Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/710

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les autres bâtimens, même ses tours & ses remparts, sont en bois. (D. J.)

SWILLY la, ou la SUILLIE, (Géog. mod.) riviere d’Irlande, dans la province d’Ulster, au comté de Tirconnel, Elle prend sa source au cœur de ce comté, l’arrose, & se jette dans une grande baie à laquelle elle donne le nom de lac de Swilly, quoique l’eau de ce lac soit salée. (D. J.)

SWINAR, (Géog. mod.) petite ville de la Turquie européenne, dans la Bosnie, aux frontieres de la Hongrie & de l’Esclavonie, sur la Sade, à trois milles au midi de Posega, & assez près des ruines de la Servitium d’Antonin. Long. 35. 48. latit. 45. 32. (D. J.)

SWORDS, (Géog. mod.) ville, ou plutôt bourg à marché d’Irlande, dans la province de Leinster, au comté de Dublin, proche la mer. (D. J.)

SWYNBORG, (Géog. mod.) petite ville de Danemarck, dans l’île de Funen, vis-à-vis celle de Langeland, sur le bord du détroit qui sépare la Fionie de l’île de Tassing. C’est de cet endroit que Charles Gustave, au commencement de Février 1668, fit partir son armée, & la conduisit au milieu des glaces dans les îles de Langeland, de Falster & de Sélande. (D. J.)

SY

SYAGROS, (Géog. anc.) promontoire de l’Arabie heureuse, sur l’Océan indien, au pays des Ascytæ, selon Ptolomée, l. VI. c. vij. c’est présentement capo Rizalgate, selon Barri, le cap Sfalcahat, selon Ramusio, & le cap Fartac, selon d’autres. (D. J.)

SYALAGOGUE, (Médecine.) voyez Salivant.

SYALITA, s. f. (Hist. nat. Botan. éxot.) espece de pommier du Malabar, arbor pomifera, indica, flore maximo, cui multæ innascuntur siliquæ, Hort. mal. Il est haut de quarante à cinquante piés ; sa fleur est très-belle & très odoriférante ; elle fait place à un gros fruit approchant en figure, en goût, en odeur, & en chair, des pommes acides de nos climats. (D. J.)

SYBARIS, Σύϐαρις, (Géog. anc.) 1°. ville d’Italie, dans la Lucanie, à deux cens stades de Crotone, entre deux rivieres ; le Sybaris qui lui a donné son nom, & le Crathis. Le Sybaris maintenant appellé Cochilé, rendoit, si l’on en croit Pline, ceux qui buvoient de ses eaux, d’une complexion plus robuste, & d’un teint plus noir que les autres ; elles faisoient même crêper leurs cheveux ; elles rendoient aussi les bêtes ombrageuses ; ce qui obligeoit les habitans voisins de cette riviere, d’abreuver leurs troupeaux ailleurs, parce qu’ils étoient saisis d’éternumens violens, s’ils usoient des eaux du Sybaris. Le Crathis, qui a gardé le nom de Ctathe, rendoit ceux qui en buvoient plus blancs, & d’une complexion plus foible : apparemment que les Sybarites ne buvoient que des eaux du Crathis.

Solin prétend que Sybaris avoit été fondée par les Troézéniens, & par Sagare, fils d’Ajax le Locrien ; Strabon veut au contraire qu’elle ait été fondée par les Achéens. Peut-être que cette ville avoit été seulement ornée ou agrandie par les Achéens ; car souvent les anciens auteurs se servent du mot de bâtir, pour signifier agrandir, rétablir. Quoi qu’il en soit, cette ville avec le tems s’éleva à un tel point de grandeur, qu’elle commandoit à quatre nations voisines ; qu’elle avoit l’empire sur vingt-cinq villes, & qu’elle occupoit cinquante stades de territoire, couvert de ses habitations. Diodore de Sicile, l. XII. dit que les Sybarites mirent sur pié une armée de trente mille hommes, dans la guerre qu’ils eurent contre les Crotoniates ; ces derniers néanmoins resterent les vainqueurs, & ôterent aux premiers leur gloire & leurs

richesses. Milon les repoussa jusque dans leur ville capitale, dont il forma le siége ; il s’en rendit le maître & la détruisit.

