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scalpel, ou par l’application d’un caustique. (D. J.)

TENAILLE, s. f. (outil à l’usage de presque tous les Ouvriers.) il sert à arracher ou à tenir quelque chose. On appelle le mord de la tenaille, les deux demi-cercles qui sont à un bout, parce qu’en se rencontrant quand on les ferme, ils mordent pour ainsi dire toutes les choses qui se trouvent entre deux. Outre cette tenaille commune à toute sorte d’ouvriers, il y en a de particulieres à certains arts & métiers, comme aux orfévres, aux fondeurs, aux monnoyeurs, aux maréchaux, aux serruriers, &c. Voyez les articles suivans.

Tenaille, s. f. (Docimastique.) entre les ustensiles que l’art des essais rend indispensables, on fait usage de quatre sortes de ténailles, forcipes.

La premiere est composée de deux leviers de fer, longs de deux piés, épais de deux lignes, & attachés par le milieu à l’aide d’un axe qui permet à leurs bras de s’ouvrir & de se fermer sans vaciller. Les bras destinés à prendre les vaisseaux se termineront en une espece d’arc de cercle, dont la convexité sera tournée du côté de la partie extérieure, l’un desquels sera garni, comme d’une sous-tendante, d’une petite branche de fer large de deux lignes, épaisse d’une seule, & longue à-peu-près de deux pouces. La partie de rayon, comprise entre chacun de ses arcs & sa corde, sera de trois lignes. Pour manier aisément cette tenaille, on fait des anneaux à ses bras supérieurs en les courbant. Elle sert à retirer de dessous la mouffle, les scorificatoires, les coupelles & aux autres petits vaisseaux ; ce qui se fait en insinuant les doigts de la main droite dans les anneaux de sa partie supérieure, la soutenant avec la main gauche pour lui donner plus d’appui, & en pinçant le bord droit du vaisseau, l’arc soutenu étant tourné en-dehors, pour l’empêcher de vaciller.

La seconde tenaille est une pince faite d’une lame d’acier sort polie, trempée comme un ressort, presque pointue par son extrémité inférieure, & longue de six pouces. Elle est employée à prendre les grains de fin qui restent sur les coupelles ; ou autres petits corps quelconques.

La troisieme tenaille déstinée à prendre des moyens creusets de fusion, est longue de deux piés, ainsi que la premiere, & n’en differe que parce que les leviers dont elle est composée sont plus forts, & que ses bras inférieurs se terminent par un bec long d’un pouce & demi & large de six lignes ; ce bec doit être arqué, afin de s’ajuster aux parois des creusets qu’il doit embrasser étroitement : elle est particulierement faite pour manier les vaisseaux médiocres dont l’on verse le métal fondu dans des moules, ou dans une lingotiere.

Comme les grands creusets, & principalement ceux qui contiennent une grande quantité de métal sont plus sujets que les petits à contracter des félures, qui, à-moins qu’elles ne viennent de l’humidité de la tourte, commencent toujours par leur partie supérieure, & s’étendent pour l’ordinaire jusqu’au fond du creuset, se formant assez rarement en ligne circulaire ; on se sert pour les ôter du feu, d’une quatrieme tenaille plus forte & plus longue que la premiere : à la partie interne de son bras inférieur sera attaché un demi-cercle, dont le rayon de quatre pouces sera perpendiculaire au bras de la tenaille : le second bras sera muni de deux autres demi-cercles, l’un plus grand & l’autre plus petit que le précédent, & placés de même que lui ; mais disposés de façon qu’il restera entre chacune de leurs extrémités voisines un intervalle d’un pouce, propre à recevoir le demi-cercle du premier bras. On peut, à la faveur de cette structure, transporter les moyens comme les plus grands vaisseaux. Avant que de se servir de cette tenaille, on rougit médiocrement ses pinces, & on les appli-

que un peu au-dessous du bord supérieur du creuset,

que l’on enleve en sûreté au moyen du cercle dont l’un de ses côtés est environné. M. Cramer a joint à la description qu’on vient de lire, des tenailles nécessaires aux essais, les figures de chaque tenaille en particulier. (D. J.)

Tenailles incisives, instrument de Chirurgie dont on se sert pour couper des esquilles & des cartilages. Il y en a de différentes especes ; la premiere (Voyez fig. 2. Pl. XXI.), est longue de sept pouces & demi ; c’est une espece de pincette dont les branches sont jointes par jonction passée. Voy. Jonction passé.

L’extrémité antérieure de chaque branche est un demi-croissant, un peu alongé, plus épais près de sa jonction, mais qui va en diminuant d’épaisseur, pour augmenter en largeur, & se terminer par un tranchant qui a un pouce quatre lignes d’étendue.

Les extrémités postérieures de ces branches ont environ cinq pouces, elles sont épaisses près de leur jonction, où elles ont cinq lignes & demie de large ; leur surface extérieure est placée près de leur jonction, & elle devient plus large & arrondie vers leur extrémité, afin de leur tenir lieu de poignée ; ces extrémités sont naturellement écartées l’une de l’autre, par un ressort de deux pouces sept lignes de long, dont la base est attachée sur la branche femelle, par un clou rivé.

Pour peu qu’il y ait de résistance dans les parties qu’on veut couper avec ces tenailles, on a beaucoup de difficultés, parce que les deux tranchans s’affrontent & s’appliquent perpendiculairement l’un sur l’autre : on se sert plus commodément de l’espece de ciseaux appellés par les ouvriers cisoires. Voyez Cisoire. Cet instrument connu des ouvriers qui coupent le fer, peut être fort utile en chirurgie ; il a beaucoup de force, parce que la puissance est éloignée du point d’appui, & que la résistance est proche ; & en outre parce que les tranchans ne sont point opposés l’un à l’autre, comme dans la tenaille incisive que nous venons de décrire.

L’usage des cisoires consiste à couper des esquilles d’os, des côtes, des cartilages, &c. Voyez figure 4. Pl. XXI.

La figure 3. représente une autre espece de tenaille incisive, fort utile pour couper les ongles des piés & des mains, & principalement ceux qui entrent dans la chair. Voyez Ptegirum. On s’en sert aussi pour couper les petites esquilles d’os, & principalement les grandes inégalités qui se trouvent quelquefois après l’opération du trépan, ou bien les pointes qui percent, ou peuvent percer la dure-mere. Ces sortes de pincettes n’ont pas plus de quatre pouces de longueur ; les branches sont jointes par jonction passée ; leur partie antérieure est une petite lame longue de dix lignes, évuidée en dedans, convexe & polie en dehors, coupée en talus depuis la jonction jusqu’à la pointe, & terminée en pointe ; chaque lame est tranchante par l’endroit qu’elles se joignent ; les deux branches postérieures, qui font la poignée, sont recourbées en arc, & se tiennent écartées par un simple ressort, qui doit avoir au moins un pouce de long. (Y)

Tenaille, (outil d’Arquebusier.) ces tenailles ressemblent aux tenailles en bois des fourbisseurs ; les arquebusiers s’en servent pour serrer un canon de fusil dans l’étau ; ils en ont aussi qui sont garnies de plaques de liege, pour serrer un bois de fusil dans l’étau, attendu que s’ils ne prenoient point cette précaution, les tenailles marqueroient sur le bois, & le gâteroient. Voyez les Planches du Fourbisseur.

Tenailles droites, (outil d’Arquebusier) ces tenailles sont faites comme celles des serruriers, & servent aux arquebusiers pour faire chauffer le fer à