est encore défendu de se servir de cardes, ni d’en avoir dans leurs maisons pour coucher les draps, &c. ils ne peuvent se servir pour cela que de chardons à foulon.

Quoiqu’il semble par tout ce qui vient d’être dit, que la profession de tondeurs doive se renfermer dans la seule tonture des draps, ce sont cependant eux qui se mêlent de les presser, de les cattir & de les friser.

TONDINS, s. m. pl. (Plombier.) instrument à l’usage des plombiers & des facteurs d’orgues. Ce sont de gros cilindres de bois dont on se sert pour former & arrondir les tuyaux de plomb destinés à la conduite & à la décharge des eaux, & les tuyaux d’étain pour monter les orgues. Ces tondins sont plus ou moins gros & longs, selon la grosseur & la longueur qu’on veut donner aux tuyaux. Voyez Tuyaux.

TONDI-TEREGAM, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) grand arbre de Malabar qui s’éleve à la hauteur de cinquante à soixante piés ; son tronc, qui est extrèmement gros, pousse une infinité de branches droites, longues, vertes, lanugineuses, rudes & pleines d’une moëlle spongieuse ; ses feuilles sont disposées par paires dans un ordre parallele ; elles sont portées par des queues qui tiennent aux petites branches terminées en pointe, dentelées, épaisses, lisses, vertes, luisantes par-dessus, verdâtres & cotonneuses par-dessous, d’une odeur douce, & d’un goût aromatique. Les fleurs naissent trois à trois, & même en plus grand nombre d’entre les aisselles des feuilles ; elles sont tétrapétales, pointues, & répandent une odeur agréable lorsqu’on les froisse entre ses doigts. Il s’éleve d’entre les pétales quatre étamines purpurines, au centre desquelles est un pistil rouge à sommet blanchâtre. Les auteurs de l’Hort. malab. nomment cet arbre, arbor flore tetrapetalo, odorato, fructu nullo, Hort. malab. tom. IV. c’est-à-dire qu’ils ne lui donnent point de fruit ; mais c’est vraissemblablement une erreur de leur part. (D. J.)

TONDRE, v. act. (Gramm.) en général c’est couper les poils superflus.

Tondre, (terme de Chapelier.) c’est à l’égard des chapeaux de Caudebec, & de ceux qui sont fabriqués de pure laine, les faire passer par-dessus la flamme d’un feu clair, ordinairement fait de paille ou de menu bois, pour en ôter les plus longs poils, ce qu’on appelle vulgairement flamber le chapeau ; & pour ce qui est des autres chapeaux, comme castors, demi-castors & vigognes, c’est les frotter par-dessus avec une pierre-ponce, pour user le poil qui excede trop ; c’est ce qui se nomme ordinairement poncer le chapeau. (D. J.)

Tondre, Tondu, (Jardin.) plusieurs parties d’un jardin sont sujettes à la tonture, soit aux ciseaux, soit au croissant. Les parterres ne seront tondus que la seconde année pour laisser prendre terre au buis & le fortifier. Il les faut ensuite tondre aux ciseaux au moins une fois l’an dans le mois de Mai. Les beaux parterres le sont deux fois l’année après les deux seves.

Les ifs, les arbrisseaux de fleurs & les palissades basses se tondent aux ciseaux, ainsi que les boules d’ormes, au-moins une fois par an entre les deux seves.

Les autres grandes palissades de charmille & d’érable, se tondent au croissant au-moins une fois l’an, comme en Juillet ; on les tond dans les beaux jardins en Juin & au commencement de Septembre après la pousse de chaque seve, pour les mieux entretenir dans la belle forme qu’on leur a donnée.

Tondre, v. act. (Lainage.) ce mot en manufacture de lainage, signifie couper avec de grands ciseaux que l’on appelle forces, le poil superflu & trop long qui se trouve sur la superficie des draps & autres étoffes de laines pour les rendre plus rases & plus unies. On tond plus ou moins de fois les étoffes suivant leur finesse & qualité. Savary. (D. J.)

TONDRUC, ou TENDRAC, s. m. (Hist. nat.) animal quadrupede de l’île de Madagascar, qui est une espece de porc-épic. Il est de la grandeur d’un chat ; il a le grouin, les yeux & les oreilles d’un cochon ; son dos est armé de pointes ; il n’a point de queue. Ses pattes sont comme celles d’un lapin ; il se nourrit d’insectes & d’escargots. La femelle multiplie prodigieusement, elle produit jusqu’à vingt petits d’une portée. Cet animal se cache sous terre, où il forme une espece de galerie singuliere ; d’abord elle s’enfonce perpendiculairement d’environ deux ou trois piés, ensuite elle va obliquement, enfin elle remonte jusque près de la surface de la terre ; là l’animal se loge, & il y demeure cinq ou six mois sans prendre aucune nourriture, & sans qu’au bout de ce tems il en soit plus maigre. Sa chair est un très-bon manger.

TONÉES, (Antiq. greq.) fêtes qui se célébroient à Argos, selon Athénée : elles consistoient en ce que l’on portoit en grande pompe la statue de Junon qui avoit été volée par les Tyrrhéniens, puis abandonnée sur le rivage. La statue étoit environnée de liens tendus, d’où la fête prit son nom, τείνω, en grec, signifie tendre. (D. J.

TONG-CHU, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbre de la Chine dont on tire une liqueur qui approche du vernis. Quand on le voit de loin, disent nos missionnaires, on le prend par un vrai noyer, tant il lui est semblable, soit pour la forme & la couleur de l’écorce, soit par la largeur & la couleur des feuilles, soit par la figure & la disposition des noix. Ces noix ne sont pleines que d’une huile un peu épaisse, mêlée avec une pulpe huileuse qu’on pressure ensuite pour ne pas perdre la plus grande partie de la liqueur. Pour la mettre en œuvre on la fait cuire avec de la litharge, & l’on y mêle, si l’on veut, de la couleur ; souvent on l’applique sans mélange sur le bois qu’elle défend de la pluie. On l’applique aussi sans mélange