Sybaris demeura ensevelie sous ses ruines pendant cinquante-huit ans ; ensuite sous l’archontat de Callimaque à Athènes, les anciens habitans dispersés, qui restoient après cette déroute, se joignirent à quelques thessaliens, avec le secours desquels ils entreprirent de rebâtir leur ville sur ses anciens débris, & de ses démolitions ; mais les Crotoniates en prirent ombrage, & les en chasserent au bout de cinq ans. Ainsi fut détruite & sans retour, cette ville qui avoit été long-tems le scandale de l’univers par sa mollesse. Voyez-en pour preuve le mot Sybarites.

Cependant peu de tems après, une nouvelle colonie grecque fonda sous la conduite de Lampon & de Xénocrite, à quelque distance de l’ancienne Sybaris, la ville de Thurium. Voyez Thurium, n°. 1. c’est un article curieux.

2°. Sybaris, fleuve d’Italie dans la Lucanie.

3°. Sybaris. Ceux qui sont versés dans les antiquités de l’Italie, dit Pausanias, l. VI. c. xix. veulent que la ville de Lupia, qui est entre Brindes & Hydrunte, ait été appellée autrefois Sybaris. Cette ville, ajoute-t-il, a un port fait de main d’homme par ordre & sous l’empire d’Hadrien.

4°. Sybaris, fontaine du Péloponnèse dans l’Achaïe propre, près de la ville de Bura. Strabon, l. VIII. p. 386. dit qu’on prétendoit que cette fontaine avoit occasionné le nom du fleuve Sybaris, en Italie.

5°. Sybaris, ville de la Colchide, selon Diodore de Sicile, l. IV. qui en fait la résidence du roi du pays. Il ajoute que le temple de Mars où étoit gardée la toison d’or, ne se trouvoit qu’à soixante & dix stades de cette ville. (D. J.)

SYBARITES, (Hist.) peuples de Sybaris, ville de la Lucanie : les terribles échecs qu’ils éprouverent de la part des Crotoniates, ne changerent rien à leur luxe & à leur mollesse. Athénée & Plutarque vous en feront le détail que je supprime ici, persuadé qu’on aimera mieux y trouver le tableau des Sybarites modernes, par le peintre du temple de Gnide.

On ne voit point, dit-il, chez eux de différence entre les voluptés & les besoins ; on bannit tous les arts qui pourroient troubler un sommeil tranquille ; on donne des prix aux dépens du public, à ceux qui peuvent découvrir des voluptés nouvelles ; les citoyens ne se souviennent que des bouffons qui les ont divertis, & ont perdu la mémoire des magistrats qui les ont gouvernés.

On y abuse de la fertilité du terroir, qui y produit une abondance éternelle ; & les faveurs des dieux sur Sybaris, ne servent qu’à encourager le luxe & la mollesse.

Les hommes sont si efféminés, leur parure est si semblable à celles des femmes ; ils composent si bien leur tein ; ils se frisent avec tant d’art ; ils emploient tant de tems à se corriger à leur miroir, qu’il semble qu’il n’y ait qu’un sexe dans toute la ville.

Les femmes se livrent, au lieu de se rendre ; chaque jour voit finir les desirs & les espérances de chaque jour ; on ne sait ce que c’est que d’aimer & d’être aimé ; on n’est occupé que de ce qu’on appelle si faussement jouir.

Les faveurs n’y ont que leur réalité propre ; & toutes ces circonstances qui les accompagnent si bien ; tous ces riens qui sont d’un si grand prix, ces engagemens qui paroissent toujours plus grands ; ces petites choses qui valent tant ; tout ce qui prépare un heureux moment ; tant de conquêtes au lieu d’une ; tant de jouissances avant la derniere ; tout cela est inconnu à Sybaris.