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rité, n’avoit toujours flatté le goût des Grecs, le mont Sipyle auroit peut-être été plus fameux par l’aimant, que par le rocher de Niobé, d’où selon les poëtes, les eaux qui coulent sans cesse de cette montagne, sont les larmes que cette malheureuse mere verse encore après sa mort, pour la perte de ses enfans.

Pausanias étoit natif ou de Sipyle, capitale de la Néonie, ou de quelqu’autre ville voisine du mont Sipyle ; il vivoit à Rome sous l’empereur Hadrien, & sous les Antonins ; il mit au jour plus d’un ouvrage : car outre que Philostrate lui attribue des oraisons, Eustathe, Etienne de Bysance, & Suidas, le citent à l’occasion de quelques noms de villes ou de peuples, & nous donnent à entendre que non-seulement il avoit voyagé en Syrie, dans la Palestine, & dans toute l’Asie, mais qu’il en avoit publié une relation.

Quoi qu’il en soit, nous n’avons de lui que le voyage historique de la Grece, ouvrage qui est écrit avec un détail, une exactitude, un fond d’érudition, que l’on ne trouve dans aucun autre voyageur, & qui peut, à bon titre, servir de modele. Nous le trouvons trop concis dans le style, mais c’est qu’écrivant pour les gens de son tems, qui étoient au fait de ce qu’il racontoit, il ne s’est pas cru obligé de s’expliquer plus au long. Son ouvrage est par-tout semé de réflexions utiles pour la conduite de la vie ; s’il s’y trouve bien des choses auxquelles nous ne prenons point d’intérêt, c’est que le tems & la religion ont mis une grande différence entre notre façon de penser, & celle des anciens.

Son voyage est écrit avec une vérité qui ne sauroit être suspecte ; l’auteur y rend compte de ce qu’il a vu dans la Grece, & à qui en rend-il compte ? Aux Romains, au milieu de qui il vivoit, dont la plûpart avoient été en Grece aussi bien que lui, & qui auroient pu le démentir, s’il avoit avancé quelque fausseté.

En second lieu, c’est un voyage historique ; on y remarque tout à la fois un voyageur curieux, & un écrivain profond, parfaitement instruit de tout ce qui regardoit les divers peuples dont il parle ; il en possédoit la langue, c’étoit la sienne propre ; il connoissoit leurs dieux, leur religion, leurs cérémonies, leurs lois, leurs coutumes, leurs mœurs ; il avoit lû leurs poëtes, leurs historiens, leurs généalogistes, leurs géographes, en un mot leurs annales & leurs monumens les plus anciens ; annales & monumens qui étoient alors subsistans, qu’il cite à chaque page, & que le tems nous a ravis. De-là, cette quantité prodigieuse de faits, d’événemens, de particularités, qui ne se trouvent plus que dans cet auteur, & qui le rendent précieux à tous ceux qui aiment l’étude des tems & de l’antiquité.

Enfin c’est le voyage de l’ancienne Grece, non de la Grece d’aujourd’hui, ou telle que Spon & Wheler l’ont décrite, pauvre, misérable, dépeuplée, gémissante dans une espece d’esclavage, & qui n’offre plus aux yeux du voyageur, que des ruines superbes, au milieu desquelles on la cherche sans la trouver ; en un mot, l’image de la dévastation la plus affreuse, & l’exemple déplorable des vicissitudes d’ici bas. C’est de la Grece florissante que Pausanias nous donne la description ; de la Grece, lorsqu’elle étoit le séjour des muses, le domicile des sciences, le centre du bon goût, le théâtre d’une infinité de merveilles, & pour tout dire, le pays le plus renommé de l’univers.

Il est vrai que Pausanias n’embrasse dans sa relation, qu’une partie de la Grece, & les villes que ses colonies occupoient dans l’Asie mineure ; mais c’est aussi la partie la plus intéressante ; il la divise en dix états, qui étoient autrefois indépendans les uns des

autres, savoir, l’Attique, la Corinthie, l’Argolide, la Laconie, la Messenie, l’Elide, l’Arcadie, la Béotie, & la Phocide ; c’est pourquoi chacun de ses livres donne la description de chacun de ces dix états de la Grece, à la reserve du cinquieme & du sixieme livre, qui tous deux ne traitent que de l’Elide, comme le second, lui seul, comprend Corinthe & Argos.

