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nie ou l’art de fabriquer le tissu. Les tissures des brocards, des draps & des toiles, sont différentes : il y a des tissures frappées & serrées, & d’autres qui sont lâches ; des tissures à double broche ; des tissures croisées, & d’autres qui ne le sont pas : toutes ces tissures différentes sont expliquées aux articles qui sont propres à la manufacture de chaque espece d’étoffe, qui sont du métier des diverses sortes de tisserands.

TITACIDÆ, (Géog. anc.) municipe de la tribu Antiochide, selon Etienne le géographe. M. Spon, dans sa liste des bourgs de l’Attique, marque celui de Titacidæ, dans la tribu Acantide. Ce bourg prenoit son nom du héros Titacus, qui livra Apidna à Castor & Pollux, lorsqu’ils vinrent dans l’Attique, pour tirer leur sœur Hélène des mains de son ravisseur Thésée, comme le rapporte Hérodote. (D. J.)

TITAN, île de, (Géog. mod.) île de France, sur les côtes de Provence, dans le diocèse de Toulon. Cette île est la plus orientale des îles d’Hieres : c’est à cause de cela qu’on lui a donné le nom de Titan, c’est-à-dire du côté où se leve le soleil. Les Marseillois & les Grecs l’appelloient autrefois Hypæa l’inférieure, parce qu’à l’égard de Marseille, elle est au-dessous des autres : ensuite, dans le moyen âge, on lui a donné le nom de Cabaros. Elle peut avoir quatre mille pas de long, sur mille de large ; mais elle est toute dépeuplée. (D. J.)

TITANA, (Géog. anc.) ville du Péloponnèse, dans la Sicyonie. Pausanias, l. II. c. xj. & xij. la met à soixante stades de Sicyone. On voyoit autrefois dans cette ville un temple d’Esculape, dont la statue étoit couverte d’une robe de laine & d’un manteau, ensorte qu’on ne lui voyoit que le visage, les mains, & la pointe des piés. Celle d’Hygia sa fille, déesse de la santé, étoit aussi tellement couverte, ou de ses habits, ou des cheveux que les femmes s’étoient coupés pour les lui offrir, qu’on avoit peine à la voir. Les statues d’Alexanor & d’Examérion étoient aussi dans ce temple ; ainsi que celle de Coronis, qui étoit de bois. Les habitans porterent cette derniere dans le temple de Minerve, où ils l’adoroient, brûlant toutes les victimes, à la réserve des oiseaux, qu’ils mettoient sur les autels ; quant aux serpens, consacrés à Esculape, les hommes n’osoient en approcher, & mettoient seulement la viande à l’entrée du lieu où ils étoient.

Près de Titana, on voyoit l’autel des vents, où le prêtre sacrifioit une nuit toutes les années, & faisoit certains mysteres en quatre fosses qui leur étoient dédiées, chantant même quelques vers magiques. Entre cette même ville & Sicyone, on trouvoit le temple des déesses nommées Séveres par les Athéniens, & Euménides par les Sicyoniens : on leur sacrifioit tous les ans, en un certain jour, des brebis pleines, de même qu’aux parques dont les autels étoient près de-la. M. Fourmont découvrit en 1729. à deux lieues de Phliasia, sur un des bras de l’Asopus, un temple des dieux de la Titanie, où il trouva encore l’autel consacré à Titan même, avec une inscription en Boustrophédon.

2. Titana, ville d’Egypte, dont Claudien, in Phænic. fait l’éloge dans ces vers :

Clara per Ægyptum placidis notissima sacris,
Urbs Titana colit.

On voit assez que par Titana, ce poëte entend la ville de Diospolis, ou la ville du soleil ; car le soleil a été aussi appellé Titan. (D. J.)

TITANIE, s. f. (Antiq. greq.) Τιτανια ; fête qu’on célébroit dans quelques pays, en mémoire des Titans. Potter. Archæol. græc. t. I. p. 433. (D. J.)

TITANO-KERATOPHYTON, s. m. (Hist. nat. Bot.) nom que Boerhaave donne à une grande plante marine, qu’on trouve aux environs des côtes de la

Norwege, & qui ressemble au keratophyton, avec cette différence qu’elle est chargée, & pour ainsi dire, incrustée d’une sorte de plâtre. (D. J.)

