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supérieures sont de l’astrologie ; les inférieures de la chymiologie.

La providence & la bonté du créateur ont fait que les astres invisibles des autres élémens, eussent leurs représentations en especes visibles, dans l’élément suprème, & que les lois des mouvemens, & les productions des tems y fussent expliquées.

Il y a deux cieux ; le ciel externe, ou l’aggrégat de tous les corps dans le firmament ; l’interne, ou l’astre invisible, le corps insensible de chaque astre ; celui-ci est l’esprit du monde ou de la nature ; c’est hylecs ; il est diffus dans tous les astres, ou plutôt il les constitue ; il les est.

Tout émane du dedans, & naît des invisibles & occultes ; ainsi les substances corporelles visibles viennent des incorporelles, des spirituelles, des astres, & sont les corps des astres ; leur séjour est dans les astres ; les nues sont dans les antres.

Il suit que tout ce qui vit, tout ce qui croît, tout ce qui est dans la nature, est signé, possede un esprit syderé, que j’appelle le ciel, l’astre, l’ouvrier caché, qui donne à ce qui est, sa figure & sa couleur, & qui a présidé à sa formation : c’est-là le germe & la vertu.

Il ne faut pas entendre ce qui précede du corps visible ou invisible des astres dans le firmament, mais de l’astre propre de chaque chose ; c’est celui-ci, & non l’autre qui influe sur elle.

Les astres intérieurs n’inclinent ni ne nécessitent l’homme, c’est l’homme plutôt qui incline les astres, & les attaque par la magie de son imagination.

Le cours de chaque ciel est libre ; l’un ne gouverne point l’autre.

Cependant les fruits des astres, ou semences célestes, aériennes, aqueuses, terrestres, conspirent & forment une république qui est une ; elles sont citoyennes d’une même province ; elles se secourent & se favorisent mutuellement ; c’est l’anneau de Platon, la chaîne d’Homere, ou la suite des choses soumises à la divine providence ; la sympathie universelle ; l’échelle générale.

Il y a trois principes des choses ; ils sont dans tout composé ; la liqueur ou le mercure, le soufre ou l’huile, & le sel.

La Trinité sainte a parlé ; son verbe un & triple, que cela soit fait, a été proféré, & tout a été cru un & triple ; témoin l’analyse spagirique.

Dieu a dit que cela soit, & la matiere premiere a été ; eu égard à ses trois principes, elle fut triple ; ces trois especes qu’elle contenoit se séparerent ensuite, & il y eut quatre especes de corps ou élémens.

Les vrais élémens spirituels sont les conservateurs, les nourriciers, les lieux, les matrices, les mines & les reservoirs de toutes matieres ; ils sont l’essence, l’existence, la vie & l’action des êtres, quels qu’ils soient.

Ils sont partagés en deux spheres, l’une supérieure, c’est le feu, ou le firmament & l’air, qu’on peut comparer au blanc ou à la coque de l’œuf ; l’autre inférieure, c’est l’eau & la terre, qu’on peut comparer au jaune.

Le Créateur, par la vertu du verbe, développant la multitude qui étoit dans l’unité, & cet esprit qui étoit porté sur les eaux, combinant les principes des corps, ou les revêtant de l’habit sous lequel ils devoient paroître sur la scène du monde, & leur assignant leurs lieux, donnerent à ces quatre natures incorporelles, inertes, vuides & vaines, la lumiere & les raisons séminales des choses qui les ont remplies par la bénédiction divine, & qui ne s’y éteindront jamais.

Les semences des choses, les astres qui les lient, sont cachés dans les élémens des choses, comme dans un abîme inépuisable, où dès le commencement

de la matiere les visibles se font par les invisibles, les extrèmes se touchent & se joignent, tout s’engendre dans des périodes de tems marqués ; les élémens conspirent au bien général ; c’est ainsi que la sympathie universelle subsiste ; les élémens président au monde, ils suffisent à son éternité.

Les germes, ou principes des choses, ont reçu du Verbe la vertu de génération & de multiplication.

On ne peut séparer les semences ou germes, des élémens ; ni les principes du corps, des lois de nature.

Les productions, & les semences les plus petites, suivent l’harmonie universelle, & montrent en abregé l’analogie générale des élémens & des principes.

Les élémens sont en tout, ils sont combinés, & la combinaison s’en conserve par le moyen du baume & de la teinture radicale.

Toutes les créatures sont formées des élémens : on rapporte à l’air la production des animaux, à la terre celle des végétaux, à l’eau celle des minéraux ; le feu donne la vie à tout ce qui est.

Le corps des élémens est une chose morte & ténébreuse ; l’esprit est la vie ; il est distribué en astres qui ont leurs productions & qui donnent leurs fruits ; de même que l’ame sépare d’elle le corps, & y habite ; les élémens spirituels, dans la formation générale, ont séparé d’eux les corps visibles, & y habitent.

Du corps igné se sont séparés les astres visibles ; du corps aqueux, les métaux ; du corps salin, les minéraux ; du corps terreux, les végétaux.

Il y a deux terres ; la terre extérieure visible, qui est le corps de l’élément, le soufre, le mercure du sel ; la terre interne & invisible qui est l’élément, la vie, l’esprit, où sont les astres de la terre, qui produisent par le moyen du corps terreux, tout ce qui croît : la terre a donc en elle les germes & la raison séminale de tout.

Il en faut dire autant des autres élémens ; ils sont ou corps & composés de ces trois principes ; ou ils sont élémens, un & esprit, & contiennent les astres d’où naissent comme d’une mer ou d’un abîme les fruits des élémens.

Notre feu n’est point un élément, il consume tout, tout meurt par lui ; mais le feu, premier & quatrieme élément, qui contient tout, comme la coque enveloppe l’œuf, c’est le ciel.

Un élément n’est ni ne peut être séparé de tout autre ; il y a en tout combinaison d’élément.

Les astres des élémens sont les germes ; il y a quatre élémens ; il y a deux choses toujours unies, le corps & l’astre, ou le visible & l’invisible ; le corps naît & s’accroît de l’astral, le visible de l’invisible ; il reste en lui ; & c’est ainsi que se propagent & multiplient les puissances ou vertus invisibles, les semences, les astres ; elles se distribuent sous une infinité de formes diverses ; elles se montrent en une infinité d’êtres, par le moyen du corps visible.

Lorsqu’une semence, un germe, ou un astre meurt ou se corrompt dans sa matrice ; aussitôt il passe dans un nouveau corps & se multiplie : car toute corruption est cause d’une génération.

Voila la raison pour laquelle les chimistes ont recours à la putréfaction ; c’est ainsi qu’ils obtiennent la régénération, dans laquelle les trois élémens se manifestent avec toutes leurs propriétés secrettes.

Les trois élémens premiers sont unis dans tout corps ; c’est cette union qui constitue le corps sain ; la santé est la température de l’union ; où elle n’est pas ou s’altere, la maladie s’introduit, & avec elle le principe radical de la mort.

Les maladies sont ou élémentaires, ou astrales & firmamentales ; celles-ci naissent du firmament ou ciel de l’homme ; celles-là, de son germe ou de ses astres.