Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/423

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On dit encore soutenir un cheval, lorsqu’on l’empêche de se traverser & qu’on le conduit également, le tenant toujours sujet sans que la croupe puisse échapper, sans qu’il perde ni sa cadence, ni son terrein, en lui faisant marquer ses tems égaux.

SOUTENU, en termes de Blason, se dit d’une piece qui en a une autre au-dessous. D’or à trois bandes de gueules, au chef d’or, chargé d’un lion naissant de sable, soutenu d’une devise cousue d’or, chargée de trois trefles de sable.

Caylar en Languedoc, d’or à trois bandes de gueules, au chef d’or, chargé d’un lion naissant de sable, soutenu d’une devise cousue d’or, chargée de trois trefles de sable.

SOUTERAINE, la, (Géog. mod.) petite ville, disons mieux, petit bourg de France, dans le Limousin, à 2 lieues de Limoges. (D. J.)

SOUTHAMPTON, (Géog. mod.) On devroit écrite South-Hanton ; ville d’Angleterre dans l’Hantshire & sa capitale. Elle est située sur le rivage de la baie de son nom, entre les deux rivieres du Test & de l’Itching, mais plus près de la derniere, à 72 milles au sud-ouest de Londres.

On ne doute point qu’elle n’ait été bâtie des ruines d’une autre ville de même nom, sise un peu plus haut, aux bords de la même riviere, dans l’endroit où l’on voit les deux villages de Sainte-Marie, & de Bittern. Cette ancienne ville, presque ruinée par les Danois en 980, fut réduite en cendres par les François dans le xiv. siecle, pendant les démêlés d’Edouard III. avec Philippe de Valois pour la couronne de France.

Les habitans éleverent une nouvelle ville dans une situation plus commode, plus voisine de l’eau, & qui conserva le même nom. Avec le tems, cette nouvelle ville se peupla, s’agrandit, fut fermée de bonnes murailles, & devint florissante. Son port fut muni d’un château bâti de pierres de taille ; & comme elle étoit la capitale du comté, elle lui donna le nom de Southampton, vulgairement Hantshire.

Son havre est assez bon & revêtu d’un beau quai. Son commerce est cependant aujourd’hui moins considérable qu’autrefois ; mais cette ville ne laisse pas d’être encore grande & peuplée, car on y compte cinq paroisses. Elle est du nombre des villes qui se gouvernent par elles-mêmes, & qui ne relevent point du lieutenant de la province. Enfin elle a titre de duché, érigé par Charles II. en faveur de l’aîné des fils naturels qu’il a eus de la duchesse de Cleveland. Long. 16. 22. latit 50. 48.

Fuller (Nicolas) savant philologue, naquit à Southampton dans le xvj. siecle, & mourut en 1623. Ses miscellanea theologica & sacra sont remplis d’érudition.

Anne, comtesse de Winchelsea, dame d’esprit, & connue par ses vers, étoit née dans la province de Southampton, & mourut en 1720. On a publié à Londres en 1713 in-8°. un recueil de ses poésies, où se trouve son poëme sur la rate, & sa tragedie intitulée Aristomene, mais qui n’a jamais été représentée. (D. J.)

Southampton, baie de, (Géog. mod.) ou baie de Hampton. Les anciens la nommoient Clausentum, c’est-à-dire, le canal de Hanton ; & c’est de ce nom que la province entiere a été appellée Hantzhire.

La baie de Southampton a près de huit milles de longueur & trois milles de largeur. Elle est fort droite, & presque sans courbure, s’étendant du nord-ouest au sud-est. Ses côtes occidentales se terminent par une pointe, où l’on a bâti le château de Calshot, sur un rocher avancé, pour défendre l’entrée de la baie. A l’occident de cette baie le pays est couvert d’une grande & vaste forêt, de trente milles de tour, nommée new-forest, & anciennement appellée Ichene.

