Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des sacrifices pour obtenir une année abondante. On se livroit d’ailleurs à la joie ; on faisoit des festins & des danses ; & M. Mallet croit que c’est cette fête qui a donné lieu aux réjouissances que les peuples du nord font encore aujourd’hui, à l’occasion des fêtes de Noël. Par les fonctions que la mythologie celtique attribuoit au dieu Thor, César l’a confondu avec le Jupiter des Grecs & des Romains. Lucain lui donne le nom de Taranis, mot qui signifie encore aujourd’hui tonnerre, chez les habitans de la principauté de Galles en Angleterre. Le même jour de la semaine qui étoit consacré à Jupiter chez les Romains, c’est-à-dire le jeudi, étoit consacré à Thor chez les peuples du nord, & il s’appelle encore aujourd’hui Thors dag, le jour de Thor ; d’où est venu le thur’s day des Anglois, qui signifie le jeudi. Voyez l’introduction à l’hist. de Danemarck. (—)

THORA, s. f. (Hist. nat. Botan.) thora folio cyclaminis, J. B. thora venenata, Gen. seu pthora valdensium, Clus. Ad. Lobel. Aconitum pardalianches, seu thora major, C. B. P. Ranunculus, cyclaminis folio, asphodeli radice, Tournefort.

Cette plante est une espece de renoncule qui pousse de sa racine deux ou trois feuilles presque rondes, semblables à celles du cyclamen, mais une fois aussi grandes, dentelées en leurs bords, nerveuses, fermes, attachées par des queues. Il s’éleve d’entr’elles une tige à la hauteur d’environ demi-pié, garnie en son milieu d’une ou de deux feuilles pareilles à celles d’en-bas, mais sans queue. Ses fleurs naissent aux sommités de la tige, composées chacune de quatre pétales jaunes disposés en rose. Quand cette fleur est passée, il paroît un fruit arrondi, où sont ramassées en maniere de tête, plusieurs semences plates. Sa racine est à petits navets, comme celle de l’asphodele. Cette plante contient beaucoup de sel corrosif & d’huile ; on se sert de son suc pour empoisonner les fleches & les armes dont on tue les loups, & autres bêtes nuisibles.

La thora croît en abondance dans les montagnes de Savoie & de Piémont. Comme son suc est un poison très-actif, on accusa les malheureux Vaudois de l’avoir employé dans les guerres qu’ils eurent à soutenir pour leur défense contre la France & le duc de Savoie en 1560, parce qu’un petit nombre de vaudois battit leurs troupes en plusieurs occasions ; on les accusa, dis-je, d’avoir trempé la pointe de leurs épées & de leurs dards dans le suc de leur thora ; mais la vérité est que ces braves gens réduits au désespoir, combattoient pour leurs vies, leurs biens & leur religion, & qu’ils tremperent leurs épées dans la rage & la vengeance.

Mais ce qu’il y a de plus vrai, c’est que les Espagnols, dans le tems que l’arbalete étoit leur arme principale, empoisonnerent réellement leurs fleches, comme ils firent en 1570, dans leurs combats contre les Maures, en se servant du suc d’une espece d’ellebore noir qui vient dans les montagnes de Castille. Ils se servirent aussi du suc d’une espece d’aconit qui croît au voisinage de Grenade, & qu’on nomme par cette raison dans le pays, herbe d’arbalete. L’effet de ces deux poisons est de produire des vertiges, des engourdissemens, l’enflure du corps, & la mort. (D. J.)

THORACHIQUE, canal, (Anatom.) conduit par lequel le chyle est porté dans le cœur. C’est un canal mince & transparent qui s’étend le long de l’épine du dos, entre la veine azygos & l’aorte ; passe derriere l’aorte à gauche, monte derriere la veine souclaviere gauche, & s’ouvre dans la partie postérieure de cette veine attenant le côté externe de la jugulaire interne.

Il mérite toute l’attention des physiciens ; car, comme dit Cowper, si nous considérons dans ce ca-

nal ses diverses divisions & inoculations, le grand

nombre des valvules qui s’ouvrent de bas en haut, sa situation avantageuse entre la grande artere & les vertebres du dos, & que c’est-là où vont se décharger les vaisseaux lymphatiques qui rapportent la lymphe des poumons & des parties voisines, nous trouverons que tout conduit à la démonstration de l’art suprème que la nature emploie pour avancer le chyle, & pour le pousser perpendiculairement de bas en-haut.

Pecquet s’est illustré par la découverte qu’il fit en 1651 de ce reservoir du chyle dans l’homme ; c’est encore par lui que nous savons évidemment que les veines lactées portent le chyle à ce reservoir, qu’il passe de-là par des veines particulieres à-travers la poitrine jusqu’à la hauteur de l’épaule gauche, entre dans la veine souclaviere, & est porté droit au cœur. Il faut en voir la figure dans Cowper, car la plûpart des autres anatomistes ont représenté d’après Eustachi, le reservoir du chyle tel qu’il est dans la bête.

Il importe d’observer que le canal thorachique est exposé à des jeux de la nature. Pecquet a trouvé, en 1657, dans un sujet, que ce canal communiquoit avec la veine émulgente, & dans un autre sujet avec la veine lombaire droite. Il se termine dans les uns par une ampoule, & dans les autres par plusieurs branches réunies ; il est encore quelquefois double, un de chaque côté, & quelquefois accompagné d’appendices pampiniformes.

Il montre dans les bêtes des variations, comme dans l’homme. On sait que dans les chiens & les autres animaux qui n’ont point de clavicule, ce canal se décharge ordinairement dans la veine de la patte antérieure gauche ; mais Pecquet & Verheyen ont vu ce conduit se décharger dans la veine de la patte antérieure droite. Bartholin a trouvé une des deux branches qui s’inseroit dans la veine de la patte antérieure gauche, & une autre dans la droite. Enfin Vanhorne a eu occasion de voir l’une des deux branches s’ouvrir dans la veine jugulaire. (D. J.)

Les arteres thorachiques, ou mammaires externes, viennent de l’axillaire qui fournit trois ou quatre rameaux, qui se distribuent au grand & au petit pectoral, au grand dentelé, au grand dorsal & à toutes les parties circonvoisines ; elles communiquent avec les mammaires internes & les intercostales. On peut les distinguer par rapport à leur situation, en antérieure, en moyenne & en inférieure.

THORÆ, (Géog. anc.) peuples de la tribu Antiochide, selon Etienne le géographe, & selon M. Spon, Thoræ étoit un lieu maritime entre Phalere & Sunium. (D. J.)

THORAX, s. m. en Anatomie, est cette partie du corps humain qui forme la capacité de la poitrine, & renferme le cœur & les poumons. Voyez Pl. anat. (Ostéol.)

Ce mot vient du grec θορειν, satire, sauter, à cause du battement continuel du cœur qui est renfermé dans la poitrine. Galien nomme aussi le thorax, cithara, & dit qu’il contient les parties qui excitent à l’amour.

Le thorax est aussi appellé second ventre, ou ventre moyen, & proprement le coffre ou la poitrine. Voyez Ventre.

Il est terminé en haut par les clavicules, & en-bas par le cartilage xiphoïde & le diaphragme. La partie antérieure se nomme le sternum ; les parties latérales les côtes ; les parties postérieures sont l’épine & les vertebres du dos & l’omoplate. Voyez Cotes, Sternum, &c.

Outre le cœur & les poumons, le thorax contient encore la veine-cave ascendante, l’aorte, la veine & l’artere pulmonaire, la trachée artere, l’œsophage, &c.