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que j’invente, ce sont des signes tout établis, & par lesquels je détermine très-nettement la fondamentale d’un ton : mais ce ton une fois fixé, dites-moi, je vous prie, à votre tour, comment vous en appellez la tonique que j’appelle ut, & la seconde note que j’appelle , & la médiante que j’appelle mi, &c. car c’est là le point essentiel. Qu’on y réfléchisse bien, & l’on trouvera que rien n’est moins naturel que ce que les Musiciens françois appellent solfier au naturel. Cette prétendue nature n’est du-moins connue chez nul autre peuple. (S)

SOLI, ou SOLOS, en Cilicie, (Géog. anc.) cette ville qui prit ensuite le nom de Pompeïopolis, étoit située sur la côte, entre les embouchures du Lamus & du Cydnus ; Pomponius Mela, l. I. c. xiij. l’appelle Soloë, & dit qu’elle appartenoit aux Rhodiens ; ses habitans sont appellés Solenses, par Diogene Laërce.

Soli étoit la patrie de Chrysippe, philosophe grec de la secte des Stoïciens, disciple de Cleanthe, successeur de Zénon. Il a dit de la vertu, que l’action de la nature la faisoit naître par une espece de concomitance, & que cette même action produisoit par contre-coup la source des vices. C’est un beau principe sur l’existence du bien & du mal moral ; Chrysippe mourut âgé de 73 ans dans la 143 olympiade.

Aratus poëte grec étoit aussi de Solos en Cilicie, & vivoit dans la 126 olympiade, 276 ans avant J. C. Il a composé deux poemes grecs qui tiennent entierement à l’Astronomie, les phénomenes & les prognostiques, διοσημεία. Cicéron avoit fait du premier une traduction en vers latins, dont il nous reste une grande partie. Grotius nous a donné une belle édition des phénomenes d’Aratus en grec & en latin, Lugd. Batav. 1600. in-4°.

Crantor autre poëte grec, & philosophe de mérite, naquit pareillement à Solos en Cilicie. Il quitta son pays natal où il étoit admiré, pour se rendre à Athènes, & y devenir disciple de Xénocrate avec Polemon. Ce dernier ayant succédé à Xénocrate dans l’académie vers la fin de la 116 olympiade, eut la gloire de voir au nombre de ses écoliers, le même Crantor qui avoit été autrefois son condisciple. Il passa pour l’un des piliers de la secte platonique ; & si vous voulez connoître quel cas on en faisoit, vous n’avez qu’à lire ces deux vers d’Horace, epist. 2. l. I. v. 3. qui dit :

Qui quid sit pulchrum, quid justum, quid utile, quidnon,
Plenius ac melius Chrysippo & Crantore dicit.

Ce philosophe fit un livre de la consolation qui s’est perdu, & qu’on estimoit beaucoup. On admire principalement son traité du deuil, dit Diogène de Laërce ; c’étoit là, sans doute, le titre de l’ouvrage de notre silicien. Nous apprenons de Plutarque, que ce philosophe mit ce livre au jour pour consoler Hippoclès, qui avoit perdu ses enfans ; Cicéron tira beaucoup de choses de ce traité quand il composa un semblable livre. Crantor mourut d’hydropisie dans un âge fort avancé, & laissa à son ami Arcésilas tout son bien, qui montoit à douze talens, environ cinquante-trois mille livres de notre monnoie.

Enfin, Cléarque disciple d’Aristote, & célebre péripatéticien, étoit de Solos en Cilicie. De plusieurs ouvrages qu’il composa, il ne reste qu’un fragment de son traité sur le sommeil. C’est de son art d’aimer, qu’Athénée a pris ce qu’il dit, l. XIII. des honneurs que Gygés roi de Lydie, fit à une courtisane dont il étoit amoureux. (Le chevalier de Jaucourt.)

