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santal citrin ; l’écorce a l’odeur du girofle, & jette une résine jaune ; on la regarde comme un spécifique pour les maux de cœur, & pour fortifier le foie.

SIRATICK, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom sous lequel on désigne le souverain d’une nation de négres d’Afrique, appellée les soulis ; contre l’ordinaire des rois de ces climats, il gouverne avec la plus grande modération, ses lois paroissent dictées par l’amour du bien public, & il n’est, pour ainsi dire, que l’organe de sa nation ; cela n’empêche point que son autorité ne soit très-respectée & très-étendue ; les peuples se soumettent avec joie à des volontés qui tendent à leur bonheur. Le siratick a sous lui un grand officier, qui est pour ainsi dire le lieutenant général du royaume, qui commande à d’autres officiers, ces derniers sont tenus de fournir un certain contingent en cavalerie & en infanterie, sur le premier ordre qu’on leur donne ; ils sont payés sur le prix qui résulte de la vente des prisonniers de guerre, & de ceux qui refusent de servir le roi ou la patrie ; ce droit est fondé sur les lois primitives de l’état, qu’il n’est point permis au siratick de changer, quoiqu’il ouvre la porte à des oppressions sans nombre. La dignité de siratick ne passe point aux enfans, mais aux freres du roi défunt, ou bien à leur défaut, au fils de sa sœur ; usage qui est établi chez presque tous les négres.

SIRBI, (Géog. mod.) bourgade de la Turquie d’Asie, dans l’Anatolie, sur une riviere de même nom, qui, deux lieues au-dessous, se jette dans la Méditerranée. Sirbi étoit autrefois, selon quelques savans, une ville épiscopale, nommée Xanthus, ou Xanthos, dans la notice d’Hiéroclès ; en ce cas là, cette ville auroit essuyé bien des événemens différens jusqu’à ce jour. Voyez Xanthus. (D. J.)

SIRBON lac, (Géog. anc.) les anciens ont écrit sirbonis & serbonis ; ce lac, connu des historiens & des anciens géographes, étoit entre la Palestine & l’Egypte, sur la mer Méditerranée, assez près du mont Casius. Diodore de Sicile, l. I. c. xxx. en parle ainsi : il y a, dit-il, au milieu de la Cælo-Syrie & de l’Egypte, un lac fort étroit, & dont la longueur peut avoir deux cens stades ; on l’appelle le lac Sirbon ; il est très-profond & très-dangereux pour ceux qui ne le connoissent pas, parce qu’étant comme une bande d’eau entre deux rivages sablonneux, les vents le tiennent presque toujours couvert de sable, de sorte qu’il ne fait qu’une même surface avec la terre ferme, de laquelle il est impossible de le distinguer à l’œil ; il y a eû des capitaines qui y ont péri avec toute leur armée, faute de bien connoître le pays ; le sable accumulé sur cette eau bourbeuse, ne cede d’abord que peu à-peu, comme pour séduire les passans, qui continuent d’avancer, jusqu’à ce que s’appercevant de leur erreur, les secours qu’ils tâchent de se donner les uns aux autres, ne peuvent plus les sauver. En effet, ce composé n’étant ni solide, ni liquide, on ne sauroit nager dans une eau épaissie par le sable, & par le limon dont elle est chargée : & l’on ne trouve nulle part un fond assez ferme pour appuyer le pié, ou pour s’élancer en haut ; tous les efforts qu’on peut faire ne servent qu’à attirer le sable qui est sur le rivage, & qui acheve d’accabler ceux qui sont pris dans ce funeste piege.

Strabon s’est assez grossierement trompé sur ce sujet, ayant confondu le lac de Sirbon, avec le lac Asphaltite, comme il est aisé de le voir par la description qu’il en fait, & par ce qu’il dit de son origine. Géog. l. XVI. p. 1308. Amst. 1707. in-fol. Le lecteur peut consulter sur le lac Sirbon, Cellarius, Géogr. ant. l. IV. c. j. (D. J.)

