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à 20000 livres. Son diocèse compte près de 400 paroisses, & 23 abbayes tant d’hommes que de filles. Le chapitre de l’église cathédrale est nombreux, & les canonicats sont un peu meilleurs depuis la suppression qu’on a fait de onze prébendes. Long. 20. 59. lat. 49. 22.

Soissons, en latin Augusta Suessionum, a pris, comme on voit, son nom des peuples Suessiones. Elle s’appelloit auparavant Noviodunum, & elle étoit célebre du tems de Jules-César, qui remarque que Divitiacus son roi, avoit été un prince illustre & puissant. Ce fut Auguste qui abolit le nom de Noviodunum qu’avoit cette ville, pour lui donner le sien.

Dans nos tems modernes Louis XIV. a érigé à Soissons une académie de beaux esprits, par des lettres patentes enregistrées au parlement, le 27 Juin 1675. En effet, elle a produit de tems en tems des gens de lettres de mérite.

Héricourt (Julien de), né dans cette ville, occasionna l’établissement de l’académie de Soissons. Son petit fils, Louis d’Héricourt, s’est distingué dans le barreau de Paris, & a mis au jour un livre fort estimé, sur le droit ecclésiastique françois.

Les Théologiens savent assez que Paschase Ratbert, abbé de Corbie, dans le neuvieme siecle, étoit de Soissons. Il se rendit illustre par un grand nombre d’ouvrages que le P. Sirmond a recueillis, & publiés pour la premiere fois à Paris, en 1618, en un volume in-folio. Le Traité de Paschase du corps & du sang de Notre Seigneur J. C. excita dans son tems, & a causé depuis, de grandes contestations qu’il est inutile de reveiller.

Robbe (Jacques), connu par ses ouvrages de géographie, naquit à Soissons en 1643, & y est mort en 1721. Il a fait deux dissertations qui n’ont pas été imprimées. Dans la premiere, il prétend que le Bibrax oppidum Rhemorum, dont parle César, est la ville de Laon. L’autre dissertation traite du lieu où se donna en 593, la fameuse bataille de True (ou Traussi), dans le Suessonois, sous Clotaire II. M. Robbe croit que ce lieu appellé en latin Trucciu, dans les gesta Francorum, c. xxxvj. est Prêle sur l’Aisne, village au nord de Braine.

Sussannau (Hubert), poëte & humaniste, naquit à Soissons, en 1514, publia quelques traités de grammaire, & des poésies latines qui furent assez bien reçues.

Voilà pour les gens de lettres. Ajoutons un mot d’un homme célebre dans l’histoire de France, & qui mourut à Soissons en 1611, à l’âge de 57 ans, je veux parler de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, frere de Henri duc de Guise. Il fut long-tems jaloux de la réputation de ce frere, dont il avoit toutes les grandes qualités à l’activité près. Nourri comme le duc de Guise dans les allarmes, il succéda à sa gloire ainsi qu’à ses desseins. L’un donnoit beaucoup au hasard, & l’autre à la prudence ; l’un étoit trop hardi, l’autre trop mesuré ; le premier promettoit tout & tenoit peu, celui-ci promettoit rarement & ne manquoit guere à sa parole. Dès que le sceptre de la ligue eût passé dans ses mains, il sçut long-tems par une sage politique, réunir sous ses lois les diverses factions des esprits ; & s’il n’eut pas trouvé dans sa propre famille des rivaux qui lui disputoient la couronne de France, on ne doute guere qu’il n’eût réussi à la mettre sur sa tête. (Le chevalier de Jaucourt.)

Soissons, (Académ. de) société littéraire établie à Soissons, sous la protection du cardinal d’Estrées, par lettres patentes du roi en 1674.

