Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la représentation des deux thrônes de l’antiquité, qu’on voit gravés dans les peintures d’Herculanum (Pl. 29). La colombe qui est sur le coussin d’un des deux thrônes, prouve que c’est la représentation du thrône de Venus ; le feston qu’un des génies soutient, paroît être de mirthe, & le sceptre que tient l’autre génie, convient encore à la déesse. Le second thrône est celui de Mars, comme il paroît par le bouclier & le panache que soutiennent deux génies. (D. J.)

Thrône, (Critique sacrée.) siege ou tribunal des rois ; le thrône de Salomon étoit d’ivoire, & revêtu d’or pur ; on y montoit par six degrés : aux deux côtés du siege, soutenu sur deux bras, étoient deux figures de lions, & sur les six degrés, douze lionceaux, III. Rois, x. 20. Isaïe & Ezéchiel, pour donner une idée magnifique du thrône du Seigneur, disent : le thrône de l’Eternel est comme un char animé, porté sur un firmament semblable au saphir ; ses roues, d’une grandeur & d’une beauté merveilleuse, sont dirigées par l’esprit ; celui qui est assis sur le thrône, est tout environné de lumiere éclatante, que les yeux des hommes ne peuvent soutenir.

Le mot thrône se prend au figuré pour royaume, état ; affermissez votre thrône par la clémence, Prov. xx-28. Il désigne aussi la demeure d’un roi ; Jesus-Christ, dans S. Matt. c. v. 34. défend de jurer par le ciel, qui est le thrône de Dieu, ni par aucun autre thrône ; c’est que l’abus des sermens étoit fréquent chez les Juifs. & que ces sermens étoient approuvés. (D. J.)

Thrônes, (Crit. sacr.) θρόνοι ; ce mot se trouve dans l’Ep. aux Coloss. j. 16. Toutes choses, dit l’apôtre, ont été par Dieu, visibles ou invisibles ; soit les thrônes, θρόνοι, ou les dominations, les principautés, ou les puissances : il s’exprime ainsi par allusion aux chérubins dont parle Isaïe & Ezéchiel, qui sont dit figurément être au-tour du thrône du Tout-puissant, parce qu’ils étoient représentés sur l’arche ; mais les hommes ayant forgé une hiérarchie céleste & réelle, ont imaginé que les thrônes étoient les anges de cette hiérarchie, & qu’ils étoient ainsi nommés, parce qu’ils servoient comme de thrônes à la majesté de Dieu. Les peres de l’église ont crû qu’il y avoit trois especes d’anges ; selon eux, ceux du premier ordre, s’appellent les thrônes, & siegent immédiatement au-dessous de la Divinité ; voilà, dit Clément d’Alexandrie, ceux qui sont πρωτόκιστοι.

THRONI, (Géogr. anc.) ville & promontoire de l’île de Cypre, sur la côte méridionale. Le nom moderne est Cabo de Pile, selon Lusignan. (D. J.)

THRONIUM, (Géog. anc.) ville des Locres Epicnémidiens, & dans les terres. Cette ville étoit très-ancienne, puisqu’il en est fait mention dans Homere, Iliad. B. v. 533. Scylax est le seul qui place cette ville dans la Phocide. Elle reçut son nom de la nymphe Thronia. (D. J.)

THRUMBUS, s. m. terme de Chirurgie, tumeur formée par un sang épanché, & grumelé sous les tégumens en conséquence d’une saignée. Ce mot vient du grec θρόμϐος, qui signifie un grumeau de sang.

La cause de cette tumeur vient de ce qu’on n’a pas fait l’ouverture de la peau assez grande faute d’élévation, ou quand il se présente un morceau de graisse à l’ouverture, alors une portion du sang qui ne peut sortir librement, se glisse dans les cellules du corps graisseux, & forme la tumeur dont nous parlons.

Quand le thrumbus est petit, il suffit de mouiller avec de l’eau fraîche, la compresse qu’on applique sur la plaie ; la résolution se fait à merveille par ce petit secours. Si la tumeur est considérable, il faut mettre du sel marin entre les doubles de la compresse mouillée. La résolution s’opere très-aisément & sans inconvénient que l’échymose consécutive du bras. Dans les personnes dont le sang est vicié, sur-tout lorsqu’on a négligé les secours indiqués, le plus pe-

tit thrumbus attire la suppuration des levres de la plaie.

