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absolument l’opération. Le nouveau speculum gravé Pl. XXXIV. fig. 5. n’a pas ces inconvéniens. On monte à vis le coin de bois, sur la branche du côté opposé à celui où l’on doit opérer. Ce coin est entre les dents molaires. La plaque contient la langue. On avoit cru mal-à-propos que la surface polie de la plaque refléchiroit dans le fonds de la gorge les rayons de lumiere d’une bougie : mais c’est une fausse spéculation, puisque l’haleine ternit cette plaque.

Speculum oculi, ou miroir de l’œil, instrument qui tient l’œil ouvert & assujetti de maniere à permettre au chirurgien d’y faire les opérations convenables. M. Petit a imaginé le speculum annulaire. Celui qui est représenté Pl. 23. fig. 6. sert pour les injections dans le point lacrimal inférieur, & on voit, fig. 7. celui qui convient pour assujettir la peau de la réunion des deux paupieres, & la bander afin de faire l’opération de la fistule lacrimale.

Il y a un autre instrument propre pour l’opération de la cataracte. C’est une espece de coulisse plate & à jour, composée de deux jumelles exactement quarrées, qui ont environ trois pouces de longueur & de rectitude, sur une ligne de large. Elles se recourbent ensuite, & se jettent en-dessous de la longueur de six à sept lignes, pour s’approcher & ne former plus qu’un corps, dont l’extrémité est attachée à la corne d’un demi-cercle, dont la corde horisontalement située peut avoir un pouce de longueur.

Ces jumelles sont éloignées l’une de l’autre, de maniere qu’elles laissent un vuide ou une fente qui a une ligne de diametre : elles se tiennent à la même distance par de petites bandes traversieres, deux en dessus & deux en dessous qui forment une canule à jour, observant que la bande qui est à sept lignes du coude soit large, & ait dans son milieu un trou gravé en écrou, pour les usages que l’on rapportera.

Ces jumelles sont soudées par leur partie postérieure sur une plaque alongée & artistement figurée, de quatorze lignes de long, & qui sert de manche à l’instrument.

La seconde piece de cet instrument est mobile ; c’est une verge aussi quarrée, de trois pouces de long sur une ligne de diametre : elle est de même que les jumelles, coudée à la partie antérieure, & se jette en-dessous, pour former une petite tige de six à sept lignes de long, qui, de même que la précédente, est attachée à la corne d’un demi-cercle aussi horisontalement situé, de sorte que les deux demi-cercles se touchent par leurs bouts, forment un anneau ovale d’un pouce de longueur & de huit lignes de large.

L’anneau ovale que nous venons d’examiner a deux bords, l’un inférieur, ou qui regarde le dessous de l’instrument, & l’autre supérieur, qui regarde le dessus. Le premier devant être appliqué immédiatement sur les paupieres, doit présenter une ouverture plus spacieuse, afin de s’accommoder à la figure globuleuse de l’œil.

La situation de la seconde piece du speculum oculi, est d’occuper le vuide ou la fente qui se trouve entre les jumelles & entre les bandes traversieres qui sont en-dessus & en-dessous, de maniere qu’elle glisse là-dedans comme une coulisse ; mouvement qui s’exécute en poussant un petit bouton, qui est soudé ou monté à vis sur la partie postérieure du corps.

Enfin la derniere piece de cet instrument est une petite vis, qui s’engageant dans l’écrou qui est pratiqué sur la bande large des jumelles, tient l’anneau ferme dans l’ouverture qu’on lui a donnée.

Pour se servir de cet instrument, on pose la circonférence antérieure de l’anneau sur le bord des paupieres, & en poussant l’anneau, on les écarte de maniere à voir le globe de l’œil fixé & arrêté. Voyez la fig. 9. Pl. XXIII.

On se sert de cet instrument pour l’opération de la

cataracte, & pour l’extirpation de quelques excroissances, &c. La nouvelle méthode d’opérer par l’extraction du crystallin, rend ces ingénieuses inventions inutiles.

