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tertia pars, est une redevance seigneuriale qui est dûe en quelques lieux au seigneur, pour la concession de terres plantées en vignes.

Dans la coutume de Chartres, ce droit a lieu, suivant l’article 113, il se prend sur les vins, à la cuve, ou autre vaisseau à vin, & le sujet doit avertir le seigneur, son procureur, receveur, ou commis, avant de tirer son vin, à peine de soixante sols d’amende.

Ce droit paroît venir de la tierce, tertia, ou troisieme partie des fruits en général, qui se payoit anciennement au propriétaire par son serf, ou colon, qui faisoit valoir la terre de son maître. Voyez Bouque.

Ce droit de terceau revient à ce que l’on appelle complaire en Poitou, quart-pot en Bourbonnois, vinage à Senlis. (A)

TERCERE, (Géog. mod.) île de la mer du Nord, & la plus considérable entre les Açores ; elle a environ quinze lieues de tour, trente mille habitans, & est toute environnée de rochers qui la rendent presque imprenable. Cette île est abondante en poisson, en viande, en fruits, en gros bœufs qui sont les plus beaux du monde, en racines qu’on nomme barates, & en blé ; mais elle manque d’huile, de sel, de chaux, & de toutes sortes de poterie. On conserve le blé dans des puits creusés en terre, & scellés d’une pierre à leur ouverture.

La capitale de l’île se nomme Angra ; elle a cinq paroisses, & est le siege d’un évêque, suffragant de Lisbonne. Son havre fait en forme de croissant, est le seul mouillage qu’il y ait dans l’île ; le principal commerce de Tercere, est en pastel ; les passages des flottes de Portugal & d’Espagne, qui vont aux Indes, au Brésil, au Cap-verd, apportent par le commerce du profit aux habitans.

Les Portugais ayant observé que lorsqu’un vaisseau est au méridien des Açores, l’aiguille marine frottée d’aiman, regarde directement le septentrion, sans aucune variation ni vers l’orient, ni vers l’occident, mais qu’au-delà & au-deçà, elle incline un peu vers l’une ou l’autre partie du monde, cette observation leur a fait placer à Tercere le premier méridien, au-lieu que les François le posent dans l’île de Fer, l’une des Canaries. (D. J.)

TERCOT, TERCO, ou TERCOL, Voyez Torcou.

TÉRÉBENTHINE, s. f. (Hist. des drogues exot.) c’est un suc résineux de divers arbres ; car quoique ce mot ne convienne qu’à la seule résine qui découle du térébinthe, on l’étend à divers autres sucs ; mais on connoît en particulier, dans les boutiques des droguistes curieux, cinq sortes de térébenthines, dont nous allons parler, savoir celle de Chio, de Perse, de Venise, de Strasbourg, & la commune.

La térébenthine de Chio, s’appelle terebenthina Chia, vel Cypria, off. c’est un suc résineux liquide, qui découle du térébinthe, blanc, jaunâtre, ou de la couleur du verre, tirant un peu sur le bleu, quelquefois transparent, de consistance tantôt plus ferme, tantôt plus molle, flexible & glutineux. Lorsqu’on frotte la térébenthine entre les doigts, elle se brise quelquefois en miettes ; le plus souvent cependant, elle est comme le miel solide, elle cède & s’attache aux doigts comme lui ; son odeur est forte, mais non désagréable, semblable à celle de la résine du mélese, c’est-à-dire à la térébenthine de Venise, sur-tout lorsqu’on la manie dans les mains, ou qu’on la jette sur les charbons ; elle est modéremment amere au goût & acre : on estime beaucoup celle qu’on apporte directement des îles de Chio, & de Cypre ; c’est de ces îles qu’elle tire son nom. Les anciens la connoissoient, & en faisoient usage.

