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voici ses caracteres. La fleur est composée d’un seul pétale qui forme un tuyau divisé dans les bords en plusieurs segmens. Le pistil s’éleve du calice, & devient un fruit à quatre baies délicatement jointes ensemble ; il est divisé en quatre loges, & contient plusieurs graines rondelettes ; les tiges de la plante sont vertes & sillonnées ; les feuilles sont placées sans ordre, pressées les unes contre les autres, étroites, longues de trois pouces, & semblables à celles du saule ; elles sont d’un verd foncé de chaque côté, & portées sur des courtes queues. Des aîles des feuilles sortent différens pédicules en maniere de ceux des fleurs umbelliferes ; chacun de ces pédicules est terminé par un calice d’une seule feuille, divisée en cinq quartiers ; les fleurs sortent de ce calice, qui forme un tuyau délié, long de deux ou trois pouces, d’un verd jaunâtre, & découpé à l’extrémité en quatre segmens ; au milieu des fleurs est le stile de couleur pourpre, crochu, environné de quatre étamines pourpres, qui ont chacune un sommet brun, triangulaire. Dans les quatre cellules de la capsule est contenue une grosse semence d’un jaune verdâtre. Act. petropol. vol. VIII. p. 216. (D. J.)

SIPONTE, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans la Pouille daunienne, sur la côte de la mer Adriatique, à l’embouchure du fleuve Garganus. Tite-Live & Pline écrivent Sipontum ; Pomponius Mela & l’itinéraire d’Antonin, Sipuntum, & les Grecs & quelques latins qui les ont suivis, disent Sipus. Sipuntum, dit Pomponius Méla, vel, ut Graii dixere, Sipus. Ptolomée & Etienne le géographe lisent | Σιποῦς. Lucain, l. V. v. 377. décrit la situation de cette ville dans ces vers :

Quas recipit Salapina palus, & subdita Sipus
Montibus, Ausoniam quod torquent frugifer oram.
Dalmatico Boreæ, Calabroque obnoxius austro,
Appulus hadriacus exit Garganus in undas.

Silius Italicus fait le nom de cette ville indéclinable :

Et terram & littora Sipus.

Siponte fut, selon Tite-Live, l. XXXIV. c. lxv. & l. XXXIX. c. xxiij. une colonie romaine, qui dans la suite se trouvant affoiblie fut augmentée & renouvellée. Cette ville subsista jusqu’au tems de Manfrede, qui voyant que l’air y étoit mal sain, à cause des marais voisins, & qu’elle n’avoit pas un bon port, assigna aux habitans une place où fut bâtie la ville de Manfredonia. Le nom national est Σιπούντιος, selon Etienne le géographe, & Sipontinus, selon les Latins ; car on lit dans Cicéron, Agrar. II. c. xxvlj. in Sipontinâ siccitate collocari, & dans Frontin, de Coloniis, ager Canusinus .... Sipontinus. Ricordanus Malespina. Hist. Florent. cap. clxv ij.

Au bord de la mer, dit Léander, sur un rocher escarpé, au pié du mont Gargan, on découvre les débris de l’ancienne ville de Siponte. Elle fut aussi appellée Sipa. Strabon dit que Diomede la bâtit ; elle étoit à 150 stades, ou à 20 milles de Salapia. On n’y voit aujourd’hui que des ruines d’édifices, qui font cependant conjecturer que cette ville étoit grande & belle. (D. J.)

SIPTÉ, (Géog. anc.) Pausanias dit qu’à Olympie, ville de l’Elide, il y avoit vers le milieu de l’Altis, ou Bois sacré, sous des platanes, un trophée érigé par les Eléens vainqueurs des Lacédémoniens ; qu’auprès de ce trophée on voyoit une statue dédiée par ceux de Mende en Thrace, & que par une inscription gravée sur la cuisse du thrace, on apprenoit que ceux de Mende s’étant rendus maîtres de Sipté, en consacrerent les dépouilles à Jupiter. Sipté, ajoute Pausanias, étoit apparamment quelque ville ou quelque forteresse de Thrace. (D. J.)