Pour l’extraction des corps étrangers nichés dans l’angle que la membrane interne des paupieres fait avec le globe de l’œil, il n’y a point de meilleur speculum qu’une bandelette, dont l’extrémité garnie d’un emplâtre agglutinatif, s’applique sur la paupiere pour l’écarter du globe. (Y)

SPEI fanum, (Géog. anc.) ou Spei templum, temple d’Italie. Denys d’Halicarnasse, liv. IX. ch. xxx. le met à huit stades de la ville de Rome. Tite-Live, liv. XXIV. chap. xlvij. en parlant de l’incendie & du rétablissement du temple de l’Espérance, dit qu’il étoit au-dehors de la porte Carmentale. (D. J.)

SPEISS, (Métallurgie.) dans les atteliers où l’on traite la mine de cobalt pour faire le verre bleu qu’on appelle smalte ou saffre, on donne le nom de speiss à une matiere qui se dépose au fond des creusets où l’on a fait vitrifier le cobalt avec la fritte du verre. Lorsque la mine de cobalt se trouve jointe avec de la mine de plomb, en faisant fondre cette mine, le speiss vient nager à la surface du plomb qui est plus pesant que lui. Cette matiere, qui est du cobalt pur & dans l’état de chaux, est, suivant M. Gellert, en état de colorer trente ou quarante fois son poids de fritte ou de verre, au lieu que la mine de cobalt grillée de la maniere ordinaire, à proportion du cobalt qu’elle contient, ne peut en colorer que de huit à quinze fois son poids. Voyez l’article Saffre, où l’on trouvera les différentes opinions des chimistes modernes sur la nature du cobalt & du speiss. (—)

SPELARITE, (Mythol.) surnom d’Apollon, de Meroure & d’Hercule, dont les statues se plaçoient souvent dans des cavernes.

SPELLO, (Géog. mod.) bourg d’Italie, dans l’Ombrie, au duché de Spolete, à cinq milles de Foligno, sur une colline de l’Apennin. C’est l’ancienne ville que Pline nomme Hispellium, & Strabon Hyspellum. Ce bourg fut saccagé en 1529 par les troupes de l’empereur, & le pape Paul III. fit ensuite abattre ses murailles, qu’on n’a pas relevées depuis ; cependant les ruines d’un ancien théâtre, & quelques autres monumens, marquent que c’étoit une ville florissante ; ce qui le prouve encore, c’est que le tombeau de Properce a été trouvé en 1722 dans ce bourg d’Ombrie, qui est à six milles de Bévania, lieu de sa naissance, sous les ruines d’une maison qu’on appelle aujourd’hui la maison du poëte. Properce mourut à l’âge de 41 ans, l’an de Rome 739, & 15 ans avant J. C. (D. J.)

SPELUNCAE, (Géog. anc.) 1°. lieu d’Italie, au territoire de Frondi ; ce lieu, selon Suétone, étoit un prétoire, & les Jurisconsultes donnent quelquefois le nom de prétoire, à une maison de campagne bâtie avec quelque magnificence. 2°. Speluncæ, dans l’itinéraire d’Antonin, étoit un lieu d’Italie, à dix-huit milles de Brindes. (D. J.)

SPERARE, v. act. (Lang. lat.) on trouve chez les anciens le verbe sperare, pour signifier prévoir ; c’est ainsi que dans Virgile, Æneid. liv. IV. v. 419. Didon dit à sa sœur :

Hunc ego si potui tantum sperare dolorem.

« Si j’avois pû prévoir, imaginer, me préparer à un coup si terrible. Les Anglois disent aussi to hope pour to believe, c’est-à-dire espérer pour croire ». (D. J.)

SPERCHEA, (Géog. anc.) promontoire de la Macédoine ; Ptolomée, liv. III. ch. xiij. le marque sur la côte de la Pththide, dans le golfe Pélasgique entre Echinus & Thebæ Phthiodes. Le nom moderne