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médailles greques & dans le bas Empire, qui portent le diadème ou la couronne, témoin Jotape, Theodora, Galeria Valeria.

La couronne des empereurs est ordinairement de laurier, le droit de la porter fut accordé à Jules-César par le sénat, & ses successeurs ont continué d’en jouir.

Justinien est le premier qui ait pris une espece de couronne fermée, qui tantôt est plus profonde en forme de bonnet, & tantôt plus plate en approchant du mortier de nos présidens, excepté qu’elle est surmontée d’une croix, & souvent bordée de perles à double rang. C’est ce que M. du Cange nomme camelaucium, que l’on a confondu ordinairement avec le mantelet qu’on appelle camail, à cause de la ressemblance du mot, quoique l’un soit fait pour couvrir les épaules, au lieu que l’autre est pour couvrir la tête.

Les couronnes radiales se donnoient aux princes, lorsqu’ils étoient mis au rang des dieux, soit devant, soit après leur mort : cette sorte de couronnes n’étant propres qu’à des déïtés, comme dit Casaubon.

Je ne prétens pas néanmoins faire de cela une maxime constante ; car je sai combien il y faudroit d’exceptions, particulierement depuis les douze Césars. Nous ne voyons point qu’aucun empereur vivant ait pris la couronne radiale avant Néron, qui la méritoit le moins de tous ; Auguste même n’ayant eu cet honneur qu’après sa mort.

Il se trouve sur les médailles plusieurs autres façons de couronnes qu’il faut distinguer : les unes appellées rostrales, sont composées de proues de vaisseaux enlacées les unes dans les autres ; elles se donnoient après les victoires navales. Agrippa reçut cette couronne d’Auguste, après qu’il eut défait les flottes de Sextus Pompeius, & de M. Antoine.

D’autres appellées murales, sont composées de tours ; c’étoit la récompense de ceux qui avoient pris des villes, comme c’est l’ornement des génies & des déités qui les protegent. C’est pourquoi Cybele, déesse de la terre, & tous les génies particuliers des provinces & des villes, portent des couronnes tourelées.

On en voit de chêne que l’on donnoit à ceux qui avoient sauvé la vie à un citoyen ; telle est celle qui enferme les inscriptions, ob cives servatos, & qui se voit quelquefois sur la tête même du prince.

Il y en a de destinées à couronner ceux qui remportoient le prix aux jeux publics. Ainsi aux jeux de l’isthme de Corinthe, nommés isthmia, les victorieux étoient couronnés d’ache, qui est une espece de persil plus fort & plus grand que le nôtre ; on en voit la forme sur une médaille de Néron. Hadrien en faveur d’Antinoüs, en fit faire une de lotus, à laquelle il donna son nom, Ἀντινόεια, qui se lit sur ses médailles.

Les prêtres pour marquer le sacerdoce, en faisoient de crânes de bœufs, enlacés avec les plats où l’on mettoit les entrailles des victimes, & les rubans dont elles étoient parées quand on les conduisoit à l’autel ; cette couronne se trouve sur une médaille d’Auguste.

Les déités ont leurs têtes ornées de couronnes particulieres ; Bacchus est couronné tantôt de pampre, tantôt de lierre ; Hercule en porte une d’un feuillage semblable au lierre ; celle de Cérès est d’épis de blé ; celle de Flore est de fleurs.

Au reste, le lecteur peut voir sur les couronnes, les diadèmes & les autres ornemens de tête, représentés sur les médailles des rois, des empereurs, des impératrices, des prêtres, des athletes, &c. le savant ouvrage de Charles Paschal, intitulé Caroli Paschalii coronæ opus, libris X. distinctum, quibus res omnis coronaria, è priscorum monumentis eruta, continetur.

Paris, 1610 in-4°. & Lugd. Bat. 1671, in-8°.

On peut aisément connoître à l’œil les différentes façons de casques, soit à la greque, soit à la romaine. C’est le plus ancien habillement de tête qui paroisse sur les médailles, & le plus universel ; les rois, les empereurs, & les dieux même s’en sont servis. Le casque qui couvre la tête de Rome, a d’ordinaire deux aîles, comme le pétase de Mercure. Celui de quelques rois est paré des cornes du Jupiter Hammon, ou simplement de cornes de taureau ou de belier, pour marquer une force extraordinaire.

Les habillemens étrangers sont la mitre des rois d’Arménie & de Syrie, presque semblable à celle de nos évêques, excepté qu’elle est quelquefois carrée, ou crenelée par le haut. Tel est sur les médailles l’ornement de tête d’Abgare roi d’Edesse.

La tiare, fort semblable à celle des papes, servoit aux rois de Perse & aux Parthes.

On voit aussi le bonnet phrygien ou arménien, sur les médailles de Midas, d’Athys, & sur celle de Zemiscès, dont le revers qui représente l’adoration des mages, fait voir ces trois princes avec ce même bonnet. Telle est du moins la pensée de M. du Cange, que tout le monde n’approuve pas : mais ce n’est pas ici le lieu de décider ce différend.

Plusieurs rois grecs ont affecté de se coëffer de la dépouille de lion, à l’imitation d’Hercule, comme Philippe pere d’Alexandre. A leur exemple quelques empereurs s’en sont parés, Commode, Alexandre, Severe, &c. c’est ce qui paroît par les têtes de leurs médailles.

Le voile qui couvre souvent la tête des princes & des princesses, marque ou les fonctions sacerdotales qu’ils exercent, comme de faire des sacrifices, ou qu’ils sont mis au rang des dieux ; honneur qui leur a été rendu par les Payens jusqu’à Constantin, dont on souffrit l’apothéose sur la monnoie, les empereurs chrétiens ne se croyant pas encore assez maîtres pour bannir généralement toutes les cérémonies payennes. Mais bientôt après, les princes & les princesses affecterent par dévotion, de faire paroître sur leurs médailles une main qui sortoit du ciel, & qui leur mettoit la couronne sur la tête ; telles sont les médailles d’Eudoxia & de son mari Arcadius, d’Honorius, de Galla Placidia, &c.

On remarque quelquefois, sur-tout dans les médailles du bas Empire, tout-autour de la tête des empereurs, une espece de cercle rayonnant que l’on appelle nimbe. Voyez Nimbe.

Les têtes des déités portent comme les princes, ou la couronne, ou le casque, ou le voile, ou le bonnet, ou quelqu’autre symbole qui les doit faire reconnoître.

La couronne de laurier distingue Apollon, & le génie du sénat ou du peuple, appellé ἱερὰ σύνκλητος ἱερὸς δῆμος.

La couronne d’épis, est le symbole de Cérès.

La couronne de fleurs fait connoître Flora.

La couronne de lierre ou de pampre, marque Bacchus ou les bacchantes.

La couronne de rayons marque le Soleil, quand les rayons partent de la tête, sans être liés par un cercle.

Le casque convient à Mars & à Minerve ; mais quand il est surmonté par le chat-huant, c’est indubitablement Minerve.

La barette avec deux aîles, est le chapeau de Mercure, nommé par les Latins petasus.

Un bonnet sans bords, comme nos bonnets de nuit, marque Vulcain, les Cyclopes, ou les cabires & forgerons.

Deux semblables bonnets, surmontés chacun d’une étoile, marquent Castor & Pollux. On dit que ce sont les coques des œufs dont on prétend qu’ils sont sortis.