Soli, ou Solon, ou Soler, en Cypre, (Géog. anc.) ville de l’île de Cypre, sur la côte septentrionale ; Strabon qui en fait deux athéniens, Apamas & Phalerus, les fondateurs, la place auprès de la ville

d’Arsinoé. Elle avoit auparavant le nom d’Epéa, quoiqu’à proprement parler, Epéa fût une autre ville bâtie par Démophoon, fils de Thésée, près de la riviere de Clarius dans un quartier raboteux & infertile.

Philocyprus qu’Hipparque appelle Cypranor, en étoit le roi, lorsque Solon y arriva. Ce sage philosophe, la voyant si mal située, conseilla au roi de transporter sa cour en une fort belle plaine qui étoit au-dessous, d’y bâtir une plus grande & plus belle ville, & d’en accompagner la structure de plus de justesse & d’ornement.

Le projet de Solon fut exécuté avec beaucoup d’exactitude ; & dès qu’on fut en état d’en jetter les fondemens, après avoir fait les préparatifs nécessaires, il se chargea du soin de la peupler. Sa présence y attira beaucoup de monde ; de sorte qu’elle ne fut pas plutôt bâtie, qu’on la vit presque remplie d’habitans. Philocyprus de son côté ne manqua pas de reconnoissance. Il voulut qu’on appellât la ville Solon, Soli, ou Solos, pour conserver dans son pays la mémoire de ce grand homme & de ses bienfaits. Ce prince laissa un fils, appellé Aristocyprus, qui lui succéda à la couronne, bien qu’il ne vécût pas longtems après lui ; car il fut tué dans un combat contre les Perses, du tems du roi Darius.

La ville de Soli fut aussi assiégée par les Perses, trois cens six ans avant la naissance du Sauveur du monde, & tint plus long-tems qu’aucune ville de Cypre : mais elle fut enfin prise au cinquieme mois, après qu’on en eût sappé les murailles par les fondemens.

Cette ville avoit un port, un temple de Vénus & d’Isis, & une riviere nommée apparemment Clarius ; Minerve y étoit aussi adorée, & ses prêtres se nommoient hypeccaustrii. Outre les rois que j’ai nommés, Athénée fait mention d’Eunostus, que Solon célebra plus qu’aucun autre dans ses vers.

Cette ville n’est à présent qu’un village appellé Soléa, situé au côté septentrional de l’île, entre les caps de Cormachiti & d’Alexandrette, à sept lieues de Baffo. Strabon place au-dessus de Soli l’ancienne ville de Liménia, & au-dessous le cap de Crommyon, ou de Cormachiti. (Le Chevalier de Jaucourt.)

SOLICINIUM, (Géog. anc.) lieu d’Allemagne, dont parle Ammien Marcellin, l. XXVII. c. x. C’est, selon Herold, Solmi ; selon Lazius, Bretten ; & selon Cluvier, Sultz.

SOLICOQUE, voyez Squille.

SOLIDAIRE, (Jurisprud.) se dit de ce qui emporte une obligation de payer la totalité d’une dette commune à plusieurs personnes ; l’obligation est solidaire, quand chacun des obligés peut être contraint pour le tout. Il en est de même d’un cautionnement solidaire, c’est-à-dire, lorsque l’on a stipulé que chacune des cautions sera tenue pour le tout. Voyez ci-après Solidité. (A)

SOLIDAIREMENT, adv. (Gram. & Jurisprud.) signifie le droit que l’on a de contraindre chacun de plusieurs co-obligés à acquitter seul pour le tout une dette commune, sauf son recours contre ses co-obligés pour leur part & portion. Voyez ci-après Solidité. (A)

SOLIDARITÉ, s. f. (Commerce.) c’est la qualité d’une obligation où plusieurs débiteurs s’engagent à payer une somme qu’ils empruntent ou qu’ils doivent ; en sorte que la dette totale soit exigible contre chacun d’eux, sans que celui au profit duquel l’obligation est faite, soit obligé de discuter les autres, & l’un plutôt que l’autre. Dictionnaire du Commerce. (D. J.)

SOLIDE, s. m. en Géométrie, est une portion d’étendue qui a les trois dimensions, c’est-à-dire, lon-