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par quatre prélats qui sont accompagnés de beaucoup d’autres ; on dépose le tabot sous une tente qui sert d’église dans les camps où le roi fait sa demeure ordinaire. Les missionnaires portugais ayant voulu soumettre les Abyssins au siege de Rome, tâcherent de se rendre maîtres de cet objet de la vénération du pays. Mais des moines zélés le transporterent secretement dans des endroits inaccessibles, d’où le tabot ne fut tiré qu’après l’expulssion des missionnaires catholiques, que l’on avoit trouvés trop entreprenans.

TABOURET, s. m. (Hist. nat. Botan.) je ne sai pourquoi ce genre de plante est ainsi appellé. Il est mieux nommé bourse, ou malette à berger. Tournefort en compte cinq especes, dont nous décrirons la principale, bursa pastoris major, folio sinuato, I. R. H. 216. en anglois : the great shepherd’s-purse.

Sa racine est blanche, droite, fibreuse, menue, d’une saveur douçâtre, & qui cause des nausées ; sa tige est haute d’une coudée, quelquefois unique, partagée en des rameaux situés alternativement. Ses feuilles inférieures sont quelquefois entieres, mais le plus souvent découpées profondement des deux côtés, & sans découpures.

Les fleurs naissent dans une longue suite au sommet des rameaux ; elles sont petites, en croix, ou composées de quatre pétales arrondis, blancs, & de quelques étamines chargées de sommets jaunes : leur calice est aussi partagé en quatre parties ; le pistil se change en un fruit applati, long de trois lignes, en forme de cœur, ou semblable à une petite bourse un peu large. Il est partagé en deux loges par une cloison mitoyenne, à laquelle sont attachés des panneaux de chaque côté ; ces loges renferment de très-petites graines, de couleur fauve, ou roussâtre.

Cette plante vient sur les vieilles décombres, le long des chemins, & dans les lieux incultes & deserts. Elle est toute d’usage ; on lui donne des vertus vulnéraires, astringentes, rafraîchissantes, & presque spécifiques dans l’épuisement de sang ; on la prescrit par ces raisons dans les diarrhées, les dyssenteries & le pissement de sang ; on en applique le suc sur les plaies récentes pour resserrer les vaisseaux & prévenir l’inflammation. (D. J.)

Tabouret, s. m. (Econ. dom.) placet, siege quarré qui n’a ni bras, ni dossier.

Droit de tabouret, en france, est le privilege dont jouissent les princesses & duchesses, & qui consiste à s’asseoir sur un tabouret en présence de la reine.

Tabouret, (Charpent.) espece de lanterne garnie de fuseaux en limande, à l’usage des machines pour puiser les eaux dans les carrieres.

TABOURIN, s. m. terme de galere ; c’est un espace qui regne vers l’arbre du trinquet, & vers les rambades, d’où se charge l’artillerie, & d’où l’on jette en mer les ancres. A la pointe de cet endroit est l’éperon qui s’avance hors le corps de la galere, soutenu à côté par deux pieces de bois qui s’appellent cuisses.

TABRA, s. m. (Superstition.) c’est le nom d’un rocher qui se trouve en Afrique, sur la côte du cap, & contre lequel les barques des negres font souvent naufrage ; c’est pour cette raison que les habitans en ont fait une divinité ou un fétiche, auquel ils offrent des sacrifices & des libations, qui consistent à lui immoler une chevre dont on mange une partie, & dont on jette le surplus dans la mer ; cependant un prêtre, par des contorsions ridicules & des invocations, prétend consulter le dieu pour savoir les momens qui seront favorables pour la navigation, & il se fait récompenser de la peine par les matelots qui lui font quelques présens.

TABROUBA, s. m. (Hist. nat. Botan.) fruit qui croît à Surinam sur un grand arbre de même nom, dont les fleurs sont d’un blanc verdâtre. A ces fleurs

succede un fruit qui renferme des graines blanches semblables à celles des figues. On en tire un suc qui devient noir au soleil, & qui fournit aux Indiens une teinture pour se peindre le corps. Des branches de cet arbre il sort un suc laiteux fort amer, dont les sauvages se frottent la tête pour écarter les insectes incommodes.

TABUDA, (Géog. anc.) fleuve de la Gaule belgique. Ptolomée, liv. II. ch. jx. le marque dans le pays des Marini, entre Gessoriacum-navale, & l’embouchure de la Meuse. On le nomme aujourd’hui l’Escaut, selon M. de Valois. Dans le moyen âge on l’appella par corruption Tabul & Tabula.

TABULÆ novæ, (Antiq. rom.) c’est-à dire nouveaux registres ; c’étoit le nom d’un plébiscite qui se publioit quelquefois dans la république romaine, & par lequel toutes sortes de dettes généralement étoient abolies, & toutes obligations annulées. On l’appelloit tabulæ, tablettes, parce qu’avant qu’on se servît du papyrus ou du parchemin, pour écrire les actes, on les gravoit avec un petit stile sur de petites tablettes de bois mince enduites de cire. Ce nom latin tabulæ demeura même à tous les actes publics, après qu’on eut cessé de les graver sur des plaques de cuivre, & lorsqu’on les écrivit sur du parchemin & sur du papier. On appelloit l’édit du peuple romain tabulæ novæ, parce qu’il obligeoit de faire de nouvelles tablettes, de nouveaux registres pour écrire les actes, les créanciers ne pouvant plus se servir de leurs anciens contrats d’obligation. Aulu-Gelle, liv. IX. c. vj. (D. J.)

Tabulæ, Nomina, perscriptiones, (Littérat) tabulæ, chez les Romains, étoient leurs livres de comptes, sur lesquels ils écrivoient les sommes qu’ils prêtoient, ou qu’ils empruntoient sans intérêt, ou pour lesquelles ils s’obligeoient. Nomina signifie proprement les sommes empruntées sans intérêt. Perscriptiones est à-peu-près la même chose que nos billets payables au porteur. Ainsi ces trois mots désignent les livres de compte des Romains, les sommes qu’ils prêtoient ou empruntoient sans intérêt, & leurs billets payables au porteur, soit que lesdits billets fussent à intérêt, ou sans intérêt. (D. J.)

Tabulæ, Tabularii, Tabularia, (Littér. & Inscrip. rom.) tabulæ, contrat qu’on passe ; tabularii, sont les notaires chez qui on passe les contrats : tabularia sont les greffes où l’on déposoit les minutes. Il y avoit à Rome un tabularium de l’état, où étoient déposés les titres, actes & monumens touchant les biens publics, comme domaines, droits de port, impositions, & autres revenus de la république. Ce dépôt étoit dans une salle du temple de la Liberté. « Le sage cultivateur, dit Virgile, Géorg. liv. II. borné à cultiver le fruit de ses vergers, & les dons de la terre libérale, ne connoît ni le greffe du dépôt public, ni la rigueur des lois, ni les fureurs du barreau :

» Nec ferrea juga
Insanumque forum, aut populi tabularia vidit ».


(D. J.)

TABULARIUM, (Ant. rom.) on nommoit ainsi le dépôt au greffe de Rome, où étoient les titres, actes & monumens touchant les biens publics, comme domaines, droits de port, impositions & autres revenus de la république. Ce dépôt étoit dans une salle du temple de la Liberté. (D. J.)

TABULCHANA, s. m. (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on nomme chez les Turcs l’accompagnement ou le cortege militaire que le sultan accorde aux grands officiers qui sont à son service. Le tabulchana du grand vizir est composé de neuf tambours, de neuf fifres, sept trompettes, quatre zils, ou bassins de cuivre qu’on heurte les uns contre les autres, & qui rendent un