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le quatorzieme jour après leurs couches, en se rendant au temple, & en marquant aux dieux par quelques présens la reconnoissance dont elles étoient pénétrées pour leur heureuse délivrance. Potter. Archæol. græcq. tom. I. p. 432, & tom. II. p. 335. (D. J.)

TESSEAUX, voyez Barres de hune.

TESSERÆ LAPIDEÆ ou Dés fossiles, (Hist. nat.) c’est ainsi que quelques auteurs ont nommé des dés à jouer que l’on trouve, dit on, assez souvent dans la terre, dans le voisinage de la ville de Bade en Suisse, ce qui a fait aussi nommer ces dés tesseræ badenses. Quelques auteurs ont pris ces dés pour des pierres à qui la nature avoit donné la figure qu’ils ont ; mais pour peu qu’on renonce à l’idée du merveilleux, on s’apperçoit aisément que ce sont des véritables dés semblables à ceux avec lesquels on joue actuellement, faits d’os comme eux, excepté que leur séjour dans la terre & l’humidité ont pu leur causer quelque altération. Il n’est pas si aisé de deviner par quel accident ces dés ont été portés dans l’intérieur de la terre.

TESSÉRAIRE, (Art milit. des Rom.) parmi les Romains le tesséraire étoit un bas officier qui prenoit à l’armée le mot du tribun écrit sur une tablette, & le portoit au centurion. Cette maniere de donner le mot du guet parut plus sûre que de le donner de vive voix, parce que le mot donné de vive voix peut être mal entendu & mal rapporté. Voyez Militaire, discipline des Romains. (D. J.)

TESSERE, (Littérat.) tessera ; ce mot avoit chez les Romains plusieurs acceptions différentes. Il signifioit un dé à jouer ; il vouloit dire aussi le mot du guet, à la faveur duquel les soldats se reconnoissoient entr’eux & se distinguoient des ennemis. Plusieurs croyent que ce mot signifioit encore une mesure de blé qu’on donnoit aux soldats. Du tems des empereurs on distribuoit au peuple des tesseres, pour aller recevoir les présens qu’on lui faisoit en blé, en huile, en or, en argent, & en autres choses d’un prix plus ou moins considérable. Quelques tesseres ont servi de sceaux.

Le nom de tessere se donnoit aussi aux marques ou contremarques qu’on distribuoit au peuple pour l’entrée des théâtres. Celles de ce genre qui sont fort communes, justifient, ou plutôt font excuser l’usage où nous sommes de les attribuer sans distinction aux théâtres. Leur matiere étoit arbitraire, & leur forme varioit suivant leur destination.

Plusieurs tesseres étoient d’ivoire ; elles exigeoient nécessairement la main du sculpteur pour former le relief dont elles étoient décorées, & celles du graveur pour marquer les lettres ou les différens signes que portoient ces trois sortes de billets. Parmi celles de cette espece qui nous sont restées, il y en a un grand nombre de forme ronde & semblables aux pieces de monnoie ; l’une représente une tête d’empereur, avec des lettres au revers ; une autre un masque de théâtre, ayant aussi des lettres au revers ; une troisieme un homme à cheval ; le revers ne présente point de lettres, mais seulement un signe de convention.

Plusieurs autres tesseres étoient de bois, ainsi que celles que l’on a trouvées à Herculaneum ; leur forme est singuliere. Voyez-en les Planches.

Un grand nombre étoit de plomb & de forme semblable aux monnoies. Elles représentoient des divinités égyptiennes ou grecques, des têtes d’empereurs, ou tels autres signes qu’on jugeoit à-propos. Voyez Tesseraire, Tessere de gladiateur, Tessere d’hospitalité, &c. (D. J.)

Tessere de gladiateur, (Antiq. rom.) espece de certificat d’os ou d’ivoire sur lequel on lit qu’un tel gladiateur a combattu un tel jour en public.