Avant le regne de Guillaume-le-Conquérant, ce quartier étoit habité ; mais ce prince le changea en une forêt. Il détruisit pour cet effet trente-six paroisses qui s’y trouvoient, sans épargner ni bourgs ni villages, ni églises, ni monasteres. Il expulsa par la force tous les habitans, soit pour se donner le plaisir de la chasse, soit, plus vraissemblablement, pour se procurer, en cas de soulevement, une retraite assurée dans cette vaste forêt, jusqu’à ce qu’il eût reçu du secours de la Normandie qui est vis-à-vis.

Au reste, le pays que cette forêt occupe, & ce qui est aux environs, d’un côté jusqu’à la mer, & de l’autre jusqu’au comté de Dorset, étoit la demeure des anciens regnes, avant l’invasion des Saxons. La côte qui s’étend au midi de la forêt, est restée toute ouverte jusqu’au xvj. siecle, qu’Henri VIII. pour la couvrir, y fit construire le château de Hurst, sur une langue de terre avancée qui approche le plus de l’île de Whigt, & dont le trajet n’a guere au-delà de deux milles de largeur. (D. J.)

SOUTHWARE, (Géog. mod.) ou plus communément Soudrik, bourg d’Angleterre dans la province de Surrey, uni & incorporé à la ville de Londres par deux beaux ponts sur la Tamise. Ce bourg est si considérable & si peuplé, qu’il pourroit passer pour une grande ville, puisqu’il contient cinq grosses paroisses. C’est de ce bourg qu’on passe à Lambeth où est le palais des archevêques de Cantorbéry, bâtiment antique, construit au bord de la Tamise, vis-à-vis Westminster. Près de ce palais, est la promenade nommée vaux-hall. La plus belle des églises de Southware est celle de Sainte-Marie-Overy ou Overry, qui étoit anciennement de la dépendance d’un prieuré fondé dans le xiij. siecle. Le prieuré fut détruit par Henri VIII. mais l’église fut conservée, & en 1540 les bourgeois l’acheterent du roi, pour en faire une église paroissiale.

Sherlock (Guillaume) savant théologien, naquit à Southware, ou, si vous l’aimez mieux, à Londres, vers l’an 1641. Il fut nommé doyen de saint Paul en 1691, & mourut en 1707 âgé de 67 ans. C’étoit un écrivain clair, poli, bon logicien, & qui s’acquit un grand nom sous le regne de Jacques II. par ses ouvrages polémiques contre les catholiques romains. Son traité du jugement dernier a souffert un grand nombre d’éditions, ainsi que celui de la mort. On a donné en françois à la Haye en 1721 in-8°. une belle traduction du traité de la providence par Sherlock. On a aussi traduit en françois son traité de l’immortalité de l’ame, & de la vie éternelle. Amsterd. 1708, in-8°. Enfin les sermons de Sherlock ont été traduits & publiés en françois à la Haye en 1723 en deux volumes in-8°. (D. J.)

SOUVERAINS, s. m. pl. (Droit naturel & politiq.) Ce sont ceux à qui la volonté des peuples a conféré le pouvoir nécessaire pour gouverner la société.

L’homme, dans l’état de nature, ne connoît point de souverain ; chaque individu est égal à un autre, & jouit de la plus parfaite indépendance ; il n’est dans cet état d’autre subordination que celle des enfans à leur pere. Les besoins naturels, & sur-tout la nécessité de réunir leurs forces pour repousser les entreprises de leurs ennemis, déterminerent plusieurs hommes ou plusieurs familles à se rapprocher, pour ne faire qu’une même famille que l’on nomme société. Alors on ne tarda point à s’appercevoir, que si chacun continuoit d’exercer sa volonté, à user de ses forces & de son indépendance, & de donner un libre cours à ses passions ; la situation de chaque individu seroit plus malheureuse que s’il vivoit isolé, on sentit qu’il falloit que chaque homme renonçât à une partie de son indépendance naturelle pour se soumettre à une volonté qui représentât celle de toute la société, & qui fût, pour ainsi dire, le centre commun & le point de réunion de toutes ses volon-