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SUTRI, (Géogr. mod.) en latin Sutrium ; petite ville d’Italie dans l’état de l’Eglise, au patrimoine de S. Pierre, sur le Pozzuolo, à 10 lieues au nord-ouest de Rome. Il s’y tint un concile en 1046. Elle fut érigée en évêché au cinquieme siecle par le pape S. Hilaire ; mais son état misérable a fait réunir cet évêché à celui de Népi. Long. 30. 5. latit. 42. 10. (D. J.)

SUTRIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie dans l’Etrurie. Cette ville étoit autrefois célebre & une ancienne colonie romaine, selon Tite-Live l. IX. c. xxxij. La colonie y avoit été conduite sept ans après que les Gaulois eurent pris la ville de Rome, comme nous l’apprend Velléius Paterculus, l. I. c. xiv. Auguste l’augmenta, ce qui fait que dans une inscription rapportée par Gruter, pag. 302. n. 1. elle est appellée colonia Julia Sutria. Pline, l. III. c. v. la connoît sous le nom de colonia Sutrina, & nomme ses habitans Sutrini. L’itinéraire d’Antonin qui la marque sur la voie Claudienne, la met sur la route de Luques à Rome, entre Forum Cassii & Baccanæ, à onze milles du premier de ces lieux, & à douze milles du second. Cette ville conserve son ancien nom. On la nomme présentement Sutri. (D. J.)

SUTURE, s. f. en Anatomie, est une connexion ou d’articulation particuliere de certains os dans le corps animal ; ainsi nommée parce qu’elle ressemble à une couture. Voyez Articulation.

Il y a deux sortes de sutures, l’une appellée vraie, lorsque les os sont dentelés comme une scie, & reçus mutuellement les uns dans les autres.

L’autre appellée fausse ou écailleuse, lorsque les os avancent l’un sur l’autre comme les écailles de poisson. Voyez Écailleuse.

Les os du crâne sont ordinairement joints ensemble par trois sutures vraies ; savoir la coronale, qui va d’une tempe à l’autre. Voyez nos Planches Anat. & l’article Coronal. La sagittale qui unit les os pariétaux. Voyez l’article Sagittale. Et la lambdoïde, ainsi nommée parce qu’elle ressemble au lambda grec Λ. Voyez Lambdoïde.

Outre ces trois sutures il y en a une quatrieme, qui est fausse ou écailleuse, & que l’on suppose faussement n’être pas dentelée. Elle joint les os des tempes à l’os sphénoïde, à l’occipital, &c. & on l’appelle aussi suture temporale. Voyez nos Pl. Anat. & Écailleuse.

Les Naturalistes disent qu’en Perse on trouve souvent des gens qui ont le crâne composé d’un seul os, sans aucune suture, & sans qu’on voye résulter de-là aucun inconvénient. M. Fléchier, dans sa Vie du cardinal Ximenès, rapporte aussi la même chose de ce cardinal. Il semble néanmoins que ce défaut de sutures devroit avoir de fâcheuses suites, comme de rendre la transpiration sort imparfaite, & de causer par-là des pesanteurs de têtes & des vertiges. Voyez Crane.

La suture sphénoïdale, est une suture ainsi appellée parce qu’elle environne l’os sphénoïde qu’elle sépare du coronal, de l’os des tempes & de l’occipital. Voyez Suture, Crane, Sphénoïde, &c.

Suture du crane, (Physiolog.) on nomme suture du crâne, l’articulation ou la jonction de ses os ensemble. Selon le système des anciens, toutes les sutures du crâne se divisent en sutures vraies ou dentelées, & en sutures fausses ou écailleuses ; nous allons parler physiologiquement des unes & des autres en général.

Vésale, & après lui des Anatomistes de grande réputation, comme Fallope, Spigel, &c. prétendent qu’en examinant la calotte du crâne humain, on ne remarque sur sa face concave, à l’endroit des sutures, que des lignes plus ou moins régulieres, au lieu qu’à sa face convexe les dentelures, comme tout le

monde sait, y sont très-sensibles. On peut encore exposer cette remarque d’une autre façon, en disant que les dents qui unissent les os coronal, pariétaux & occipital entre eux, ne se trouvent qu’à la table interne & au diploé, & qu’il n’y a point de dentelure à la table interne de ces os.

M. Hunauld prévenu en faveur d’une observation qui vient de si bonne part, & qu’il avoit lui-même vérifiée plusieurs fois, fut fort étonné d’y trouver par la suite des exceptions. Il voulut s’assurer en examinant quantité de crânes, si ces exceptions n’étoient point un jeu de la nature ; & voici ce qu’il a découvert.

Les crânes qu’on étudie le plus, & dont on sépare les os pour la démonstration, sont assez souvent des crânes de sujets morts après avoir passé l’âge de la jeunesse. On ne trouve point pour l’ordinaire de dents à la table interne de ces crânes ; & plus les sujets sont avancés en âge, & plus l’union des os en-dedans de la calotte du crâne, paroît en forme de lignes ; ces lignes même s’effacent entierement dans la vieillesse. Au contraire dans le bas âge, il y a des dents à la table interne de la calotte du crâne, & les sutures paroissent à sa surface concave. Ces dents & ces sutures y sont d’autant plus apparentes que les sujets sont plus jeunes. Voilà une variété bien certaine, bien constante, & qui fait porter à faux l’observation de Vésale, & d’autres célebres anatomistes. C’est de cette variété dont M. Hunauld a tâché de développer les causes ; & c’est ce qu’il a fait avec beaucoup d’esprit.

Une voûte, dit-il, a plus d’étendue à sa surface convexe qu’à sa surface concave, & plus une voûte est épaisse, & plus sa surface interne est petite par rapport à l’externe. Cette différence d’étendue fait que les pieces qui composent une voûte doivent être taillées obliquement, pour être appliquées les unes à côté des autres. Si l’on suppose que les pieces d’une voûte fassent également effort pour s’augmenter suivant toutes leurs dimensions, la pression de ces pieces les unes contre les autres sera plus forte vers la surface concave, que vers la surface convexe. Ces idées simples appliquées à ce qui se passe dans l’augmentation du crâne, semblent fournir la raison de l’effacement des sutures internes du crâne à un certain âge.

Dans l’enfance, le coronal, les pariétaux, & l’occipital, commencent peu-à-peu à s’ajuster ensemble par le moyen des dents, & des échancrures qui se trouvent à leurs bords. Ces os sont alors très-minces, & les dents qui se trouvent gravées dans toute leur épaisseur, sont aussi longues à la table interne qu’à l’externe ; ainsi les sutures coronale, sagitale, & lambdoïde, paroissent à la surface convexe de la calote du crâne, de même qu’à la surface convexe ; mais ensuite les choses changent : les os du crâne se pressent mutuellement les uns & les autres, à mesure que leur étendue augmente : comme en même-tems leur épaisseur devient plus considérable, il faut nécessairement que les dents aient moins de longueur à la table interne qu’à l’externe, & il faut que la pointe de ces mêmes dents soit taillée obliquement, car la calote du crâne ainsi qu’une voûte, a moins d’étendue à sa surface concave, qu’à sa surface convexe ; ainsi les bords des os qui la composent, pour pouvoir s’appliquer à côté les uns des autres, doivent être taillés obliquement.

A mesure que l’épaisseur du crâne augmente, les dents deviennent de plus en plus moins longues à la table interne qu’à l’externe ; cette inégalité de longueur fait que les échancrures, qui ne sont que les interstices des dents, ont aussi moins d’étendue à la surface concave du crâne, qu’à la surface convexe ; par conséquent si l’on regarde le dedans de la calote