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bailliage ; c’est auprès de ce bourg que commence la montagne de Vosge, qui s’étend jusque vers Weissembourg. (D. J.)

THAPSAQUE, (Géogr. anc.) Thapsacus ou Thapsacum, ville de Syrie, sur l’Euphrate, où l’on passoit ce fleuve pour venir de la Mésopotamie dans l’Arabie déserte, & pour aller de l’Arabie déserte dans la Mésopotamie. Elle n’étoit pas loin de l’embouchure du Chaboras dans l’Euphrate ; les anciens en ont beaucoup parlé. Il paroît par la route que tenoient les rois d’Assyrie en venant vers la Palestine, qu’ils devoient passer l’Euphrate à Thapsaque.

Tous les anciens géographes ne s’accordent pas à mettre cette ville dans la Syrie. Ptolomée, liv. V. ch. xix. la marque dans l’Arabie déserte, mais aux confins de la Syrie. Pline, liv. V. ch. xxiv. & Etienne le géographe la mettent dans la Syrie. Ce dernier dit qu’elle fut bâtie par Seleucus : cela ne se peut pas, du-moins n’en jetta-t-il pas les fondemens ; il put la réparer ou l’orner. Ce qu’il y a de certain, c’est que Thapsaque subsistoit long-tems avant Séleucus. Xénophon, de Ciri exped. liv. I. pag. 150. nous apprend que cette ville étoit grande & opulente du tems de Cyrus. C’est à Thapsaque, selon Arrien, l. I. p. 116. & liv. III. p. 168. que Darius passa l’Euphrate, soit lorsqu’il marcha contre Alexandre, soit dans sa fuite, après qu’il eut été vaincu. (D. J.)

THAPSIA, s. f. (Hist. nat. Botan. anc.) les anciens ont décrit sous le nom de thapsia, outre la racine vénéneuse que nous connoissons, trois autres plantes fort différentes ; savoir le bois de Lycie qui teint en jaune, la racine de Scythie, qui est notre réglisse, & la luteola, qui est notre gaude ; le mot grec thapsos signifie une couleur jaune-pâle, & s’applique indifféremment à une chose qui est telle en elle-même ou par artifice. (D. J.)

Entre les huit especes de ce genre de plante comptées par Tournefort, nous décrirons la plus cultivée par les curieux, thapsia, seu turbith garganicum, semine latissimo, I. R. H. 315.

Cette plante est haute de deux ou trois piés ; sa tige & ses feuilles sont férulacées ; ses fleurs sont en ses sommités disposées en ombelles ou parasols, comme celles de l’anet, de couleur jaune ; chacune de ces fleurs est ordinairement à cinq pétales disposés en rose vers l’extrémité du calice : lorsque cette fleur est passée, ce calice devient un fruit composé de deux graines longues, grises, canelées sur le dos, environnées d’une grande bordure applatie en feuillet, & échancrée ordinairement par les deux bouts : sa racine est moyennement grosse, longue, chevelue en sa partie supérieure, de couleur grise-blanchâtre, & quelquefois noirâtre en-dehors, empreinte d’un suc laiteux très-acre, corrosif & amer. Cette plante croît aux lieux montagneux : on fait sécher sa racine pour la conserver, après en avoir ôté le cœur ; elle a à-peu-près la même figure que celle du véritable turbith, mais elle est plus légere, plus blanche, & beaucoup plus âcre. Elle excite des convulsions très-dangereuses, qu’on ne peut appaiser, dit Clusius, que par les acides & l’huile ; aussi est-elle bannie de la médecine ; mais les racines de quelques autres especes de thapsie ne sont pas si redoutables. (D. J.)

THAPSOS, s. m. (Hist. nat. Botan. anc.) nom donné par les anciens à une espece de bois d’un jaune pâle, dont ils se servoient pour la teinture de leurs laines.

