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SODER-HAMPT ou SOEDER-HAMN, (Géog. mod.) c’est-à-dire Port du sud ; nouvelle petite ville de Suede dans l’Helsingie, sur la côte du golfe de Bothnie assez près, & au nord de l’embouchure du Linsna. On y fait des armes à feu. Les bourgeois les vendent aux habitans de la Bothnie, & ceux-ci aux Lapons qui viennent en acheter. Ils tirent aussi de cette ville de la poudre, des bales & du plomb en masse. (D. J.)

SODER-TELGE ou SODER-TALGE, ou simplement TELGE, (Géog. mod.) ville de Suede, dans la Sudermanie, à l’embouchure d’un des canaux par où le lac Maler communique avec la mer Baltique, & à quatre milles au sud-ouest de Stockholm. Longit. 37. 12. lat. 59. 21. (D. J.)

SODOME, (Géog. anc. & sacrée.) ville capitale de la Pentapole ; elle fut consumée, dit l’Ecriture, par le feu du ciel, avec trois autres villes voisines, Gomorre, Zeboïm & Adama, qui toutes étoient plongées dans le crime. Les prophetes parlent souvent de la ruine de Sodome & de Gomorre, & partout ils marquent que ce seront des lieux déserts, arides, inhabités, couverts d’épines ; en un mot, une terre de sel, où l’on ne pourra planter, ni semer : siccitas spinarum, & acervi salis, & desertum usque in æternum. Deut. xxix. 22. Sophon. 2. ix. Amos. iv. 11.

Strabon, liv. XV. parle aussi des ruines de Sodome & de son circuit de 60 stades, qu’on voyoit au bord de la mer Morte ; cependant l’on ne peut révoquer en doute, que la ville n’ait été rétablie dans la suite, soit au même endroit où elle étoit autrefois, sur le bord méridional de la mer Morte, soit vis-à-vis de ce lieu-là. Les notices font mention expresse de Sodome, ville épiscopale, située entre Thamar & Engaddi. Etienne le geographe met aussi Engaddi près de Sodome. On trouve dans les mêmes notices un Severe, évêque de Sodome, parmi ceux de l’Arabie, qui souscrivirent au premier concile de Nicée. (D. J.)

SODOMIE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) est le crime de ceux qui commettent des impuretés contraires même à l’ordre de la nature ; ce crime a pris son nom de la ville de Sodome, qui périt par le feu du ciel à cause de ce désordre abominable qui y étoit familier.

La justice divine a prononcé la peine de mort contre ceux qui se souillent de crime, morte moriatur ; Lévitique, ch. xx.

La même peine est prononcée par l’antheritique, ut non luxurientur.

La loi cum vir au code de adult. veut que ceux qui sont convaincus de ce crime soient brûlés vifs.

Cette peine a été adoptée dans notre jurisprudence : il y en a eu encore un exemple en exécution d’un arrêt du 5 Juin 1750, contre deux particuliers qui furent brûlés vifs en place de Grève.

Les femmes, les mineurs, sont punis comme les autres coupables.

Cependant quelques auteurs, tels que Menochius, prétendent que pour les mineurs, on doit adoucir la peine, sur-tout si le mineur est au-dessous de l’âge de puberté.

Les ecclésiastiques, les religieux, devant l’exemple de la chasteté, dont ils ont fait un vœu particulier, doivent être jugés avec la plus grande sévérité, lorsqu’ils se trouvent coupables de ce crime ; le moindre soupçon suffit pour les faire destituer de toute fonction ou emploi qui ait rapport à l’éducation de la jeunesse. Voyez du Perray.

On comprend sous le terme de sodomie, cette espece de luxure que les Canonistes appellent mollities, & les Latins mastupratio, qui est le crime que l’on commet sur soi-même ; celui-ci lorsqu’il est décou-

vert (ce qui est fort rare au for extérieur) est

puni des galeres ou du bannissement, selon que le scandale a été plus ou moins grand.