La plûpart des inscriptions sont gravées sur une

petite tablette d’os de la forme d’un cube prolongé par les deux côtés opposés, ou d’un prisme quadrilatere, & cette tablette est parfaitement semblable à plusieurs de celles que Thomassin a fait graver dans son traité de tesseris hospitalitatis.

Parmi les différentes especes de tesseres dont cet antiquaire a parlé dans son ouvrage, il n’a pas négligé de faire mention des tesseres qu’on avoit coutume de distribuer dans les jeux solemnels, & en particulier de celles qu’on donnoit aux gladiateurs, comme une sorte de certificat qu’ils avoient combattu un tel jour en public. C’est même de cette espece de tesseres qu’on trouve un plus grand nombre aujourd’hui. Il y en a quelques-unes dans le second dialogue d’Antoine Augustin sur les médailles, dans les recueils de Gruter & de Reinésius ; mais on peut en voir une collection beaucoup plus ample dans l’ouvrage de Fabretti.

La figure de toutes ces tesseres est la même ; elles sont toutes, ou d’os, ou d’ivoire ; les inscriptions qu’on y lit, sont ordinairement distribuées en quatre lignes qui occupent les quatre faces du prisme, & quelquefois en trois lignes seulement ; ces inscriptions ne contiennent que le nom du gladiateur, le jour où il avoit paru en public, & les noms des consuls de cette année ; rarement y est-il fait mention de l’arme dont le gladiateur s’est servi ; il y en a cependant une sur laquelle est gravé un trident, pour marquer que Philomusus est du nombre de ces gladiateurs nommés rétiaires, qui combattoient avec un filet dans une main & un trident de l’autre. La tessere d’Hermia qui étoit dans le cabinet de M. le président de Mazangues, n’est chargé d’aucun symbole ; ainsi il n’est pas possible de décider dans quelle espece de combat ce gladiateur s’est distingué. L’inscription doit être lue ainsi : Hermia spectatus ante diem xv. kalendas Decembris, Q. Fusio R Vatinio consulibus.

La plus ancienne de ces tesseres qui nous soit connue, est datée du consulat de M. Terentius & de C. Cassius, c’est-à-dire, l’an de Rome 681 ; la seconde est de l’an 684 ; la troisieme de l’an 694 ; la quatrieme de l’an 696 ; la cinquieme de l’an 701 ; celle de M. de Mazangues est la sixieme dans l’ordre des tems, puisqu’elle est de l’an 707. Mém. des Inscript. tom. XV. in-4°. (D. J.)

Tessere de l’hospitalité, (Hist. rom.) tessera hospitalitatis, marque justificative de l’hospitalité qu’on avoit contractée avec quelqu’un.

Les personnes de quelque rang chez les Romains possédoient dans leurs maisons beaucoup plus de logement qu’elles n’en pouvoient occuper, afin d’avoir toujours des appartemens prêts pour y recevoir les étrangers avec lesquels elles jugeoient à-propos de contracter un droit d’hospitalité ; & ce droit, par une obligation respective, se transmettoit jusqu’aux descendans.

Le gage & le témoignage assuré de la convention consistoit dans certaines marques doubles d’ivoire ou de bois, qu’ils nommerent tesseres d’hospitalité.

On ne peut donner une idée plus approchante de ces marques, qu’en les comparant à ces tailles dont se servent nos boulangers & quelques ouvriers, pour marquer la quantité de marchandises qu’ils nous ont fournies à diverses reprises. C’étoient pareillement des marques de bois coupées dans la même piece, qui faisoient deux morceaux séparés, & qui en se joignant n’en formoient plus qu’une, sur laquelle on avoit gravé quelques caracteres qui se correspondoient. Ces sortes de tailles formoient la lettre de créance, & à leur présentation on reconnoissoit ses hôtes.

Quand deux personnes avoient contracté ensemble l’engagement d’hospitalité, chacune gardoit une de ces marques ; elles servoient non-seulement à ceux qui avoient ce droit personnellement, mais encore