Cette résine découle d’un arbre qui vient sans culture dans l’île de Chio. Il est déja décrit : parlons

donc du même térébinthe de Languedoc & du Dauphiné ; c’est le terebinthus vulgaris, C. B. P. terebinthus, J. B. Cet arbre est toujours verd, de la grosseur d’un poirier ayant une écorce cendrée & gersée ; ses branches s’étendent au large, & les feuilles y sont alternativement rangées, conjuguées, roides & fermes, peu différentes de celles du laurier, mais plus obscures ; les fleurs, au commencement de Mai, se trouvent ramassées par grappes au bout des petites branches ; ces fleurs sont des étamines de couleur pourpre, auxquelles il ne succede aucun fruit ; car l’espece qui rapporte du fruit, a des fleurs qui n’ont point d’étamines ; les fruits viennent aussi en grappes ; ils sont arrondis, longs de deux ou trois lignes, ayant une coque membraneuse, rougeâtre ou jaunâtre, un peu acide, styptique, & résineuse : cette coque n’a qu’une loge, souvent vuide, d’autres fois pleine d’une amande.

Cet arbre est chargé vers l’automne de certaines vessies attachées aux feuilles & aux rameaux, assez semblables à celles qui naissent sur les feuilles de l’orme, mais de couleur purpurine ; quelquefois l’on trouve à l’extrémité des branches des excroissances cartilagineuses, de la figure des cornichons, longues de quatre, cinq, six doigts, & davantage, de formes différentes, creuses & roussâtres : ces excroissances étant ouvertes, paroissent contenir, de même que les vessies, une petite quantité d’humeur visqueuse, couverte d’ordures cendrées & noirâtres, & de petits insectes aîlés. Tous les auteurs qui ont parlé de cet arbre, ont fait mention de ces excroissances, & elles ne sont autre chose que des especes de gales produites par des insectes qui piquent les feuilles, y déposent leurs œufs, & leur fournissent par-là une matiere propre à les faire éclore, les nourrir ensuite, & les conserver par une sage prévoyance de la nature. On ne ramasse point de résine de ces vessies, ni de ces excroissances ; mais on la retire du bois : on fait des incisions aux troncs, & aux branches de cet arbre, après qu’il a poussé ses bourgeons, ainsi qu’aux autres arbres qui sont résineux ; de ces incisions il découle une résine d’abord liquide, qui s’épaissit peu-à-peu, & se désseche.

Celle que répand abondamment le térébinthe de Chio, est épaisse, d’une couleur blanche tirant sur le bleuâtre, presque sans saveur, & sans odeur, s’attachant fort légerement aux dents, & s’endurcissant facilement. La récolte de ce suc se fait en incisant en-travers, avec une hache, les troncs des gros térébinthes, depuis la fin de Juillet, jusqu’en Octobre ; la térébenthine qui en coule, tombe sur des pierres plates, placées sous ces arbres par les paysans ; ils l’amassent avec des petits bâtons qu’ils laissent égoutter dans des bouteilles : on la vend sur les lieux trente ou trente-cinq parats l’oque, c’est-à-dire, les trois livres & demie & une once. Toute l’île n’en fournit pas plus de trois cens oques. Cette liqueur passe pour un grand stomachique dans le pays ; nous parlerons plus bas de ses vertus.

Kæmpfer fait particulierement mention de la térébenthine de Perse, très-usitée parmi les Orientaux ; elle n’est pas différente de celle de Cypre : on la recueille des térébinthes qui abondent dans les montagnes, dans les déserts, aux environs de Schamachia en Médie, de Schiras en Perse, dans les territoires de Luristan, & ailleurs. Les habitans retirent beaucoup de liqueur résineuse, qui coule pendant la grande chaleur, du térébinthe auquel on a fait une incision, ou de lui-même, ou des fentes & des nœuds des souches qui se pourrissent. Ils font un pen cuire cette liqueur à un feu lent, & ils la versent avant qu’elle commence à bouillir ; étant refroidie, elle a la couleur & la consistance de la poix blanche.

Cette térébenthine ne sert chez les Orientaux que