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des Itch-oglans. C’est le porte épée du sultan dans les cérémonies publiques. Le silahdar porte le cimeterre du grand seigneur & coupe les viandes à sa table. Il est comme le grand maître de la maison de l’empereur & regle toute sa cour. Son autorité s’étend aussi sur le reste de l’empire d’une maniere particuliere. Les grands ne lui parlent qu’avec respect, & ne lui écrivent jamais sans lui donner le titre de musahih, c’est-à-dire, conseiller privé, quoiqu’il ne le prenne point dans les actes. Sa place, qui lui permet d’approcher du sultan, l’eleve quelquefois à la plus haute faveur. Guer. mœurs des Turcs, tom. II.

SILARO le, ou SELO, en latin Silarus, (Géog. mod.) riviere d’Italie, au royaume de Naples, dans la principauté citerieure. Elle a sa source dans l’Apennin, aux confins de la Basilicate, & se jette dans le golphe de Salerne, à dix-huit milles de Salerne. (D. J.)

SILARUS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, aux confins des Picentins & des Lucaniens. L’embouchure de ce fleuve faisoit, selon Strabon, l. VI. la borne entre la côte de la mer Thyrrène & celle de la mer de Sicile. Pline, l. III. c. v. dit que le Silarus fait le commencement de la troisieme région & du pays des Lucaniens & des Brutiens. Virgile, Ptolomée, Pline, Silius Italicus, & la table de Peutinger, disent Silarus fluvius, ou Silarum flumen ; mais Pomponius Mela dit Silerus, & Lucain, aussi-bien que Vibius Sequester, écrivent Siler. Le nom moderne est il Salo. (D. J.)

SILAS, (Géog. anc.) fleuve de l’Inde. Arrien rapporte, d’après Mégasthene, que ce fleuve sortoit d’une fontaine de même nom, qu’il couloit par le pays des Siléens, & que ses eaux étoient très-légeres. (D. J.)

SILATUM, s. m. (Littérat.) les anciens Romains nommoient ainsi la roquille de vin qu’ils prenoient le matin, parce qu’ils y faisoient infuser de la plante sili, ou seseli. C’est une vieille coutume de boire le matin quelque liqueur médicinale, plus ou moins forte. C’est ainsi que nous faisons usage de vin d’absinthe, au lieu duquel les Indiens boivent du vin imprégné de gingembre. (D. J.)

SILAUM, s. m. (Botan.) genre de plante dont voici les caracteres. Ses feuilles sont assez minces, courtes, & ressemblent beaucoup à celles du fenouil ; elles sont seulement un peu plus larges. Ses semences sont longues, silonnées, & garnies d’une espece de marge ou bord feuillu. Boerhaave en compte cinq especes. (D. J.)

SILBERBERG, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, en Silésie, vers les confins de la Boheme, dans les montagnes, près de quelques mines d’argent, qui ont occasionné son nom. (D. J.)

SILBIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans la Japygie, selon Diodore de Sicile, qui dit que les Romains l’enleverent aux Samnites. Cette ville est appellée Silvium par d’autres auteurs. Voyez Silvium. (D. J.)

SILCESTER, (Géog. mod.) ville détruite d’Angleterre, au nord du comté de Southampton, où l’on voit ses ruines. Elle fut fondée dans le iv. siecle par Constantin le jeune, fils de Constantin le grand. Les anciens l’appelloient Vindonum, & elle étoit la capitale des Ségontiens. Les Saxons la desolerent en s’emparant du pays, & les Danois acheverent de la ruiner. Elle occupoit alors quatre-vingt acres de terre. On y a déterré quelques médailles, & l’on y trouve encore les traces ordinaires des villes autrefois habitées par les Romains, je veux dire, un chemin royal pavé, qui passant par des lieux aujourd’hui déserts & jadis habités, cotoye les frontieres des comtés de Berk & de Wilt, & aboutit à la forêt de Chut, où l’on en voit les débris en quelques endroits. (D. J.)

