Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/784

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

T, dans le Commerce, est d’usage dans quelques abréviations ; ainsi TRs, abregent traits ou traites, & pour livres sterlings, on met L. ST. Voyez Abréviation. Dictionnaire de Commerce.

T A

TA, ou SA, ou TSJA, s. m. (Hist. nat. Botan.) c’est un arbre fruitier du Japon, dont les branches poussent sans ordre dès le pié. Ses feuilles deviennent semblables à celles du cerisier, après avoir ressemblé, dans leur jeunesse, à celles de l’évonyme ; sa fleur differe peu de la rose des champs. La capsule séminale, qui est comme ligneuse, s’ouvre dans sa maturité, & donne deux ou trois semences, dont chacune contient un seul noyau de la figure d’une châtaigne, & couvert d’une écorce fort semblable, mais plus petit.

TAAS, (Géog. mod.) grande riviere de l’empire Russien, au pays des Samoyédes. Cette riviere semble tirer sa source d’une vaste forêt qui n’est pas loin de Jéniscéa ; & après avoir arrosé une vaste étendue de pays, elle se jette dans l’Oby, à la gauche de ce fleuve. (D. J.)

TAATA, (Géog. mod.) ville de haute Egypte, entre Girgé & Cardousse, à une centaine de lieues du Caire, & seulement à un demi-mille du rivage du Nil. Paul Lucas ne dit que des mensonges sur cette ville ; la montagne qui borne le Nil, les grottes de la montagne, les tombeaux, & le serpent qui s’y trouvent. (D. J.)

TAAUT, s. m. (Mythol. Egypt.) Taautes, Taautus, Thautes, Theuth, Thot, Thooth, Thoith, &c. car ce mot est écrit dans les auteurs de toutes ces manieres différentes ; c’est le nom propre d’un dieu des Egyptiens, & autres peuples ; tout ce que nous en savons nous vient de Sanchoniaton, par Eusebe qui même, selon les apparences, ne nous a pas toujours rendu les vrais détails de l’auteur égyptien. (D. J.)

TABA ou TABO-SEIL, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom sous lequel les Negres qui habitent la côte de grain en Afrique désignent leur roi, dont le pouvoir est très-arbitraire, vû que les peuples le regardent comme un être d’une nature fort supérieure à la leur. Sentiment qui est fortifié par les prêtres du pays, qui, comme en beaucoup d’autres endroits, sont les plus fermes supports de la tyrannie & du despotisme, lorsqu’ils n’y sont point soumis eux-mêmes.

TABAC, s. m. (Hist. nat. Bot.) herbe originaire des pays chauds, ammoniacale, âcre, caustique, narcotique, vénéneuse, laquelle cependant préparée par l’art, est devenue dans le cours d’un siecle, par la bisarrerie de la mode & de l’habitude, la plante la plus cultivée, la plus recherchée, & l’objet des délices de presque tout le monde qui en fait usage, soit par le nez, en poudre ; soit en fumée, avec des pipes ; soit en machicatoire, soit autrement.

On ne la connoît en Europe, que depuis la découverte de l’Amérique, par les Espagnols ; & en France, depuis l’an 1560. On dit qu’Hermandès de Tolede, est un des premiers qui l’ait envoyée en Espagne & en Portugal. Les auteurs la nomment en latin nicotiana, petunum, tabacum, &c. Les Amériquains qui habitent le continent l’appellent pétun, & ceux des îles yolt.