SIPYLE, (Géog. anc.) Σίπυλος, en latin Sipylum ;

ville de l’Asie mineure, & la capitale de la Méonie ; elle étoit bâtie au pié du mont Sipyle, selon Pline, liv. V. c. xxjx. qui dit qu’on l’appelloit auparavant Tantalis ; mais que de son tems ce n’étoit plus qu’un lac ou étang, cette ville ayant été abysmée dans la terre. Strabon, liv. I. pag. 58. rapporte la même chose. Il dit que Sipyle, qu’il surnomme Idæa, fut renversée du tems de Tantale, & que les marais du voisinage y formerent de grands lacs. Il ajoute dans le liv. XII. p. 579. qu’on ne doit pas regarder comme une fable ce qui étoit rapporté touchant le renversement de Sipyle, puisque de son tems la ville de Magnésie avoit été pareillement engloutie.

Le mont Sipyle, Sipylus, fut appellé anciennement Ceraunius. Pausanias, dans les Achaïques, liv. II. c. xxiij. confirme l’engloutissement de la ville de Sipyle, bâtie au pié de cette montagne. Il témoigne y avoir vu le tombeau de Tantale fils de Jupiter & de Pluton ; & c’est même, ajoute-t-il, un tombeau très-remarquable, ainsi que le trône de Pélops qui étoit au haut du mont Sipyle, immédiatement au-dessus de la chapelle dédiée à la mere Plastène, qu’on regardoit pour la mere des dieux. Enfin il dit avoir vu des aigles blancs sur cette montagne, près d’un marais nommé le marais de Tantale.

Tournefort qui a eu la curiosité, dans le dernier siecle, de visiter le mont Sipyle, nous en a donné la description suivante.

La grande plaine de Magnésie, dit-il, est bornée au sud par le mont Sipylus ; & cette montagne quoique fort étendue de l’est à l’ouest, paroît beaucoup moins élevée que le mont Olympe. Le sommet du Sipylus reste au sud-est de Magnésie ; & le côté du nord est tout escarpé. Du haut de cette montagne la plaine paroît admirable, & l’on découvre avec plaisir tout le cours de la riviere. Plutarque dit que le mont Sipylus s’appelloit la montagne de la foudre, parce qu’il y tonnoit plus souvent que sur les autres qui sont aux environs. C’est apparemment pour cela qu’on a frappé à Magnésie des médailles de Marc-Aurele, du vieux Philippe, d’Herennia & d’Etruscilla, dont les revers représentent Jupiter armé de la foudre.

La déesse Sipylène avoit pris son nom de cette montagne, ou, pour mieux dire, Cybele, la mere des dieux, avoit été nommée Sibilène, parce qu’on la révéroit d’une maniere particuliere dans le mont Sipylus ; ainsi il n’est pas surprenant qu’on voye tant de médailles de Magnésie, au revers desquelles cette déesse est représentée tantôt sur le frontispice d’un temple à quatre colonnes, tantôt dans un char. On juroit même dans les affaires les plus importantes par la déesse du mont Sipylus, comme il paroît par ce précieux marbre d’Oxford, où est gravée la ligue de Smyrne & de Magnésie, sur le Méandre, en faveur du roi Séleucus Callinicus.

On ne peut être sur le Sipyle, continue Tournefort, sans se représenter, tantôt les grandes armées d’Agésilaüs & de Tissapherne, tantôt celles de Scipion & d’Antiochus, qui disputoient l’empire d’Asie dans les vastes campagnes qu’offre à la vue cette montagne. Pausanias assure qu’Agésilaüs battit l’armée des Perses le long de l’Hermus ; & Diodore de Sicile rapporte que ce fameux général des Lacédémoniens, descendant du mont Sipylus, alla ravager les environs de Sardes.

Il est vraisemblable que le mont Sipyle étoit autrefois fécond en métaux & en aimant ; il n’est donc pas étonnant que la ville Sipylum, située au pié de cette montagne, ait été engloutie par des tremblemens de terre ; c’est un malheur assez ordinaire aux lieux qui abondent en mines métalliques, & ce malheur compense trop les richesses que les mines fournissent aux habitans. Si la fable, bien plus que la vé-