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dre la finale à-peu-près dans le medium de la voix ; mais si le ton est authentique, la même finale doit être prise dans le bas. Faute de cette observation, on exposeroit les voix à se forcer, ou à n’être pas entendues.

Quelquefois on fait dans un même ton des transpositions à la quinte ; ainsi au-lieu de dans le premier ton, on aura pour finale le si pour le mi, l’ut pour le fa, & ainsi de suite ; mais si l’ordre de ces sons ne change pas, le ton ne change pas non plus, & ces transpositions ne se font que pour la commodité des voix : ce sont encore des observations à faire par l’organiste ou le chantre qui donne le ton.

Pour approprier autant qu’il est possible, l’intonation de tous ces tons à l’étendue d’une seule voix, les Organistes ont cherché les tons de la musique les plus propres à correspondre à ceux-là. Voici ceux qu’ils ont établis : on auroit pu les réduire encore à une moindre étendue, en mettant à l’unisson la plus haute corde de chaque ton, ou si l’on veut, celle qu’on rebat le plus, & qu’on appelle dominante, en terme de plein-chant. Mais on n’a pas trouvé que l’étendue de tous ces tons ainsi reglés excédoit celle de la voix humaine ; ainsi on n’a pas jugé à-propos de diminuer encore cette étendue par des transpositions qui se seroient trouvées à la fin plus difficiles & moins harmonieuses que celles qui sont en usage.

Premier ton, mineur.
Second ton, sol mineur.
Troisieme ton, la mineur ou mieux sol mineur.
Quatrieme ton, la mineur finissant sur la dominante, par cadence réguliere.
Cinquieme ton, ut mineur, ou mieux majeur.
Sixieme ton, fa majeur.
Septieme ton, majeur.
Huitieme ton, sol majeur, c’est-à-dire, faisant peu sentir le ton d’ut.

Au reste, les tons de l’église ne sont point asservis aux lois des tons de la Musique ; il n’y est point question de médiante ni de note sensible, & on y laisse les semi tons où ils se trouvent dans l’ordre naturel de l’échelle, pourvu seulement qu’ils ne produisent ni tri-tons ni fausse-quintes sur la tonique. (S)

Ton, (Lutherie.) instrument dont les Musiciens le servent pour trouver & donner le ton sur lequel on doit exécuter une piece de musique ; c’est une espece de flûte à bec représentée, Planche de Lutherie, figure 27. 8. laquelle n’a point de trous pour poser les doigts, mais seulement une ouverture E par laquelle on souffle, & une autre ouverture D qui est la lumiere & par où le son de l’instrument sort ; on fait entrer par le trou de la patte C une espece de piston ABC ; la partie AB de ce piston sert de poignée pour la pouvoir tenir & enfoncer à volonté : la tige BC est graduée par de petites marques ou lignes c d e f g, a b c qui répondent aux notes de la musique ; ensorte que si on enfonce le piston jusqu’à une de ces marques, par exemple, jusqu’à 9 qui répond à sol, l’instrument rendra alors un son qui sera la quinte du premier son qu’il rend, lorsque la premiere marque c ou c sol ut est à l’extrémité du corps DC de l’instrument. La formation du son dans le ton se rapporte à celle du son dans les tuyaux bouchés de l’orgue. Voyez l’article Bourdon de 16 piés & les figures.

Ton, (Marine.) c’est la partie du mât qui est comprise entre les barres de hune & le chouquet, & où s’assemblent par en-haut le bout du tenon du mât inférieur avec le mât supérieur, & cela par le moyen du chouquet ; & par en-bas, le pié du mât supérieur avec le tenon du mât inférieur, par le moyen d’une cheville de fer appellée clé.

Ton, (Peinture.) nom qui convient en peinture à toutes sortes de couleurs & à toutes sortes de teintes, soit qu’elles soient claires, brunes, vives, &c. Voyez Teinte. On dit tons clairs, tons bruns, tons vifs ; ces couleurs ne sont pas de même ton.

Ce terme a néanmoins une acception particuliere lorsqu’on y joint l’épithete de beau, de bon. Alors il signifie que les objets sont bien caractérisés par la couleur, relativement à leur position, & que de la composition de leurs tons résulte une harmonie satisfaisante. Vilains, mauvais tons, signifient que de leur assemblage résulte le contraire.

Ton, s. m. (Rubanerie.) c’est une grosse noix percée de plusieurs trous dans sa rondeur, & traversée de deux cordes qui tiennent de part & d’autre au métier, elle sert à bander ces deux cordes par une cheville ou bandoir qu’on enfonce dans un de ces trous, & qui mene la noix à discrétion. (D. J.)

TONAIGE, s. m. (Hist. des impôts.) sorte d’impôt nommé tolaige & grosse laige, qui se levoit anciennement par quelques seigneurs, mais sans droit & sans titre, sur ceux qui par ordre du roi, recueilloient & amassoient les paillettes d’or dans quelques rivieres de France. (D. J.)

TONCAT, (Géog. mod.) ville d’Asie, dans la partie occidentale du Turquestan, sur le bord du fleuve Jaxartes dans un terroir délicieux. Alboulcaïr l’appelle le palais des sciences, à cause de l’académie des Arts & des Sciences qui y étoit établie de son tems. Long. suivant de Lisle, 89. lat. 47. (D. J.)

TONDEREN ou TUNDERN, (Géog. mod.) ville de Danemarck, dans le duché de Sleswig, sur la rive méridionale du Widaw, à quatre milles de Ripen, d’Apenrade & de Fleusbourg, à cinq de Sleswig, & à sept d’Hadersleben. Abel, duc de Sleswig, & depuis roi de Danemarck, donna à Tonderen le titre de ville en 1243. Elle est aujourd’hui bien fortifiée & dans un terrein fertile. Longit. 26. 44. latit. 54. 52.

TONDEUR, s. m. (Art. méch.) ouvrier qui travaille dans les manufactures de lainage à tondre avec des forces, les draps, les serges & autres étoffes de laine.

A Paris, les tondeurs forment une communauté qui est fort ancienne. Leurs premiers statuts furent du mois de Décembre 1384. du tems de Charles VI ; ils furent ensuite confirmés & augmentés par Louis XI. en 1477, puis par Charles VIII. en Juillet 1484. & enfin par François I. en Septembre 1531.

Par ces statuts, ils sont nommés tondeurs de draps à table séche, parce qu’il ne leur est pas permis de tondre aucunes étoffes quand elles sont encore mouillées.

Il y a à la tête de cette communauté quatre maîtres qui ont la qualité de jurés-visiteurs, dont la fonction est d’aller visiter chez les maîtres pour veiller à la conservation de leur art & métier, & tenir la main à l’exécution des statuts & ordonnances qui le concernent.

L’élection des quatre jurés se fait tous les deux ans ; savoir, de deux anciens maîtres qui ont déja passé par la jurande, & de deux jeunes maîtres qui n’y ont pas encore passé.

Outre ces quatre jurés-visiteurs, il y a encore deux maîtres que l’on nomme simplement élus, qui sont proprement des petits jurés ou sous-jurés. Ces jurés doivent être présens au chef-d’œuvre des aspirans à la maîtrise & aux expériences des compagnons ; ils doivent aussi tenir la main à ce que l’on ne travaille point les fêtes & les dimanches ; ces deux petits jurés sont aussi élus tous les deux ans.

Avec ces quatre jurés-visiteurs & ces deux petits jurés, il y a encore un ancien maître de la communauté que l’on élit pareillement tous les deux ans, auquel on donne la qualité de grand garde ; il n’a au-