On punit aussi de la même peine ceux qui apprennent à la jeunesse à commettre de telles impuretés ; ils subissent de plus l’exposition au carcan avec un écriteau portant ces mots, corrupteur de la jeunesse. Voyez les novelles 77. & 141. du Perray, des moyens can. ch. viij. Menochius, de arbitr. cas. 329. n. 5. M. de Vouglans, en ses Instit. au Droit criminel, page 510. (A)

SODORE, (Géog. mod.) autrefois ville d’Ecosse, aujourd’hui village dans la petite île d’Iona, une des Weesternes. L’evêque de Cerses, suffragant de l’archevêque de Glascow, réside encore dans un village. (D. J.)

SOE, île, ou SOA, (Géogr. mod.) c’est une des plus petites îles Hébrides de l’occident d’Ecosse, & voisine de celle de Kildan ; elle abonde en pâturages & en oiseaux de mer, qui viennent y pondre leurs œufs. (D. J.)

SOEN, SOUN ou TSSONN, s. m. (Marine.) nom qu’on donne à la Chine, aux principaux & aux plus ordinaires vaisseaux marchands ou de guerre. Ces bâtimens sont larges en arriere, & diminuent insensiblement de largeur jusqu’à la proue. Ils n’ont point de quilles, & sont plats par-dessous ; ils ont une préceinte seule de chaque côté, deux mâts sans hunes, avec deux gros cordages, qui sont comme deux étais ; l’un à l’avant, l’autre à l’arriere. Leurs voiles sont d’écorces de roseaux, si bien entrelacées ensemble avec des feuilles de bambouc, que le moindre vent ne sauroit passer à-travers ; elles sont attachées à une épavre vers le haut du mât, qui les traverse pour les soutenir, & on les hisse par le moyen d’une poulie qui est attachée au haut de chaque mât. Au lieu d’écoutes & de bras, il y a divers petits cordages qui sont amarrés à un plus gros, & qui en sont l’office.

Il y a dans le fond de cale plusieurs chambres qui n’ont point de communication ; des citernes pour conserver l’eau ; des galeries des deux côtés ; un pont fixe courant devant-arriere, & un pié au-dessus, un pont volant de planches, qui s’ôte & se remet, & sur lequel on se promene. La chambre du capitaine s’éleve à la hauteur d’un homme, au dessus du pont volant ; & le château commence un peu plus bas que le pont fixe, & s’éleve bien haut au-dessus des deux ponts. Le dessus de ce château est une espece de demi-pont, où les premiers officiers se tiennent, & autour duquel sont suspendus leurs boucliers & leurs rondaches ; les piques sont rangées autour du vaisseau & paroissent en-dehors.

Sur le grand mât s’éleve une girouette ou pyramide, sur laquelle on attache des pieces d’étoffes, frisées & peintes de figures grotesques ; & au-dessous pend une queue, dont les poils ou fils servent à faire connoître d’où vient le vent. Le bâton de pavillon est à-peu-près comme le mât. Il y a une poulie vers le haut pour hisser & amener les pavillons qui sont suspendus de travers à ce mâtereau ; la gaule d’enseigne est placée dans l’endroit où nous plaçons le mât d’artimon.

Le gouvernail se démonte aisément, & on le retire à bord quand on veut ; enfin, les ancres sont de bois ; elles n’ont ni jare, ni pattes, mais seulement en-bas deux longs morceaux de bois pointus, & malgré cela, elles enfoncent & tiennent aussi-bien que les ancres de fer. Les plus grands souns de charge portent quatorze cens tonneaux : mais le port de ceux qu’on équipe en guerre, n’est que de deux cens tonneaux. Ils ont vingt à trente legeres pieces de canons, qui tournent sur un pivot ; leur équipage est très-considérable, car un soun de dix canons porte deux cens hommes.