Voyez Saignée. (Y)

THRYALLIS, (Botan.) nom donné par Nicande, & quelques autres écrivains, à une espece verbascum ou mollaine, employée par les anciens dans leurs couronnes & leurs guirlandes. Dioscoride l’appelle lychnitis, parce qu’elle étoit d’usage pour servir de meche dans les lampes des Grecs, qui en employoient les tiges après les avoir réduites en petits filets. (D. J.)

THUBEN, (Géog. anc.) ville de l’Afrique intérieure. Pline, l. V. c. v. la met au nombre de celles qui furent subjuguées par Cornelius Balbus. (D. J.)

THUBUNA, (Géog. anc.) ville de la Mauritanie césarienne, selon Ptolomée. M. Shaw paroît assez bien fondé à la retrouver dans Thabne, ville du pays de Zab, située dans une belle plaine entourée d’un mur de terre. Elle a des jardins & de l’eau ; son terrein produit du froment, de l’orge, du coton, des dattes, & d’autres fruits ; mais les Arabes ont tellement détruit les murs & les édifices de l’ancienne Thubuna, qu’il seroit impossible de déterminer quelle en fut autrefois l’enceinte. (D. J.)

THUIN, (Géog. mod.) en latin du moyen âge, Thudinium ; petite ville dans l’évêché de Liege, sur la droite de la Sambre, entre Maubeuge & Charleroi, environ à trois lieues de chacune de ces villes. Thuin est bâtie sur une hauteur, & doit son origine aux anciens abbés de Lobes, dans le x. siecle. Long. 21. 52. lat. 50. 16. (D. J.)

THULÉ ou THYLÉ, (Géog. anc.) par les Grecs θούλη ; île de l’Océan septentrional, que tous les anciens géographes joignent aux îles Britanniques : mais il y a de grandes difficultés à fixer sa situation, parce que les anciens n’ont point parlé de sa grandeur. Virgile, Géorgiq. l. I. vers 30. appelle cette île ultima Thule. Ptolomée, l. VII. c. v. Agathamere & le géographe Etienne, disent que durant les équinoxes les jours sont à Thulé de vingt heures, & que le milieu de l’île est à 63 degrés de l’équateur. De-là Cellarius pense que par l’ile de Thulé, les anciens n’ont point entendu l’Islande, mais l’île de Schetland, ou l’île de Fero, soumises au roi de Danemark, & dont la position s’accorde avec celle que Ptolomée donne à l’île de Thulé. Le témoignage de Tacite, Vie d’Agric. c. x. appuie ce sentiment : car il dit qu’en navigeant autour de la Grande Bretagne, on apperçoit l’île de Thulé. Or l’Islande est trop éloignée pour pouvoir être apperçue des côtes de la Grange Bretagne.

Cependant si l’on s’en rapporte à Procope, qui s’est fort étendu sur cette île, l. III. de bello Goth. c. xiv. Thule est dix fois plus considérable que la Grande Bretagne ; elle en est assez éloignée, & est presque déserte du côté du septentrion. Ce discours a engagé plusieurs géographes à prendre la grande Scandinavie, pour être l’île de Thulé. Ortelius pense en particulier, que Thulé est une partie de la Norwege, dont le nom même s’est conservé dans celui de Tilemarck, province de ce royaume. La convenance qui se trouve entre la latitude & la longitude de Tilemarck, avec celle que Ptolomée donne à l’île de Thulé, sert à fortifier la conjecture d’Ortelius ; mais il faut remarquer en même tems, que Procope avoue qu’il ne parle de Thulé que sur le récit d’autrui, & qu’il n’a jamais vu cette île. Il résulte de ce détail que le Thulé des anciens nous est encore inconnu. (D. J.)

THUMELITA, (Géog. anc.) ville de la Lybie intérieure, située aux environs de la source du fleuve Cinyphis. (D. J.)

THUR, la, (Géog. mod.) petite riviere d’Alsace. Elle a sa source dans les montagnes de Vosge, coule dans le Sundgaw, & se perd dans l’Isle, à dix lieues de sa source. (D. J.)

THURIA, (Géog. anc.) 1°. ville du Péloponnese, dans la Messénie. Strabon, l. VIII. dit qu’Æpea, qui de son tems s’appelloit Thuria, étoit voisine de