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Encore si elles avoient la moindre modestie, cette foible image de la vertu pourroit plaire : mais non ; les yeux sont accoutumés à tout voir, & les oreilles à tout entendre.

Bien-loin que la multiplicité des plaisirs donne aux Sybarites plus de délicatesse, ils ne peuvent plus distinguer un sentiment d’un sentiment.

Ils passent leur vie dans une joie purement extérieure ; ils quittent un plaisir qui leur déplaît, pour un plaisir qui leur déplaira encore ; tout ce qu’ils imaginent est un nouveau sujet de dégoût.

Leur ame incapable de sentir les plaisirs, semble n’avoir de délicatesse que pour les peines : un citoyen fut fatigué toute une nuit d’une rose qui s’étoit repliée dans son lit, plus doux encore que le sommeil.

La mollesse a tellement affoibli leurs corps, qu’ils ne sauroient remuer les moindres fardeaux ; ils peuvent à peine se soutenir sur leurs piés ; les voitures les plus douces les font évanouir ; lorsqu’ils sont dans les festins, l’estomac leur manque à tous les instans.

Ils passent leur vie sur des siéges renversés, sur lesquels ils sont obligés de se reposer tout le jour, sans s’être fatigués ; ils sont brisés, quand ils vont languir ailleurs.

Incapables de porter le poids des armes, timides devant leurs concitoyens, lâches devant les étrangers, ils sont des esclaves tout près pour le premier maître. (D. J.)

SYBILLE, voyez Sibille.

SYBOTA, (Géog. anc.) port de l’Epire : Ptolomée, l. III. c. xiv. le marque sur la côte d’Almene, entre l’embouchure du fleuve Thiamis & la ville Torona. (D. J.)

SYCÆ, (Géog. anc.) nom d’une ville de la Cilicie, & d’une ville de la Thrace, selon Etienne le géographe. (D. J.)

SYCAMINORUM oppidum, (Géog. anc.) Sycaminus & Sycaminon, ville de Phénicie, au pié du mont-Carmel, du côté du midi, sur la mer Méditerranée, vis-à-vis de Ptolémaïde, qui n’en est éloignée que de la largeur de son port. C’est la position que lui donne dom Calmet. Il est certain que Sycaminum étoit une ville maritime & peu éloignée de Ptolémaïde, puisque, selon Josephe, ant. l. XIII. c. xx. Ptolomée Latur y fit sa descente avec son armée, lorsqu’il vint pour assiéger Ptolémaïde.

Eusebe, in onomast. ad vocem, ἰάφεθ, dit que Sycaminos est une bourgade maritime, entre Césarée & Ptolémaïde, près du mont-Carmel, & que de son tems on la nommoit Epha, Ἐφά. Strabon qui l’appelle Sycaminorum urbs, la place entre Ptolémaïde & la tour de Straton : ce qui s’accorde avec la position que lui donne Eusebe.

Dans l’itinéraire d’Antonin elle est aussi marquée entre Ptolémaïde & Césarée, à vingt-quatre milles de la premiere de ces villes, & à vingt milles de la seconde. (D. J.)

SYCAMINOS, (Géog. anc.) ou Sycaminon, ancienne ville de la Béotie, appellée aujourd’hui Scamino, ou Sicamino, à 5 lieues de Négrepont. 2°. Sycaminos est encore une ville que Philostrate met aux confins de l’Egypte & de l’Ethiopie. Pline & l’itinéraire d’Antonin appellent cette ville Hiera Sicaminos. (D. J.)

SYCOMANCIE, s. f. divination qui se faisoit avec des feuilles de figuier, sur lesquelles on écrivoit la question ou proposition sur laquelle on vouloit être éclairci pour l’avenir. Voyez Botanomancie.

Ce mot vient du grec Συκῆ, figuier & μαντεία, divination.