Il décrit exactement l’origine des peuples qu’il se propose de faire connoître, il nous instruit de leur gouvernement, de leurs guerres, de leurs colonies ; il parcourt leurs villes & leurs bourgades, en rapportant ce qui lui a paru digne de curiosité. Si dans la discussion de quelques points d’histoire ou d’antiquité, il embrasse un sentiment plutôt qu’un autre, il cite toujours ses garans ; & ses garans sont ordinairement les historiens & les poëtes les plus anciens, comme témoins des faits qu’il discute, ou plus proche de ceux qui en avoient été témoins. C’est par cette raison que la lecture de Pausanias fait tant de plaisir à ces savans, qui ont tous les siecles présens à l’esprit, & qui ne veulent rien ignorer de ce qu’il est possible de savoir. M. Fabricius a fait en leur faveur le détail des diverses éditions & traductions de Pausanias, afin qu’ils pussent choisir. Nous avons en françois celle de M. l’abbé Gedoyn, qui est excellente, & accompagnée de quelques cartes, & de courtes remarques, mais bonnes, & instructives. (Le Chevalier de Jaucourt.)

SIPYLENE, (Mythol.) surnom de Cybele, pris de la ville de Sipylum, dans la Méonie, où cette déesse avoit un temple & un culte particulier. (D. J.)

SIR, (Géog. mod.) grande ville, & la capitale des Illyriens, selon Suidas. (D. J.)

SIRACI, (Géog. anc.) peuples d’Asie, qui habitoient vers les monts Caucases, & sur les bords du Mermodas, suivant Strabon, l. II. p. 492.

SIRADIE, palatinat de, (Géog. mod.) palatinat de la grande Pologne. Il est borné au nord par le palatinat de Lencizca ; à l’orient, par le palatinat de Sandomir ; au midi, par le duché de Silésie ; à l’occident, par le palatinat de Kalish. La riviere de Warta le divise en deux parties, l’une orientale, l’autre occidentale ; il est gouverné par un palatin qui en prend le nom, ainsi que son chef-lieu. (D. J.)

Siradie, ou Siratz, (Géog. mod.) ville de la grande Pologne, capitale du palatinat du même nom, dans une belle plaine, sur les bords de la Warta, à 46 lieues au nord-ouest de Cracovie. Elle a pour sa défense un château, qui n’a pas empêché les Tartares de la piller en 1290 ; les Bohèmes la brûlerent en 1292 ; les chevaliers de l’ordre Teutonique en agirent de même en 1331 ; & en 1447, elle fut désolée par un nouvel incendie. Long. 36. 18. lat. 51. 32. (D. J.)

SIRÆ, (Géog. anc.) village du Péloponnèse dans l’Arcadie, suivant Pausanias, l. VIII. c. xxiij. C’est aussi le nom d’un lieu de la Macédoine, dans la contrée Odomantique, selon Tite-Live, l. XLV. c. iv. (D. J.)

SIRAF, (Géog. mod.) c’étoit une ville maritime du Farsistan, sur le golphe de Perse, éloignée d’environ 60 lieues de Schiraz, capitale de la province. Cette ville fut long-tems fameuse par son trafic ; car tous les vaisseaux arabes y abordoient, particulierement de Bassora, & les autres peuples indiens y apportoient aussi toutes sortes de marchandises de l’Inde ; le commerce florissoit encore à Siraf au commencement du xiv. siecle ; mais étant passé peu de tems après à Bander-Congo, & de-là à Ormuz, Siraf fut tellement abandonnée, que l’on auroit peine à trouver des vestiges d’une ville autrefois si brillante. (D. J.)

SIRA-MANGHITS, s. m. (Hist. nat. Botan.) arbre aromatique de l’île de Madagascar, ses feuilles & son bois répandent une odeur semblable à celle du