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que écrit néanmoins que de son tems, ceux de cette race se contentoient, lorsque quelqu’un d’eux mouroit, de mettre une torche ardente sur le tombeau de famille, qu’ils retiroient aussitôt, pour montrer qu’ils avoient ce privilege, mais qu’ils s’en déportoient en faisant enterrer leurs parens dans la contrée de Vélie.

Adrien mit une amende de quatre pieces d’or contre les contrevenans, & étendit cette peine aux magistrats qui l’auroient permis. Il voulut encore, pour me servir des termes du jurisconsulte Ulpien, que le lieu de la sépulture fût confisqué & profané, & qu’on exhumât le corps ou les cendres de celui qu’on y auroit enseveli. Cette ordonnance fut renouvellée par Dioclétien & Maximien, l’an 290 de l’ere chrétienne.

Des lois si formelles obligerent les Romains d’établir leur tombeaux hors de l’enceinte de Rome, & les élever sur les grands chemins les plus fréquentés, comme sur la voie appienne, la voie flaminienne, la voie latine, où l’on voyoit les sépuchres des Collatins, des Scipions, des Serviliens ; des Marcellus, &c. objets propres à porter les passans à l’imitation. des grands hommes qui étoient couchés dans ces tombeaux, & dont les noms étoient gravés sur chacun. (D. J.)

Sépulture des Chinois, (Hist. de la Chine.) les sépultures de ce peuple sont hors des villes, & autant qu’on le peut sur des hauteurs ; souvent on y plante des pins & des cyprès. Jusqu’à environ deux lieues de chaque ville, on trouve des villages, des hameaux, des maisons dispersées çà & là, & diversifiées de bosquets & de petites collines couvertes d’arbres, & fermées de murailles. Ce sont autant de sépultures différentes, lesquelles forment un point de vue qui n’est point désagréable.

La plûpart des sépulchres chinois sont bien blanchis, & faits en forme de fer à cheval. On écrit le nom de la famille sur la principale pierre. Les pauvres se contentent de couvrir le cercueil de chaume, ou de terre élevée de cinq à six piés, en forme de pyramide ; plusieurs enferment le cercueil dans une petite loge de brique, représentant un tombeau.

Pour ce qui est des grands & des mandarins, leurs sépultures sont d’une assez belle structure. Ils construisent une voute dans laquelle ils renferment le cercueil : ils forment au-dessus une élevation de terre battue, haute d’environ douze piés & de huit ou de dix pouces de diametre, qui a à-peu-près la figure d’un chapeau ; ils couvrent cette terre de chaux & de sable, dont ils font un mastic, afin que l’eau ne puisse pas y pénétrer ; ils plantent tout autour avec symmétrie des arbres de différentes especes. Vis-à-vis est une longue & grande table de marbre blanc & poli, sur laquelle est une cassolette, deux vases & deux candelabres aussi de marbre. De part & d’autre, on range en plusieurs files des figures d’officiers, d’eunuques, de soldats, de lions, de chevaux sellés, de chameaux, de tortues, & d’autres animaux en différentes attitudes, qui marquent du respect & de la douleur, autant que leurs artistes sont capables d’exprimer les passions ; vous trouverez les détails de leurs funérailles au mot Funérailles des chinois. (D. J.)

Sépulture, (Critiq. sacrée.) les Juifs avoient grand soin d’ensevelir les morts, & tenoient à deshonneur d’être privés de la sépulture ; aussi étoit-ce chez eux un office de charité que ce dernier soin, comme on le voit par Tobie, qui s’en faisoit un devoir, malgré les défenses de Sennachérib, & quoiqu’il courût risque de la vie en osant enterrer les corps des israélites qu’on exposoit aux bêtes.

Jérémie, ch. viij. 1. menace les grands, les prêtres, & les faux prophetes qui ont adoré les idoles,

de faire jetter leurs os hors de leurs sépultures, comme le fumier qu’on jette sur la terre. Le même prophete, ch. xxij. 19. prédit que Johakim, roi de Juda, qui se plongeoit dans toutes sortes de crimes, seroit jetté à la voirie.

