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Tête, (Archit.) ornement de sculpture qui sert à la clé d’un arc, d’une platebande, &c. Les têtes représentent ordinairement des divinités, des vertus, des saisons, des âges, &c. avec leurs attributs, comme un trident à Neptune, un casque à Mars, un caducée à Mercure, un diadème à Jupiter, une couronne d’épis à Cerès, &c. On emploie aussi des têtes d’animaux par rapport aux lieux, comme une tête de bœuf ou de bélier, pour une boucherie ; de chien, pour un chenil ; de cerf ou de sanglier, pour un parc ; de cheval, pour une écurie, &c.

Tête de bœuf, ou de bélier décharnée. Ornement de sculpture des temples des payens, par rapport à leurs sacrifices, qui entroit dans les métopes de la frise dorique, & dans d’autres endroits. Il y a une tête de bœuf à une sépulture de la famille Métella, près de Rome, appellée à cause de cela, capo di bove.

Tête de chevalement. Piece de bois qui porte sur deux étaies, pour soutenir quelque pan de mur ou quelque encoignure, pendant qu’on fait une reprise par sous-œuvre.

Tête de mur. C’est ce qui paroît de l’épaisseur d’un mur dans une ouverture, qui est ordinairement revêtu d’une chaîne de pierre ou d’une jambe étriere.

Tête de voussoir. C’est la partie de devant, ou de derriere d’un voussoir d’arc.

Tête perdue. On appelle ainsi toutes les têtes ou boutons, vis & cloux qui n’excedent point le parement de ce qu’ils attachent ou retiennent. Daviler.

Tête de canal, (Archit. hydraul.) c’est l’entrée d’un canal, & la partie la plus proche du jardin, où les eaux viennent se rendre après le jeu des fontaines. C’est aussi un bâtiment rustique en maniere de grotte, avec fontaines & cascades, au bout d’une longue piece d’eau. Telle est la tête du canal de Vaux-le-vicomte, qui est un ouvrage très-considérable.

Tête de maure, (Artillerie.) espece de grenade qu’on tire avec le canon. (D. J.)

Tête de porc, caput porcinum, disposition de troupes dont les anciens se servoient quelquefois. Voyez Coin.

Tête, se dit dans la marche des troupes, de la partie la plus avancée ou qui marche la premiere ; ainsi la tête d’une colonne, dans les marches, est formée des premieres troupes de la colonne. La tête est opposée à la queue, qui est formée des troupes qui marchent les dernieres.

La tête du camp, est aussi sa partie la plus avancée ou qui fait face à l’ennemi. Voyez Front de bandiere.

Dans les sapes, la tête est de même la partie la plus avancée du travail vers la place. (Q)

Tête de la tranchée, (Fortific.) c’est sa partie la plus avancée vers la place. Voyez Tranchée.

Tête ou Tête de more, (Marine.) Voyez Chouquet.

Tête de l’ancre, (Marine.) c’est la partie de l’ancre, où la vergue est jointe avec la croisée.

Tête du vent, (Marine.) c’est le tems où le vent commence à souffler.

Tête, en Musique ; la tête ou le corps d’une note, est cette partie de la note qui en détermine la position, & à laquelle tient la queue quand elle en a. Voyez Queue.

Avant l’invention de l’Imprimerie il n’y avoit que des notes noires ; car la plûpart des notes étant quarrées, il eût été trop long de les faire blanches en écrivant. Dans l’impression, on forma des têtes de notes blanches, c’est-à-dire vuides dans le milieu. Aujourd’hui les unes & les autres sont en usage, &, toutes choses d’ailleurs égales, une tête blanche marque toujours une durée double de celle d’une tête noire. Voyez Notes, Valeur des notes, &c.

Tête du rouet, en terme de Cardeur, c’est le bout du rouet qui pose à terre, & qui porte les marionettes, les tasseaux, & la broche.

Tête, en terme de Cirier, c’est l’extrémité d’une bougie, d’un cierge, &c. par laquelle ils doivent être allumés : on a soin d’enfermer la tête de la meche dans un feret, pour l’empêcher de s’imbiber de cire. Voyez Feret.

Tête de bougie, (Cirerie.) c’est le côté où la meche n’est point couverte de cire ; cette tête se fait en mettant le haut de la meche dans des ferets lorsqu’on commence la bougie, & en coupant avec un couteau de bois la cire du côté de cette meche, quand on l’a roulée pour achever. Savarv. (D. J.)

Tête à trois coups, (Clouterie.) on appelle ainsi les clous ordinaires pour les distinguer des clous à crochets & des clous à tête plate : ce nom de tête à trois coups, leur vient de ce qu’on en forge la tête en la frappant trois fois du marteau, ce qui forme trois especes de triangles irréguliers. (D. J.)

Tête de champignon, (Clouterie.) ce sont de grands clous dont la tête est ronde, de près d’un pouce de diametre, & presque d’autant de hauteur, creuse en-dedans, & de la figure d’un champignon ; ils ont deux pointes soudées ensemble, longues d’environ six pouces, qui s’ouvrent & se rivent séparément, quand elles ont percé les planches & traverses où on les attache ; ils servent aux portes cocheres dont ils arrêtent les barres qui sont derriere, & forment en-devant une espece d’ornement en quinconce. (D. J.)

Tête emboutie, en terme de Cloutier, c’est la plus grosse sorte de broquettes qui se fassent & se débitent par les cloutiers : elle est ainsi nommée de ce que la tête du clou en est relevée & arrondie. (D. J.)

Tête platte, (Clouterie.) on nomme ainsi les clous à ardoise & à latte, qu’on appelle autrement clous à bouche. (D. J.)

Tête rabatue, (Clouterie.) les clous à tête rabattue, sort de gros clous qui servent à clouer & attacher les bandes de fer qu’on met aux roues de charrette ; ceux qui sont destinés aux roues de carrosses & de chaises ne sont pas si forts, & s’appellent simplement clous à bandes. (D. J.)

Tête de mort, terme de Doreur, les peintres & doreurs du pont Notre-Dame & du quai de Gêvres, appellent ainsi les bordures de bois uni qui ont six pouces de hauteur sur quatre pouces neuf lignes de largeur : leur nom vient de ce que les premieres estampes pour lesquelles on les fit, représentoient une tête de mort. Savary. (D. J.)

Tête, en terme d’Epinglier, n’est autre chose qu’un tour de laiton en forme d’anneau, que l’on a filé sur le moule au rouet, & coupé un-à-un, pour être fortement appliqué sur le métier, à la partie de l’épingle destinée à l’empêcher de blesser les doigts, ou de sortir de l’endroit où on l’a piquée.

Tête, (Fonder. de caracteres.) ce mot se prend quelquefois parmi les fondeurs de caracteres d’Imprimerie, pour ce qu’on nomme autrement l’œil de la lettre ; on doit pourtant y faire quelque différence, l’œil étant proprement la gravure en relief de la lettre, & la tête le haut ou la table de la lettre où est cette gravure : une lettre bien fondue ne doit être ni forte en pié, ni forte en tête. (D. J.)

Tête. (Jardinage.) s’emploie pour désigner le haut d’un parterre ; on dit la tête d’un bois, d’un canal, d’une cascade, pour exprimer la partie par où commencent ces pieces.

Tête et queue, terme de Manufacturiers, on dit chez les Manufacturiers & chez les Marchands, qu’une piece d’étoffe a tête & queue, quand elle n’a point été entamée, qu’elle est toute entiere. (D. J.)

Tête de cheval, (Maréchal.) elle doit en gé-