TITANS, s. m. dans la Mythologie, fils d’Uranus ou de Cœlus & de Vesta, c’est-à-dire du Ciel & de la Terre, selon l’explication d’Hésiode & d’Appollodore, ou de l’Air & de la Terre, suivant celle d’Hygin.

L’histoire & la généalogie des Titans est diversement racontée par les anciens auteurs, qui se sont fondés sur les traditions fabuleuses.

Apollodore, par exemple, compte six titans, savoir, Oceanus, Cælus, Hyperion, Crius, Japet, & Saturne ; Hygin en compte également six, dont à la reserve d’Hyperion, les noms sont tous différens, puisqu’il les appelle Briarée, Gigez, Sterope, Atlas, & Cottus. Il met par conséquent au nombre des Titans, les géants à cent mains, que beaucoup d’auteurs en ont distingués. D’autres enfin, à ces six freres, ajoutent cinq sœurs nommées Rhea, Themis, Mnémosyne, Phæbé, & Thétis ; & prétendent qu’ils firent tous aux hommes part de quelque découverte utile, qui leur en attira une reconnoissance éternelle.

Il est également difficile de concilier les sentimens des auteurs, sur les actions attribuées à ces titans ; les uns supposent qu’ils voulurent détroner Jupiter, & c’est bien le sentiment le plus commun ; mais quelques autres prétendent qu’il fut secouru par Briarée, Gigez, & Cottus, contre les autres Titans leurs freres, tandis que d’autres soutiennent que Briarée fut foudroyé par Jupiter.

Un autre sentiment veut que Cælus, après avoir engendré de sa femme Vesta les trois géans Briarée, Gigés, & Cottus, les enferma dans le Tartare ; que Vesta outrée de ce mauvais traitement, souleva les Titans contre leur pere, qu’ils détrônerent, & mirent à sa place Saturne, qui ayant aussi maltraité les géans, fut détrôné à son tour par Jupiter son propre fils, qui se défit ensuite des Titans.

D’autres enfin disent que Titan étoit fils aîné du Ciel & de Vesta, ou Titée, & frere aîné de Saturne ; que quoiqu’il fût l’ainé, il céda ses droits à Saturne à la priere de sa mere, à condition néanmoins que Saturne ne conserveroit aucun enfant mâle, afin que l’empire du ciel revînt à la branche aînée ; mais ayant appris que par l’adresse de Rhéa, trois fils de Saturne avoient été conservés & élevés en secret, il fit la guerre à son frere, le vainquit, le prit avec sa femme & ses enfans, & les tint prisonniers jusqu’à ce que Jupiter ayant atteint l’âge viril, délivra son pere, sa mere & ses freres, fit la guerre aux Titans, & les obligea de s’enfuir au fond de l’Espagne, où ils s’établirent : ce qui a fait dire que Jupiter précipita les Titans dans le fond du Tartare.

Le pere Pezron, dans son antiquité des Celtes, prétend que les Titans ne sont point des hommes fabuleux, quoique les Grecs aient voilé leur histoire de beaucoup de fables. Selon lui les Titans sont les descendans de Gomer, fils de Japhet. Le premier fut Aimon qui régna dans l’Asie mineure ; le second eut nom Uranus, qui en grec signifie ciel ; celui-ci porta ses armes, & étendit ses conquêtes, jusqu’aux extrémités de l’Europe & de l’Occident ; Saturne ou Chronos, fut le troisieme, il osa le premier prendre le titre de roi : car jusque-là, les autres n’avoient été que les chefs & les conducteurs des peuples soumis à leurs lois. Jupiter, le quatrieme des Titans fut le plus renommé. C’est lui qui par son habileté & ses victoires, forma l’empire des Titans, & le porta au plus haut point de gloire où il pût atteindre. Son fils Teuta ou Mercure, avec son oncle Dis, que nous nommons Pluton, établit les Titans dans les provinces d’Occident, & sur-tout dans les Gaules. Cet