Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

embuches de Macrin, les soldats desespérés d’avoir perdu un prince qui donnoit sans mesure, élurent Héliogabale : & Macrin fut tué dans une bataille à Archélaïde en 218. (D. J.)

SICERA, (Critiq. sacr.) σίκερα, τὸ, mot grec employé par Saint Luc, j. 15. & qui signifie toute boisson enivrante outre le vin : ton fils, dit l’ange à Zacharie, ne boira point de vin ni de toute boisson qui peut enivrer, καὶ οινον καὶ σίκερα οὐ μὴ πίν ; c’étoit la loi des Réchabites & des Nazaréens. (D. J.)

SICHEM, SICHAR, NÉAPOLIS, (Géog. anc.) aujourd’hui Naplouse, ville de la Samarie, située entre Guerizim & Heba, dans la vallée qui sépare ces deux villes, à quarante milles de Jérusalem. Depuis la ruine de Samarie par Salmanasar, Sichem fut la capitale des Samaritains, & elle l’étoit encore du tems d’Alexandre. Les Juifs l’appelloient par moquerie Sichar ; & de-là vient qu’on la voit ainsi nommée dans l’évangile de Saint Jean, iv. 5. Ce terme signifie la ville des ivrognes, du mot hébreu siccorim, ivrognes. C’étoit dans le voisinage de Sichem qu’on enterra les os de Joseph que les Israëlites apporterent avec eux d’Égypte ; & dans le même endroit étoit le puits de Jacob, comme on l’appelloit, où Notre-Seigneur étoit assis, quand il eut avec la samaritaine la conversation que l’évangile rapporte.

Justin Martyr étoit de Sichem, non de la race des Samaritains, mais descendu des Grecs que Vespasien établit dans cette ville qu’il nomma flavia Cæsarea, en mémoire de son nom de Flavius. Il nous reste de Justin qui étoit grand platonicien, divers ouvrages. Les premieres éditions en ont été données par Robert Etienne en 1551 & 1571 en grec. Ensuite parut celle de Commelin en 1593 en grec & en latin : Morel la donna beaucoup plus belle en 1656, greque & latine. Enfin a paru celle de dom Prudent Marand, savant bénédictin, en 1742. in-fol. J’ai parlé de Saint Justin parmi les peres de l’Eglise. (D. J.)

SICHINO, (Géog. mod.) île de la mer Ægée, entre celles de Milo à l’occident & Amorgo, proche de Policandro ; en latin Sicinus ou Sicenus. Elle n’a pas plus de cinq à six lieues de tour. Ce n’est proprement qu’une montagne, mais qui ne laisse pas de produire le meilleur froment de l’Archipel. Il n’y a que deux villages, qui sont sur le haut de cette montagne, & peuplés seulement de laboureurs & de paysans, qui ne vivent que du rapport de leurs terres. Comme il n’y a point de port un peu considérable dans l’île de Sichino, il n’y a aussi point de trafic. (D. J.)

SICHOR, ou SIHOR, (Géog. anc.) on imagine que c’est une ville dans la partie occidentale de la tribu d’Aser. Cet endroit ne doit pas être loin du Carmel. M. Reland conjecture que ce pourroit être la ville ou le fleuve des crocodiles, que Pline, l. V. c. xix. & Strabon mettent dans ce pays-là. Strabon, l. XVI. dit qu’elle est entre Ptolémaïde & la Tour de Straton, ou Césarée de Palestine. L’hébreu lit Sichor-Lebenath ; & l’on croit que Lebenath est le promontoire blanc, entre Ecdippe & Tyr, & que Sichor est un ruisseau de ce canton là. Sichor signifie trouble. (D. J.)

SICIGNANO, (Géog. mod.) bourgade d’Italie, au royaume de Naples, dans la principauté citérieure, sur une montagne qu’on prend pour l’alburnus mons des anciens. (D. J.)

SICILE, (Géog. mod.) c’est la plus considérable par sa grandeur & sa fertilité des îles de la Méditerranée, entre l’Afrique & l’Italie. Elle n’est séparée de l’Italie que par le petit détroit de Messine, qui n’a que trois milles de large ; au lieu que le plus court trajet de Sicile en Afrique est de quatre-vingt milles. Sa longueur, prise de l’est à l’ouest, est d’environ 180 milles d’Italie, & sa largeur du midi au nord de 130, d’autant qu’elle commence au cap Passaro,

sous la hauteur de 35-15, & finit à 37-30 de latitude.

