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lumiere ; c’est un luxe qui nous manque encore.

Δαΐς, ou δᾴς, signifie proprement un flambeau ou une torche, de δαίω, j’allume ; d’où est venu le latin tæda, comme de δάσκον, tescum, δίνος, tina. On appelloit ainsi une torche faite de plusieurs petits morceaux de bois résineux attachés ensemble, & enduits de poix. Pline se sert du mot tæda pour signifier un arbre de l’espece du pin. On tiroit les tædæ du picæa, du pin, & ex omnibus δᾳδοφόροις, c’est-à-dire, de tous les arbres tédiferes. Saumaise vous en diroit bien davantage, mais je n’ose transcrire ici ses remarques d’érudition. (D. J.)

TAEL, s. m. (Poids chinois.) les Portugais disent telle, & les Chinois, leam. C’est un petit poids de la Chine, qui revient à une once deux gros de France, poids de marc ; il est particulierement en usage du côté de Canton. Les seize taels font un catis, cent catis font le pic, & chaque pic fait cent vingt-cinq livres poids de marc. Savary. (D. J.)

Tael d’argent, (Monnoie du Japon) monnoie de compte du Japon, qui passe encore à la Chine pour vraie monnoie. Le taël d’argent japonois, vaut trois guldes & demi d’Hollande. (D. J.)

Tael-pe, s. m. (Hist. nat.) nom d’un animal aussi petit qu’une hermine, dont les Chinois de Pékin font des fourrures. Ces animaux se trouvent dans la Tartarie orientale, chez les Tartares appellés Kalkas ; ce sont des especes de rats, qui forment dans la terre des rangées d’autant de trous qu’il y a de mâles dans la société ; l’un d’eux fait toujours sentinelle pour les autres à la surface de la terre, dans laquelle il rentre à l’approche des chasseurs ; ces derniers entourent leur retraite, ils ouvrent la terre en deux ou trois endroits, jettent de la paille allumée dans les trous qu’on y a faits, & par là ils font sortir ces petits animaux de leurs trous.

TÆNARUM flumen, (Géog. anc.) fleuve de Thrace, près la ville Aenus, selon Chalcondyle, cité par Ortelius. Leunclavius dit que le nom vulgaire est Tunza, & que ce fleuve se jettoit dans l’Hébrus, aux environs d’Hadrianopolis. M. de Lisle, dans sa carte de la Grece, appelle ce fleuve Tuncia.

TÆNIA, s. m. (Hist. nat. Insectologie.) autrement le ruban ; c’est une espece de ver fort i régulier du corps humain ; il est d’une grandeur indéfinie, car on prétend en avoir vu de dix à vingt toises de long ; en même tems il n’a guere que quatre à cinq lignes de largeur ; enfin il est plat comme un lacet, d’où lui vient son nom de ruban. Son corps est composé d’anneaux enchâssés régulierement les uns dans les autres, mais avec quelques différences ; les onze premiers anneaux, du côté de la tête, sont unis par une membrane fine, qui les sépare tant-soit-peu les uns des autres ; ils sont encore un peu plus épais, & plus petits que les anneaux du reste du corps ; au-dessous des six premiers articles, il y a plusieurs petites éminences rondes, placées en long, comme les piés des chenilles ; la partie supérieure de chaque articulation, c’est-à-dire celle qui est vers la tête, est reçue dans l’articulation précédente, & la partie inférieure reçoit l’articulation suivante ; ce qui fait une articulation perpétuelle ; la cavité où chaque articulation est jointe, paroît traversée par des fibres musculeuses, qui laissent entre elles de petits espaces, par où les visceres communiquent d’un anneau à l’autre. Sur les côtes de chaque articulation, on apperçoit une petite ouverture en forme d’issue, où aboutit un canal qui s’étend jusqu’au milieu de l’articulation. M. Andry a le premier observé ces ouvertures ; il les prend pour des trachées, parce que certaines especes d’insectes en ont effectivement qui sont disposées ainsi tout le long de leur corps, à chaque articulation ou incision.

