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qu’encore indispensable pour la premiere dissonnance, n’est pas également praticable pour toutes les autres. Voyez Dissonnance, Préparer, Syncope. (S)

Tems, en Peinture, c’est un très-petit contour. On dit, entre ces deux contours il y a un tems. On dit encore, ce contour a deux tems ; c’est-à-dire, une si petite sinuosité, qu’elle ne forme pas deux contours distincts.

Tems, on appelle ainsi en termes de Manege, chaque mouvement accompli de quelque allure que ce soit ; quelquefois ce terme se prend à la lettre, & quelquefois il a une signification plus étendue. Par exemple, quand on dit au manege, faire un tems de galop, c’est faire une galopade qui ne dure pas longtems ; mais lorsqu’on va au pas, au trot ou au galop, & qu’on arrête un tems, c’est arrêter presque tout court, & remarcher sur le champ. Arrêter un demi-tems, n’est que suspendre un instant la vitesse & l’allure du cheval pour la reprendre sans arrêter. Tems écoutés, c’est la même chose que soutenus, voyez Soutenus. Un bon homme de cheval doit être attentif à tous les tems du cheval, & les seconder à point nommé ; il ne doit laisser perdre aucun tems, autrement il laisse interrompre, faute d’aide, la cadence du cheval.

Tems, estocade de, (Escrime.) c’est frapper l’ennemi d’une botte dans l’instant qu’il s’occupe de quelque mouvement.

Tems, terme de Vénerie ; on dit revoir de bon tems, lorsque la voie est fraîche & de la nuit.

TENABLE, adj. terme de l’Art militaire, qui se dit d’une place ou d’un ouvrage de fortification que l’on peut défendre contre les assaillans. Ce terme vient du latin tenere, tenir.

On ne se sert du mot tenable qu’avec une négative : quand une place est ouverte de tous les côtés, ou que ses fortifications sont abattues, on dit que la place n’est plus tenable : de même quand l’ennemi a gagné une certaine éminence qui domine un poste, on dit ce poste n’est plus tenable. Chambers.

TENACE & TÉNACITÉ, s. f. (Physique.) on désigne par ces mots cette qualité des corps par laquelle ils peuvent soutenir une pression, une force, un tiraillement considérable sans se rompre ; la qualité qui lui est opposée se nomme fragilité. Les corps ténaces supportent l’effort de la percussion ou de la pression sans recevoir aucun dommage ; mais ici, comme dans plusieurs autres cas, où nous employons les mots dur, doux, flexible, &c. nous les prenons dans un sens relatif aux degrés ordinaires de la force humaine ; autrement il seroit bien difficile de dire ce que c’est que ténace, cassant, rude, doux, &c. Mém. de l’acad. de Berlin, année 1745. (D. J.)

TÉNACERIM, la province, (Géog. mod.) province des Indes au royaume de Siam, sur le golfe de Bengale. Elle prend son nom de sa capitale.

Ténacerim, ou Ténasserim, ville des Indes, au royaume de Siam, dans la province de Ténacerim, & près du golfe de Bengale, sur la riviere de même nom. Cette ville autrefois très-marchande, ne l’est plus aujourd’hui. Latit. 12. 45. (D. J.)

Ténacerim, le, (Géog. mod.) riviere des Indes, au royaume de Siam ; elle descend des montagnes

d’Ava, est d’une grande étendue jointe à un cours rapide, parce qu’elle est pleine de rochers. (D. J.)

TÉNACITÉ des humeurs, (Médec.) vice des humeurs, dont voici les effets. Elle cause des obstructions, des extensions de vaisseaux, des douleurs, des tumeurs sur-tout aux glandes & aux plexus artériels. Lorsque l’acrimonie est pareillement jointe à la ténacité, suivant la diverse proportion du concours de ces deux qualités, les petits vaisseaux se détruisent, les fluides s’extravasent, ce qui produit ensuite des pustules, des inflammations, des gangrenes, des ulceres, la carie & autres maux semblables. Or l’acrimonie tantôt accompagne, & tantôt suit la ténacité.

Les signes de la ténacité trop augmentée, sont des tumeurs, des douleurs, des anxiétés ; la circulation, les excrétions empêchées, la lenteur ou la viscosité des humeurs de la circulation, des secrétions, des excrétions. Si le froid se trouve avec ces signes, soyez sûr que les matieres pituiteuses dominent ; mais s’ils sont accompagnés d’une grande chaleur, cela dénote des matieres épaisses & enflammées.

Les remedes à la ténacité des humeurs consistent à les rendre mobiles, & en état de passer par les vaisseaux, on y parvient :

1°. Par des dissolvans aqueux, tiedes, en forme de boisson, de fomentation, de vapeurs, de bain, d’injection, appliqués de façon qu’ils soient approchés de la partie obsédée le plus qu’il sera possible. 2°. Par des salins résolutifs appliqués de la même maniere. Le nitre, le sel de prunelle, le sel polycreste, le nitre stibié, le sel gemme, le sel marin, le sel armoniac, la fleur de sel armoniac avec un sel alkali fixe, le borax, le sel de verre, les sels des végétaux brûlés, les sels alkalis fixes, les sels alkalis volatils, le tartre soluble, le tartre régénéré, sont les principaux. 3°. Par les matieres savonneuses faites d’huile tirée par expression, & d’alkali volatil, d’huile distillée & d’alkali volatil. La bile des animaux sert aussi au même usage, & les sucs détersifs des plantes. La laitue, l’hiéracium, la dent-de-lion, la scorsonere, la barbe-de-bouc, la chicorée, l’endive, la saponaire, sont les principales & les meilleures. 4°. Par les matieres contraires à la cause particuliere, qui fait la ténacité ; en se servant de deux alkalis dans la coagulation produite par des acides, des matieres savonneuses dans la coagulation occasionnée par le repos, d’herbes nitreuses & saponacées dans la ténacité phlogistique. 5°. Par les cordiaux, salins, aromatiques huileux, spiritueux, considérés comme devant servir d’aiguillons.

On remet les voies embarrassées en état de laisser passer les liqueurs ; 1°. en ouvrant les conduits par la boisson, les fomentations, les vapeurs, le bain ; par des eaux chaudes mélangées avec des émolliens, & des salins tempérés ; par une chaleur modérée, par des frictions seches ou humides, chaudes. 2°. La même chose se fait en fomentant, en amollissant, en agitant la matiere embarrassée dans les vaisseaux ; en sorte que le relâchement, la putréfaction, la suppuration & la résolution de la partie affectée, produisent un écoulement de matiere purulente. Il convient d’employer à cet effet de douces farines de froment, de seigle, d’avoine, de lin, de feves, de pois, de lentilles, de fénugrec, &c. des racines émollientes de mauve, de guimauve, de lis blanc, d’oignons cuits, des fleurs d’althæa, de bouillon blanc, de mélilot ; des feuilles de mauve, de guimauve, de branche ursine, de mercuriale, de pariétaire, de figuier, des jaunes-d’œufs ; des gommes aromatiques, âcres, le sagapenum, le galbanum, l’opopanax ; les emplâtres, les cataplasmes, les onguens qui se font avec ces matieres. 3°. En ouvrant les voies à la matiere ainsi préparée, par une incision faite avec un