Sa forme est triangulaire, dont chaque angle fait une pointe ou un cap. Celui qui regarde l’Italie a été nommé par les anciens Pelorus, & aujourd’hui capo del Faro. Celui qui regarde la Morée, Pachynum, aujourd’hui capo Passaro ; & celui qui regarde l’Afrique, Lylibœum, aujourd’hui capo di Dico.

La Sicile est divisée en trois provinces qu’on nomme vallées, dont l’une s’appelle val di Demona, l’autre val di Noto, & la troisieme val di Mazara. Le val de Demona contient les villes de Messine, Melazzo, Cefalu, Taormina qui sont maritimes, & quelques autres dans le pays. Le val de Noto a dans son enceinte les villes de Catania, Agosta, Syracusa, Noto, Lentini, Carlentini & autres. Le val de Mazara comprend les villes de Palerme, Mazara, Marsala, Trapano, Termini, Girgenti, Xaxa, Licate & autres.

Palerme, Messine & Catane sont les trois capitales du pays, chacune dans sa province. Les villes où il y a port de mer, sont Messine, Agosta, Syracusa, Trapani, Palerme & Malazzo ; le climat de cette grande île est chaud, mais l’air y est pur, le printems y est continuel, & le terroir fertile. Le nombre des habitans de toute l’île montoit, par le dénombrement qui en fut fait dans le dernier siecle, à plus de neuf cens mille ames ; mais on sait que ce nombre a beaucoup diminué depuis.

Les principales rivieres sont le Cantaro, l’Alabus ou Onabola des anciens, la Jarreta, anciennement Symoethus, selon quelques-uns : les rivieres de Patti & d’Oliviero, le Termini, l’Armiraglio, le Drago, la Terra-Nova, l’Abisso, &c.

Le Monte-Gibello, anciennement Ætna, moins redoutable que le Vésuve, est cependant renommé pour sa hauteur, ses forêts, sa neige perpétuelle, & le feu qu’il jette souvent avec force cendres. Le tour de cette montagne est d’environ soixante milles. Du levant au midi ce sont des vignes, & du couchant au nord des bois pleins de bêtes sauvages. Le mont Trapani, anciennement Eryx, est près de Palerme. Les autres montagnes de l’île sont moins connues dans l’histoire ; mais toutes abondent en sources d’eau douce, & quelques-unes fournissent des bains d’eaux chaudes, tiedes & soufrées.

Le terroir de la Sicile est des meilleurs. Il produit abondamment du blé, du vin, de l’huile, du safran, du miel, de la cire, du coton & de la soie. La vallée de Noto est couverte de gras pâturages & de blés ; & celle de Démone est fertile en bois & en arbres fruitiers. La mer fournit aussi beaucoup de poisson. Enfin la Sicile est heureusement située pour le commerce & la navigation.

On peut voir, à l’article Sicilia qui doit suivre celui-ci, les premiers peuples qui ont passé dans cette île & qui y ont dominé, jusqu’à ce que les Romains s’en soient rendus les maîtres. Dans la décadence de leur empire, cette île fut dévastée par Genseric, roi des Vandales, qui la soumit. Le trop malheureux Bélisaire, général de Justinien, la reconquit sur eux en 535 ; mais elle redevint la proie des Sarrazins d’Afrique dans le ix. siecle. Ils y établirent des gouverneurs, qui se nommoient émirs, & qui se maintinrent à Palerme jusqu’à l’an 1074, qu’ils en furent chassés par les Normands, qui avoient pour chefs Robert Guiscard & Roger son fils. Ce dernier fonda en 1139 un nouveau royaume en Sicile, qui fut ensuite exposé à bien des révolutions, par l’avidité des princes qui y prétendoient en vertu de leurs alliances.

Roger, vainqueur des musulmans dans cette île, & des chrétiens au royaume de Naples, baisa les piés du pape Urbain II. son prisonnier, & obtint de lui