SIRCK, (Géog. mod.) les François disent & écrivent Sirque ; petite ville de Lorraine, aux confins

du Luxembourg, sur la rive gauche de la Moselle ; à trois lieues de Thionville, vers le couchant d’été Elle a été cédée à la France par le traité de Vincennes, de l’an 1661, confirmé par celui de 1718. Long. 23. 46. latit. 49. 24. (D. J.)

SIRE, s. m. (Hist. mod.) est un titre d’honneur qu’on ne donne en France qu’au roi seul, & qui est comme une marque de souveraineté. Dans tous les placets, les demandes, les lettres, les discours, qui s’addressent au roi, on lui donne la qualité de sire.

Quelques-uns dérivent ce mot du latin herus, maître ; il semble que ce soit l’opinion de Budée, qui, en parlant au roi François premier, le nomme toujours here, maître ou sire : d’autres le dérivent du grec κύριος, seigneur ; telle est l’opinion de Pasquier ; cet auteur ajoute que les anciens Francs donnoient le même titre à Dieu, en le nommant beau sire diex ; d’autres font venir ce mot du syriaque, & soutiennent qu’on le donnoit d’abord aux marchands qui négocioient en Syrie. Ménage prétend qu’il vient de senior, ancien, d’où est venu seigneur, ensuite seignor, & sire.

Anciennement on se servoit également du mot sire, dans le même sens que sieur & seigneur, & on l’appliquoit aux barons, aux gentilhommes, & aux citoyens. Voyez Sieur.

Le sire de Joinville a écrit l’histoire de S. Louis.

Il n’y avoit que certaines familles d’une noblesse distinguée, qui pouvoient prendre le nom de sire, devant le nom de leur maison, comme les sires de Coucy, les sires de Beaujeu ; mais lorsque le mot de sire se trouve dans nos anciens auteurs, avec le nom de baptême, il signifie très-peu de chose. Loyseau dit que les barons de France, qui étoient barons des duchés ou comtés relevant de la couronne, pour se distinguer des barons inférieurs, s’appellerent sires, comme sire de Bourbon, &c. On donne aussi au roi d’Angleterre le titre de sire, soit en lui parlant, soit en lui écrivant. Dans le même royaume le titre de sir, qui vient de sire, est donné à toutes les personnes de distinction qui sont au-dessous des barons, & lorsqu’on parle d’un baronnet, ou d’un simple chevalier, on l’appelle toujours par son nom de baptême, joint à celui de sir, comme sir Philippe Sydney. Lorsque le roi d’Angleterre crée un simple chevalier, il le nomme par son nom de baptême, lui commande de se mettre à genoux, & après lui avoir touché l’épaule gauche de son épée nue, il lui dit en anglois, rise sir, c’est-à-dire, levez-vous chevalier, & il le nomme. Miege, état nouveau de la grande Bretagne.

SIRENES, s. f. (Mythol.) ces monstres demi-femmes & demi-oiseaux, doivent leur naissance à la fable ; ce fut, dit-elle, trois filles du fleuve Achéloüs, & de la muse Calliope. On les nomma Parthénope, Leucosie, & Ligée ; & selon d’autres, Aglaophénie, Thelxiépie, & Pisinoé, noms qui roulent sur la douceur de leur voix & le charme de leurs paroles ; mais les graces du chant, qui leur furent données en partage, les enorgueillirent jusqu’à oser défier les déesses du Parnasse ; il leur en couta leurs aîles qui leur furent arrachées en punition de leur témérité ; elles se retirerent dans des îles désertes, & proche de la côte de Sicile ou de Campanie ; de-là, elles attiroient sur leurs écueils les passagers, par l’harmonie de leur voix, & leur donnoient ensuite la mort. Désespérées de n’avoir pû surprendre dans leurs pieges Ulysse, ou Orphée, elles se précipiterent dans la mer, & ne furent plus entendues depuis. On tient qu’une d’elles donna le nom de Parthénope à la ville qui prit ensuite celui de Naples, & qu’une autre laissa celui de Léucosie à une île de ces mers là.

Les sirènes avoient la tête & le corps de femme jusqu’à la ceinture, & la forme d’oiseau, de la ceintu-