La peau du tænia en fait toute la substance ; c’est un véritable muscle, formé de fibres disposées en

plusieurs sens, & entrecoupées aux jointures. Elle ne paroissent cependant qu’à l’intérieur de la peau. Le ver se plie facilement dans toute son étendue, mais principalement aux jointures.

Il est à présumer que ce ver vient d’un œuf comme tous les autres animaux ; mais comment cet œuf se trouveroit il dans le corps d’un homme ? y est-il venu de dehors, enfermé dans quelque aliment, ou même, si l’on veut, porté par l’air ? on devroit donc voir sur la terre des tænia, & l’on n’en a jamais vu. On pourroit bien supposer que le chyle dont ils se nourrissent dans le corps humain, leur convient mieux que toute autre nourriture qu’ils pourroient trouver sur la terre, sans y parvenir jamais à plusieurs toises de longueur ; mais du moins devroit-on connoître les tænias de terre, quelque petits qu’ils fussent, & l’on n’en connoit point.

Il est vrai qu’on pourroit encore dire que leur extrème petitesse les rend absolument méconnoissables, & change même leur figure, parce que tous leurs anneaux seront roulés les uns dans les autres ; mais que de cette petitesse qui les change tant, ils puissent venir à avoir dix à vingt toises de longueur, c’est une supposition un peu violente ; quel animal a jamais crû selon cette proportion ? il seroit donc commode de supposer que puisque le tænia ne se trouve que dans le corps de l’homme, ou de quelqu’autre animal, l’œuf dont il est éclos, est naturellement attaché à celui dont cet animal est venu ; & ceux qui soutiennent l’hypothèse des vers héréditaires, s’accommoderoient fort de cette idée.

Ce qu’il y a de plus sûr, c’est qu’on peut long-tems nourrir un tænia, sans s’en appercevoir. Cet hôte n’est nuisible que par des mouvemens extraordinaires, & il n’y a peut-être que de certains vices particuliers des humeurs, qui l’y obligent en l’incommodant, & en l’irritant ; hors de-là il vit paisiblement d’un peu de chyle, dont la perte se peut aisément supporter, à moins que le ver ne soit fort grand, ou qu’il n’y ait quelqu’autre circonstance particuliere, difficile à deviner. (D. J.)

TÆNIOLONGA, (Géog. anc.) ville d’Afrique, dans la Mauritanie tingitane, sur l’Océan ibérique, selon Ptolomée, liv. IV. j. Le nom moderne, selon Castald, est Mesenna. (D. J.)

TAFALLA, (Géogr. mod.) ville d’Espagne, dans la Navarre, proche la riviere de Cidaço, à cinq lieues de Pampelune. Elle est fortifiée, & dans un terroir fertile en excellent vin. (D. J.)

TAFARA, s. f. (Hist. nat. Bot.) plante de l’île de Madagascar, dont la décoction & le marc appliqué, ont une vertu admirable pour la guérison des hernies.

TAFFETAS, s. m. (Soierie) on donne le nom de taffetas à toutes les étoffes minces & unies, qui ne sont travaillées qu’avec deux marches, ou faites comme la toile, de façon que toutes les étoffes de cette espece pourroient être travaillées avec deux lisses seulement ; si la quantité de mailles dont chaque lisse seroit composée, & qui doit être proportionnée au nombre de fils, ne gênoient pas le travail de l’étoffe, chaque maille occupant plus de place que le fil dont la chaine est composée, qui doit être très-fin, surtout dans les taffetas unis. C’est uniquement pour parer aux inconvéniens qui proviendroient de la quantité de mailles, si cette étoffe étoit montée avec deux lisses, qu’on s’est déterminé à les monter sur quatre, afin que le fil de la chaîne ait plus de liberté, & ne soit point coupé par le resserrement des mailles beaucoup plus fortes & plus grosses que le même fil. Les moëres qui ne sont qu’une espece de taffetas, ont jusqu’à dix lisses, pour lever moitié par moitié ; & cela, pour que les mailles ne soient pas serrées.

L’armure du taffetas est donc la même que celle du poil du double fond, ou de la persienne ; & quoiqu’elle soit très-simple, nous en ferons la démonstration,