SYCOMORE, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbre étranger nommé sycomorus sive ficus ægyptia par J. B. Parhinson, Rauwolf & Ray ; ficus folio mori fructum

in calice ferens. C. B. P. Son nom est formé de συκῆ, figuier, & μορέα mûrier, comme qui diroit plante qui tient du figuier & du mûrier ; en effet c’est une espece de figuier qui tient beaucoup du mûrier par ses feuilles, & qui devient un grand arbre fort rameux ; son bois est dur & robuste, noirâtre, jettant un suc laiteux quand on y fait des incisions ; ses feuilles sont semblables à celles du mûrier, mais plus rudes & moins vertes ; son fruit est une espece de figue qui croît attachée à son tronc ; il en porte trois ou quatre fois l’année ; ce fruit differe de la figue commune, premierement, en ce qu’il ne mûrit que rarement, à moins qu’on ne l’entame avec l’ongle, ou avec un couteau ; secondement, en ce qu’il ne contient point de grains ; troisiemement, en ce que son goût est plus doux. On peut cultiver cet arbre dans les pays chauds ; il a été apporté d’Egypte en Europe.

Pline, l. XIII. ch. vij. Théophraste, l. IV. c. ij. & Dioscoride, l. I. remarquent que ces figues ne murissent point qu’on ne les entame avec le couteau. Amos, VII. v. 14, avoit dit la même chose : « je ne suis pas prophete, dit-il, je suis un simple pasteur qui me mêle d’égratigner les sycomores ».

Le goût du fruit du sycomore est à-peu-près le même que celui des figues sauvages. On féconde cet arbre en faisant des fentes dans l’écorce ; il découle continuellement du lait de ces fentes : ce qui fait qu’il s’y forme un petit rameau chargé quelquefois de six ou sept figues. Elles sont creuses, sans grains, & on y trouve une petite matiere jaune, qui est ordinairement une fourmiliere de vers. Ces figues sont douces, désagréables au goût, mais elles humectent & rafraîchissent.

Il croît beaucoup de sycomores en Egypte, surtout aux environs du Caire ; quelques-uns sont si gros, qu’à peine trois hommes les pourroient embrasser. Il y en avoit aussi en Judée, puisque Zachée monta sur un sycomore pour voir passer Jesus-Christ, la petitesse de sa taille l’empêchant de le découvrir autrement dans la foule ; le mot schikamah traduit par mûrier, pseaume 77, v. 52, veut dire un sycomore.

L’arbre qu’on appelle à Paris fort improprement sycomore, n’est autre chose que le grand érable, acer majus ; la beauté de son bois le fait rechercher par les Menuisiers & les Ebénistes. Le véritable sycomore ne vient point en France. (D. J.)

SYCOPHANTE, s. m. (Littérat. greq.) συκοφάντης, c’est-à-dire, calomniateur ; mais ce mot dans sa premiere origine, & pris à la lettre, signifie un délateur, un dénonciateur de ceux qui transportent des figues hors de l’Attique, σῦκον, figue, & φαίνω, j’indique, je montre, je mets en lumiere. Les Athéniens étoient grands mangeurs de figues, & les aimoient passionnément ; ils firent une loi pour défendre qu’on en transportât hors de l’Attique ; cette loi fut une occasion aux gens du menu peuple de s’entr’accuser, & de se dénoncer les uns les autres ; mais comme assez souvent ces sortes de dénonciations étoient de pures calomnies, on se servit du mot de sycophante, pour dire un calomniateur. (D. J.)

SYCOSE, s. f. (Gram. Chirurgie.) tumeur à l’anus qui ne differe du thyme que par sa grosseur, voyez Thyme ; en grec, σύκωσις ; & en latin matisca. Celse en distingue de deux sortes : la dure & ronde, l’humide & inégale.

SYCOTA, (Littérat.) συκωτὰ, de σῦκον, figue ; c’étoit une espece de mêts fait de caryca, dont la douceur, suivant Galien, étoit amie des visceres. (D. J.)

SYCOTE, (Mythol.) surnom donné à Bacchus à cause de la nymphe Syca, ou plutôt parce qu’il a le premier planté des figues appellées en grec Συκῆ. (D. J.){lang|grc

SYCURIUM, (Géog. anc.) ville de la Thessalie,