SILE, (Géog. anc.) ville de la basse Egypte. L’itinéraire d’Antonin la place sur la route de Sérapium à Péluse, entre Thaubasium & Magdolum, à vingt-huit milles de la premiere de ces places, & à douze milles de la seconde. Il y a apparence que Sile est la même que Selæ de l’Augustamnique, & dont l’évêque nommé Alypius, assista au premier concile d’Ephese. On croit aussi que c’est la même ville qui est nommée Sella dans les notices. (D. J.)

SILENCE, s. m. terme relatif, c’est l’opposé du bruit. Tout ce qui frappe l’organe de l’ouïe, rompt le silence. On dit le silence des temples est auguste, le silence de la nuit est doux, le silence des forêts inspire une espece d’horreur, le silence de la nature est grand, le silence des cloîtres est trompeur.

Silence, (Art orat.) le silence fait le beau, le noble, le pathétique dans les pensées, parce qu’il est une image de la grandeur d’ame ; par exemple le silence d’Ajax aux enfers dans l’Odyssée, où Ulysse fait de basses soumissions à ce prince ; mais Ajax ne daigne pas y repondre. Ce silence a je ne sais quoi de plus grand que tout ce qu’il auroit pu dire. C’est ce que Virgile a fort bien imité dans le vj. livre de l’Enéide, où Didon aux enfers traite Enée de la même maniere qu’Ajax avoit fait Ulysse, aussi insensible, aussi froide qu’un rocher de Paros, elle s’éloigna sans lui répondre, & d’un air irrité s’enfonça dans le bois.

Nec magis incepto vultum sermone movetur,
Quam se dura silex aut stet Marpesia cautes,
Tandem proripuit sese, atque inimica refugit ;
Tu nemus umbriterum.

v. 470.

2°. Il est une seconde sorte de silence, qui a beaucoup de grandeur & de sublimité de sentiment en certain cas. Il consiste à ne pas daigner parler sur un sujet dont on ne pouvoit rien dire sans risquer, ou démontrer quelque apparence de bassesse d’ame, ou de faire voir une élévation capable d’irriter les autres. Le premier Scipion l’africain, obligé de comparoître devant le peuple assemblé, pour se purger du crime de péculat dont les Tribuns l’accusoient : Romains, dit-il, à pareil jour je vainquis Annibal, & soumis Carthage ; allons-en rendre graces aux Dieux. En même tems il marche vers le capitole, & tout le peuple le suit. Scipion avoit le cœur trop grand pour faire le personnage d’accusé, & il faut avouer que rien n’est plus héroïque que le procédé d’un homme, qui fier de sa vertu, dédaigne de se justifier, & ne veut point d’autre juge de sa conscience.

Dans la tragédie de Nicomede, ce prince, par les artifices d’Arfinoé sa belle-mere, est soupçonné de tremper dans une conspiration ; Prusias son pere, qui ne le souhaite pas coupable, le presse de se justifier, & lui dit :

Purge-toi d’un forfait si honteux & si bas.

l’ame de Nicome de se peint dans sa réponse vraiment sublime :

Moi, seigneur, m’en purger ! vous ne le croyez pas.

Je ne sais ce qu’on doit le plus admirer dans la réponse de Nicomede, ou de ce qu’il ne veut pas seulement se justifier, ou de ce qu’il est si sûr & si fier de son innocence, qu’il ne croit pas que son accusateur en doute.

3°. Un ambassadeur d’Abdere, après avoir longtems harangué Agis, roi de Sparte, pour des demandes injustes, finit son discours, en lui disant : seigneur, quelle réponse rapporterai-je de votre part ? Que je t’ai laisse dire tout ce que tu as voulu, & tant que tu as voulu, sans te répondre un mot. Voilà un taire-parlier bien intelligible, dit Montagne.

4°. Mais je vais offrir un exemple de silence qui est bien digne de notre respect. Un pere de l’Eglise nous donne une idée de la constance de Jesus-Christ par