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bouton, qui est le nom donné à la façon de travailler.

Le rame, les arcades, & le corps, sont attachés pour la petite tire, comme dans les autres métiers. La différence qu’il y a, c’est que le nombre n’en est pas si considérable, & qu’on ne passe pas cinquante cordes ; il s’en est fait cependant qui alloient à deux cens cordes ; mais dans ce cas le semple est aussi bon ; ce qui fait qu’il faut autant d’arcades qu’on veut mettre des mailles de corps ; à deux mailles pour une arcade, la déduction en est considérable, puisqu’elle a été portée jusqu’à 3200 mailles, mais les plus ordinaires sont de 1600 & 2400. On comprend de-là, par ce qui a été dit des satins réduits, combien cette étoffe est délicate & belle quand elle est travaillée comme il faut.

On lit les desseins pour la petite tire sur un chassis, au haut duquel, & dans une petite tringle de bois ou de fer, on enfile autant de bouts de ficelle un peu ronde, qu’il y a de cordes au rame, ou de cordes indiquées au dessein. Chacune de ces ficelles doit avoir près d’un pié de longueur : on enverge les ficelles de façon qu’une boucle sur la tringle, ne se trouve pas avant l’autre, mais de suite & conforme à l’envergure : on attache au bout de chaque ficelle autant de cordes fines, comme celles de semple, & bouclées comme les arcades, qu’il y a de cordes à tirer à chaque lac : on lit le dessein à l’ordinaire, & on prend autant de cordes fines entre ses doigts qu’il y a de cordes à tirer sur la ligne transversale ou horisontale du dessein ; cette ligne finie, on noue ensemble toutes les cordes qui ont été prises, & on en commence une autre, en continuant jusqu’à ce que le dessein soit lû. La différence de la petite tire d’avec la grande, est que dans cette derniere le lac seul arrete, au moyen de l’embarbe, toutes les cordes de semple que la tireuse doit tirer, sans que pour cela il soit besoin de plus de cordes de semple ; au-lieu que dans la petite tire il n’y a point de lac, mais autant de cordes de semple, telles que nous les avons indiquées, qu’il y a de cordes à tirer au dessein.

Lorsque le dessein est lû on le détache du chassis, les cordes étant toujours enfilées dans la tringle : on passe si on veut une envergure en place des deux baguettes qui tenoient les ficelles rondes envergées : on détache les parties de cordes attachées à la ficelle ronde, & chacune de ces parties est attachée de suite à une corde double qui est gancée : on donne le nom de collet ou tirant à cette corde double, à la corde de lame, ayant soin de faire passer chacune des cordes gancées dans un petit trou qui est fait à une planche percée, dont la quantité est égale à celle des cordes gancées, & distribuée de façon que chaque trou soit placé perpendiculairement à la corde ou à la gance qui tient la corde de rame : on égalise bien les cordes gancées, dont le nœud, avec la partie des cordes qui y sont attachées, est arrêté au petit trou de la planche, & empêche la corde de rame de monter plus haut que la mesure que l’attacheur aura fixée. Lorsque toutes ces cordes gancées sont arrêtées & ajustées, on prend séparément & de suite, toutes les parties de cordes qui ont été nouées par le bas à mesure qu’on lisoit le dessein, & on attache chaque partie à une corde un peu grosse & forte, laquelle étant doublée & passée dans une grande planche, après l’avoir été précédemment dans un bouton fait exprès, dont les deux extrémités nouées ensemble la retiennent au bouton, & dans la boucle qui se trouve par la doublure de la corde, dont la longueur est de 15 à 16 pouces plus ou moins : on y passe la quantité de cordes qui ont été lues & choisies pour composer le lac, & on les arrête fermes pour qu’elles soient fixées & ne glissent pas ; quelques ouvriers les entrelacent avec la corde doublée de façon qu’elles ne peuvent pas

glisser. Il faut observer que la grande planche d’enbas doit avoir autant de trous que la planche du haut, qu’elle doit être infiniment plus grande, & les trous de même, tant parce que la corde double est plus grosse que la corde gancée, que parce qu’il faut que le bouton soit rangé & de suite, ayant soin quand on les attache, ou qu’on attache les cordes doubles aux cordes fines de semple, de suivre le même ordre qui a été observé en attachant les cordes gancées, & que ces dernieres soient relatives avec les grosses & rangées de même.