Les Juifs cependant n’avoient point de lieu déterminé pour la sépulture des morts ; plusieurs de leurs tombeaux étoient faits dans le roc ; d’autres étoient dans les villes, à la campagne, sur les chemins, dans les jardins. Les tombeaux des rois de Juda étoient creusés sous la montagne du temple, comme l’insinue Ezéchiel, quand il dit, ch. xliij. 7. qu’à l’avenir la montagne sainte ne sera plus souillée par les cadavres des rois. Le tombeau que Joseph d’Arimathie avoit préparé pour lui-même, & qu’il destina pour le corps du Sauveur, étoit dans son jardin. Saül fut enterré sous un arbre, & Moïse, Aaron, Eléazar, Josué, le furent dans des montagnes.

Maimonides, il est vrai, fait mention du cercueil où les Juifs mettoient les morts, avant que de les déposer en terre ; mais il parle plutôt de la maniere dont les juifs dispersés ensevelissoient leurs morts, que de celle qui étoit en usage parmi eux, lorsqu’ils habitoient leur propre pays. On croit donc que du tems de J. C. après avoir préparé les corps, avant que de les mettre dans le sepulchre, ils les posoient liés de bandes & enveloppés d’un linceul, sur de petits lits, & les plaçoient ainsi dans les grottes qui étoient leurs sépulchres. Les raisons qu’on a d’en juger ainsi, sont 1°. que dans l’histoire de la sépulture & de la résurrection de J. C. il n’est fait aucune mention de cercueil. Il n’y est parlé que du linceul & des bandes de toile, dont le corps du Sauveur fut enveloppé. 2°. La même chose paroît dans l’histoire de la résurrection de Lazare. S’il avoit été enfermé dans un cercueil, J. C. ne pouvoit lui dire, Lazare, sors dehors. Il auroit fallu ouvrir le cercueil auparavant, comme il fallut ôter la pierre qui fermoit l’entrée du sépulchre, afin que Lazare en pût sortir ; ou il faudroit supposer un miracle que J. C. n’a point voulu faire, parce qu’il n’en fait point de superflu ; c’est pour cela qu’il fait ôter la pierre, avant de commander à Lazare de sortir. 3°. Dans l’histoire de la résurrection du-fils de la veuve de Naïn, Jésus s’approche du mort, & lui dit : jeune homme, levez-vous : comment auroit-il pu se lever, s’il eût été enfermé dans un cercueil ?

Quoi qu’il en soit, aussitôt que quelqu’un chez les Juifs étoit mort, ses parens & ses amis, pour marquer leur douleur de sa perte, déchiroient leurs habits, se frappoient la poitrine, & mettoient de la cendre sur leurs têtes. La pompe funebre étoit accompagnée de joueurs de flutes, d’hommes & de femmes gagées pour pleurer. Voyez Pleureurs & Pleureuses.

Sépulture, s. f. (Archit.) c’est le lieu où sont les tombeaux d’une famille, comme étoit la chapelle des Valois à S. Denis en France.

Les mahometans sont curieux de sépultures qu’ils bâtissent en forme de petites chapelles d’une architecture fort délicate. Ils appellent tarbes, celles des fondateurs des mosquées qui en sont proches. Daviler. (D. J.)

SEPULVÉDA, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, dans la vieille Castille, au sud-ouest & près de Ségovie, sur la petite riviere de Duraton. On l’appelloit anciennement Sepulvega, dont on a fait Sepulveda. Villeneuve prétend que c’est la Segortia lata de Ptolomée, l. II. c. vj. (D. J.).

SEQUANA, (Geogr. anc.) nom latin de la riviere de Seine. César & Ptolomée disent Sequana, Strabon Sequanus, & Etienne le géographe Secoanus. Cette riviere, selon César, de Bel. Gal. l. I. faisoit avec la Marne, la séparation entre les Gaulois & les Belges. (D. J.)