Quelques savans ont imaginé, sans aucune bonne raison, que thapsos & thapsia étoient une même plante ; cependant le thapsia étoit une plante dont la racine passoit pour vénéneuse, & le thapsos étoit un arbre dont le bois, je ne dis pas la racine, mais le bois du tronc & les grosses branches, servoient à la teinture ; comme la couleur naturelle de ce bois étoit

d’un jaune pâle & livide, il devint un emblême de la mort, & quelques écrivains grecs employerent le mot thapsos pour un nom de la couleur des corps morts. Il est vraissemblable que le thapsos étoit le bois du lycium, dont les peuples de Crete se servoient alors pour teindre les étoffes en jaune. Dioscoride nous dit que de son tems on l’employoit aussi pour teindre les cheveux de cette couleur, & pour les rendre d’un blond doré que les Grecs goûtoient beaucoup. (D. J.)

THAPSUM, s. m. (Hist. nat. Botan. anc.) nom que les anciens auteurs romains ont donné au verbascum, en françois molaine ou bouillon blanc ; mais comme il y avoit plusieurs autres plantes dont les noms approchoient de celui de thapsum, entr’autres le thapsia, on jugea nécessaire d’ajouter une épithete au thapsum pris pour le verbascum, & on l’appella thapsum barbatum.

Les Grecs employerent le mot thapson ou thapsos pour le bois d’un arbre qui teignoit en jaune, ainsi que pour désigner la couleur jaune. Le genistella tinctoria, en françois spargelle, fut appellé thapsum, parce que ses fleurs sont jaunes. Le verbascum eut aussi ce nom par la même raison, & les fleurs de ces deux plantes servoient également à teindre les cheveux en blond doré. L’épithete barbatum vient peut-être des feuilles qui sont couvertes d’un duvet cotoneux, dont elles paroissent comme barbues. (D. J.)

THAPSUS, (Géog. anc.) ville de l’Afrique propre. Ptolomée, l. IV. c. viij. en fait une ville maritime au midi de la petite Leptis. Dans la table de Peutinger, Thapsus est marquée à huit milles de la petite Leptis. Strabon écrit de deux façons le nom de cette ville. Dans un endroit il dit πρὸς Θάψῳ, ad Thapso, & plus bas, après avoir parlé d’Adryme ou Adrumete, il dit : εἶτα Θάψος πόλις, deinde est urbs Thapsus. Cette ville étoit très-forte ; & la guerre de Cesar, & encore plus sa victoire, rendit la ville de Thapsus fameuse. (D. J.)

THARAZ, (Géog. mod.) ville des confins du Turquestan. Tous les habitans sont musulmans. Long. suivant Abulfeda, 89. 50. latit. septentrionale, 44. 25. (D. J.)

TARGELIES, s. f. pl. (Antiq. greque.) θαργήλια, fêtes que les Athéniens célebroient en l’honneur du Soleil, auteur de tous les fruits de la terre. On y faisoit l’expiation des crimes de tout le peuple, par un crime encore plus grand, c’est-à-dire, par le sacrifice barbare d’un homme & d’une femme, qu’on avoit eu soin d’engraisser auparavant à cet effet : l’homme servoit de victime expiatoire pour les hommes, & la femme pour son sexe : on nommoit ces victimes φαρμακοὶ & καθάρματα.

La premiere dénomination leur venoit d’un certain Pharmacos, qui anciennement avoit été lapidé pour avoir dérobé les vases sacrés destinés au culte d’Apollon, larcin dans lequel Achille l’avoit surpris. Peut-être regardoit-on ces victimes comme des médicamens, φάρμακα, propres à purger Athènes de ses iniquités.

Ces victimes portoient de colliers de figues seches ; elles en avoient les mains garnies, & on les frappoit pendant la marche avec des branches de figuier sauvage, après quoi on les brûloit, & on jettoit leurs cendres dans la mer. Comme les figues entroient pour beaucoup dans cette cérémonie cruelle, de-là vient le nom ou l’air qu’on y jouoit sur la flûte κραδίαν, de κράδη, figuier, branche de figuier, comme qui diroit l’air des figuiers ; mais quant aux autres détails qui concernent les thargelies, on peut consulter Meursius dans ses leçons attiques, l. IV. & dans sa græcia feriata. Voyez aussi Potter. Archæol. græc. l. II. c. xx. t. I. p. 400. & suiv. (D. J.)

THARGELION, s. m. (Calend. d’Athènes.) mois