La différence de la grande & de la petite tire étant démontrée, quant au montage de métier, il s’agit de faire voir quelle est son utilité. Pour travailler une étoffe à la grande tire, soit courante soit brochée, il faut que la tireuse perde un tems pour choisir ou trier la gavassine qui tient le lac ; il faut prendre ce lac dans les fils duquel, ou entrelacemens, sont contenues les cordes qui doivent être tirées. Second tems. Il faut enfin prendre ces cordes & les tirer. Troisieme tems, pour un lac seul, qui est peu de chose dans une étoffe brochée, parce que tandis que l’ouvrier broche ou passe les espolins du lac tiré, la tireuse choisit sa gavassine & son lac, ce qui empêche le retardement de l’ouvrage ; mais la chose devient différente dans une étoffe courante, où il faut aller vîte & ne faire ni ne perdre de tems. On lit encore les desseins à la réduction, mais cette méthode, outre qu’elle est un peu plus pénible, ne sert qu’à épargner les cordes des lacs, & ne fait pas mieux ni plus mal.

Le bouton supplée à ce défaut de deux façons : 1°. la tire va plus vîte, & il n’y a aucun tems à faire. 2°. l’ouvrier placé sous la grande planche, tirant son premier bouton de la main droite, choisit le second de la gauche, & sitôt qu’il laisse aller le premier, il tire le second, ainsi des autres : ce qui fait qu’on peut avec le bouton, faire le double de l’ouvrage qu’on feroit avec la semple ; l’usage des boutons n’étant destiné que pour les étoffes courantes.

Tire, grande, (Soirie.) Voyez l’article Velours.

Tire, (Marine.) commandement à l’équipage d’une chaloupe de nager avec force.

TIRE-AVANT, (Marine.) commandement à l’équipage d’une chaloupe de nager le plus qu’il pourra.

Tire-du-vent, (Marine.) on se sert de cette expression pour désigner la force qu’a le vent, lorsqu’il est à l’ancre, de faire roidir son cable.

Tire, s. f. terme de Blason ; ce mot se dit des traits ou rangées de vair, dont on se sert pour distinguer le beffroi, le vair, & le menu vair. Le beffroi est composé de trois tires, le vair de quatre, & le menu vair de six. Quand un chef ou une face sont vairés, il faut spécifier de combien de tires ou de rangs. Ménestrier. (D. J.)

Tire-balle, s. m. instrument de Chirurgie, qui tire son nom de son usage. Il y en a de plusieurs especes : le premier, fig. 4. Pl. III. est un vilebrequin avec une pointe en double vis, appellée par les ouvriers meche, longue de cinq ou six lignes, terminée par deux petits crochets : le corps de ce vilebrequin, qui est une espece de poinçon, est une longue tige d’acier, ronde, polie, longue d’environ un pié ; son extrémité postérieure est une vis garnie par le bout, d’un treffle ou d’un anneau pour servir de manche : ce poinçon se met dans une canule dont la base est un écrou pour recevoir sa vis, & qui est affermie par deux traverses soutenues sur deux colonnes : on introduit cet instrument dans la plaie, la vis cachée dans la canule, & lorsque l’extrémité de la canule touche la balle, on tourne le poinçon pour faire enfoncer la meche dans ce corps étranger, pour le retirer doucement.

L’on ne prescrit l’usage de ce tire-fond que pour les balles enclavées dans les os ; mais si le corps étran-