Les François lui ont aussi donné successivement différens noms. Premierement, ils l’appellerent nicotiane, de Jean Nicot, ambassadeur de François II. auprès de Sébastien, roi de Portugal en 1559, 1560, & 1561 ; ministre connu des savans par divers ouvrages, & principalement par son Dictionnaire françois-latin, in-fol. dont notre langue ne peut se passer. Il envoya cette plante de Portugal en France, avec de la graine pour en semer, dont il fit présent à Ca-

therine de Médicis, d’où vient qu’on la nomma herbe à la reine. Cette princesse ne put cependant jamais la

faire appeller médicée. Ensuite on nomma le tabac, herbe du grand-prieur, à cause du grand-prieur de France de la maison de Lorraine qui en usoit beaucoup ; puis l’herbe de sainte-croix & l’herbe de tournabon, du nom des deux cardinaux, dont le dernier étoit nonce en France, & l’autre en Portugal ; mais enfin, on s’est réduit à ne plus l’appeller que tabac, à l’exemple des Espagnols, qui nommoient tabaco, l’instrument dont ils se servoient pour former leur pétun.

Sa racine est annuelle ; son calice est ou long, tubuleux, & partagé en cinq quartiers longs & aigus ; ou ce calice est court, large, & partagé en cinq quartiers obtus. Sa fleur est monopétale, en entonnoir, découpée en cinq segmens aigus & profonds, étendus en étoile ; elle a cinq étamines : son fruit est membraneux, oblong, rondelet, & divisé par une cloison en deux cellules.

On compte quatre especes principales de tabac ; savoir, 1°. nicotiana major, latifolia, C. B. P. en françois grand tabac, grand pétun ; 2°. nicotiana major, angusti folia, I. R. B. C. B. P. 3°. nicotiana minor, C. B. P. 4°. minor, foliis rugosioribus.

La premiere espece pousse une tige à la hauteur de cinq ou six piés, grosse comme le pouce, ronde, velue, remplie de moëlle blanche. Ses feuilles sont très-larges, épaisses, mollasses, d’un verd sale, d’environ un pié de long, sans queue, velues, un peu pointues, nerveuses, glutineuses au toucher, d’un goût âcre & brûlant. Ses fleurs croissent au sommet des tiges ; elles sont d’un rouge pâle, divisées par les bords en cinq segmens, & ressemblant à de longs tubes creux. Ses vaisseaux séminaux sont longs, pointus par le bout, divisés en deux loges, & pleins d’un grand nombre de petites semences brunes. Sa racine est fibreuse, blanche, d’un goût fort âcre. Toute la plante a une odeur fort nauséabonde. Cette espece diminue considérablement en séchant, & comme on dit aux îles, à la pente ; cette diminution est cause que les Anglois en font moins de cas que de la seconde espece. En échange, c’est celle qu’on préfere pour la culture en Allemagne, du côté d’Hanovre & de Strasbourg, parce qu’elle est moins délicate.

La seconde espece differe de la précédente, en ce que ses feuilles sont plus étroites, plus pointues, & attachées à leur tige par des queues assez longues ; son odeur est moins forte ; sa fumée plus douce & plus agréable au fumeur. On cultive beaucoup cette espece dans le Brésil, à Cuba, en Virginie & en d’autres lieux de l’Amérique, où les Anglois ont des établissemens.

La troisieme espece vient des Colonies françoises dans les Indes occidentales, & elle réussit fort bien dans nos climats.

La quatrieme espece nommée petit tabac anglois, est plus basse & plus petite que les précédentes. Ses tiges rondes & velues, s’élevent à deux ou trois piés de hauteur. Ses feuilles inférieures sont assez larges, ovales, émoussées par la pointe, & gluantes au toucher ; elles sont plus petites que les feuilles des autres especes de tabacs ; celles qui croissent sur les tiges sont aussi plus petites que les inférieures, & sont rangées alternativement. Ses fleurs sont creuses & en entonnoir ; leurs feuilles sont divisées par le bord en cinq segmens ; elles sont d’un verd jaunâtre, & placées dans des calices velus. Ce tabac a la semence plus grosse que la premiere espece ; cette semence se forme dans des vaisseaux séminaux ; on la seme dans des jardins, & elle fleurit en Juillet & en Août.

Toutes les nicotianes dont on vient de parler, sont cultivées dans les jardins botaniques par curiosité ; mais le tabac se cultive pour l’usage en grande quan-