Avant qu’elle eût reçu cette forme munie de l’autorité royale, & dès l’an 1650, les premiers qui ont composé cette compagnie, s’assembloient régulierement une fois la semaine, conféroient ensemble de leurs études, se communiquant leurs lumieres, &

corrigeant ensemble leurs compositions : encouragés à ces exercices par les liaisons qu’ils avoient avec plusieurs membres de l’académie Françoise, qui leur donnerent la pensée de former une académie, en sorte qu’on peut la regarder comme fille de l’académie Françoise avec laquelle elle conserve des liaisons très-étroites.

L’académie de Soissons a presque les mêmes statuts & les mêmes usages que l’académie Françoise. Le nombre de ses membres est fixé à 20, & elle doit toujours prendre un protecteur du corps de l’académie Françoise, à laquelle elle envoie tous les ans pour tribut, une piece de sa composition. La perfection de la langue françoise, l’Eloquence, les Belles-lettres & l’Histoire, sont les objets de ses études ; & pour marquer encore davantage ses rapports avec la premiere de nos académies, elle a pris pour devise un aiglon qui s’éleve vers le soleil à la suite d’un aigle, avec ces mots : maternis ausibus audax. Si quelque membre de l’académie Françoise se trouve à Soissons, les académiciens de cette derniere ville le prient de présider à leurs assemblés ; & de son côté l’académie Françoise admet dans les siennes les académiciens de Soissons, leur permet d’y prendre séance, & demande leur avis sur les matieres qu’on y agite.

En 1734 M. de Laubrieres, alors évêque de Soissons, fonda un prix annuel, qui doit être distribué à celui qui remplira le mieux, au jugement de l’académie, un sujet qu’elle propose sur quelque sujet d’histoire ou de littérature. Ce prix est une médaille d’or de trois cens livres.

SOISSONNOIS, le, (Géog. mod.) pays de France qui faisoit autrefois partie de la province de Picardie, & qui est à-présent uni au gouvernement militaire de l’île de France. Il est borné au nord par le Laonois, au midi par la Brie, au levant par la Champagne, & au couchant par le Valois. Il comprend une partie de terrein qu’occupoient anciennement les Suessiones. Il a depuis suivi le sort de Soissons sa capitale. C’est un pays fertile en grains, en prairies & en bois. La riviere d’Aîne le traverse. (D. J.)

SOIXANTE, (Arithmét.) nombre pair composé de six dixaines, ou de dix fois six, ou de cinq fois douze, ou de douze fois cinq, ou de quinze fois quatre, ou de quatre fois quinze, ou de vingt fois trois, ou de trois fois vingt, ou de deux fois trente, ou de trente fois deux ; ainsi que six soit multiplié par dix, ou que dix le soit par six, ou que cinq par douze, ou douze par cinq, ou quinze par quatre, ou quatre par quinze, ou vingt par trois, ou trois par vingt, ou trente par deux, ou deux par trente : cela ne produiroit jamais que soixante. Le nombre de soixante multiplié par lui-même, produit 3600. En chiffre commun ou arabe, soixante s’écrit 60 ; en chiffre romain de cette maniere LX ; & en chiffre françois de compte & de finance, lx. On dit soixante & un, soixante-deux, soixante-trois, & ainsi de suite jusqu’à quatre-vingt. Irson. (D. J.)

SOIXANTER, v. a. (Jeu de piquet.) compter soixante points, faire un soixante, un pic ; ce qui se dit de celui qui a la main lorsqu’il compte jusqu’à trente points de suite en jouant les cartes, avant que le joueur qui est dernier ait fait aucune levée ni rien compté. Acad. des jeux. (D. J.)

SOIXANTIEME, s. m. (Arithmét.) en matiere de fractions ou nombres rompus, un soixantieme s’écrit ainsi . On dit aussi un soixante-unieme, un soixante & deuxieme, un soixante & troisieme, &c. & ces différentes fractions se marquent de même que celle ci-dessus ; avec cette différence néanmoins que l’on met un 1, un 2, un 3 au lieu du zéro qui suit le 6 : ce qui se pratique de cette maniere , , , &c. On dit encore , , , &c. Irson. (D. J.)

SOK ou SOC, s. m. (Comm.) mesure des longueurs