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que méridionale, dans le Brésil, sur la côte septentrionale, entre celle de Maragnan, & celle de Rio-Grande ; les Portugais y ont deux forteresses. Les sauvages de cette côte sont grands & laids de visage ; ils ont les cheveux longs, les oreilles percées, pendantes presque sur les épaules, & la peau teinte en noir, excepté depuis les yeux jusqu’à la bouche. Long. 338. latit. mérid. 3. 15. (D. J.)

SIARE, s. m. (terme de relation.) nom que les habitans des îles Maldives donnent à un lieu qui est consacré au roi des vents. Il n’y a presque aucune de leurs îles où ils n’ayent un siare, dans lequel ceux qui sont échappés de quelque danger sur mer, vont faire leurs offrandes. Ces offrandes consistent en de petits bateaux chargés de fleurs & d’herbes odoriférantes. On brûle ces herbes & ces fleurs à l’honneur du roi des vents, & on jette les petits bateaux dans la mer après y avoir mis le feu. Tous leurs navires sont dédiés aux rois des vents & de la mer. (D. J.)

SIATUTANDA, (Géog. anc.) ville de la Germanie. Ptolomée, liv. II. ch. x. la marque dans le climat le plus septentrional. Ceux qui veulent que ce soit Sideburen, dans la province de Groningue, n’ont rien qui puisse appuyer cette position.

SIBA, (Géog. mod.) province de l’empire du Mogol. Elle est bornée au nord par celle de Nagracut, au midi par celles de Gor & de Jamba, au levant par le grand Tibet, & au couchant par la province de Pengap. On voit dans sa partie septentrionale le lac d’où sort le Gange, & dans sa partie méridionale se trouve la ville & le petit royaume de Sirinagar.

Siba, la, (Géog. mod.) riviere de la grande Tartarie, & qui s’appelloit autrefois Altui. Elle a sa source dans les montagnes d’une branche du Caucase, à 43d de latitude, au sud des sources de la Jéniséa, & elle se perd vers le nord de deserts du Goby. Ses bords sont habités par les Monugales de l’ouest, qui ont un petit kan pour chef. (D. J.)

SIBDA, (Géog. anc.) ville de la Carie, Pline, l. V. c. xxjx. dit que ce fut une des six villes qu’Alexandre le grand mit dans la dépendance de la ville d’Halicarnasse.

SIBERENA, (Géog. anc.) ville d’Italie. Etienne le géographe la donne aux Anotriens. On a des médailles anciennes avec ce mot Σίβηρήνη, Gabriel Barri dit que le vulgaire ignorant la nomme présentement S. Severina ; cependant elle s’appelloit déja de la sorte dès le tems de Constantin Porphirogenete. (D. J.)

SIBÉRIE, (Géog mod.) contrée de l’empire russien ; elle comprend la partie la plus septentrionale de cet empire, & même de l’Asie. Elle est bornée à l’orient par la mer du Japon, au midi par la grande Tartarie, à l’occident par la Russie, dont elle est séparée par le commencement du mont Caucase, & au septentrion par la mer Glaciale ; ainsi la Sibérie peut avoir huit cens lieues dans sa plus grande étendue d’occident en orient, & trois cens lieues du midi au nord.

Comme ce grand pays est situé entre le 50 & le 70d de latitude, le froid y doit être très-piquant dans les parties septentrionales ; mais voici une autre cause qui augmente le froid jusques dans les cantons méridionaux. La Sibérie n’est, à proprement parler, qu’une large vallée ouverte aux vents de nord qui la traversent sans obstacle depuis la nouvelle Zemble jusqu’au sommet du Païassemnoï ; or cette exposition y rend le froid plus excessif que dans des pays septentrionaux, tels que la Suede, mais que des montagnes mettent à l’abri du nord.

Cette contrée produit les plus riches fourures ; & c’est ce qui servit à en faire la découverte en 1563. Ce fut sous Ivan Basilides, qu’un particulier des environs d’Arcangel, nommé Anika, riche pour son état & pour son pays, remarqua que des hommes d’une

figure extraordinaire, vêtus d’une maniere jusqu’alors inconnue dans ce canton, & parlant une langue que personne n’entendoit, descendoient tous les ans une riviere qui tombe dans la Dwina, & venoient apporter au marché des martres & des renards noirs, qu’ils troquoient pour des clous & des morceaux de verre, comme les premiers sauvages de l’Amérique donnoient leur or aux Espagnols ; il les fit suivre par ses enfans & par ses valets jusque dans leur pays ; c’étoient des Samojedes.

Les domestiques d’Anika étant de retour, rendirent compte à leur maître de l’état du pays qu’ils avoient vu, & de la facilité de gagner des richesses immenses en portant aux habitans des marchandises de peu de valeur contre leurs belles pelleteries. Anika profita de cet avis, & fit si bien qu’en peu d’années ses gens, ses parens & ses amis se trouverent enrichis par ce nouveau trafic.

Les Aniciens, c’est ainsi qu’on les nomma, se voyant comblés de bien, & craignant les révolutions de la fortune, songerent, pour se maintenir, à se procurer un appui dans la personne du premier ministre. On les écouta favorablement, & peu de tems après l’empereur de Russie fut reconnu par tous les Samojedes pour leur souverain.

On éleva des forteresses le long de la riviere d’Oby, on y mit des garnisons, & on nomma un gouverneur général de tout le pays. On continue d’y envoyer des colonies de russes, de tartares, de polonois. On y condamne même comme à un exil, des voleurs, des misérables & autres gens qui sont l’écume des hommes. Enfin des prisonniers de guerre suédois du premier mérite y ont été relégués par le czar Pierre.

C’est là qu’on a bâti Tobolski, devenue capitale de cette vaste contrée, & le séjour du vice-roi. Tous ceux qui doivent des tributs en pelleterie les portent dans cette ville ; & quand ces tributs sont recueillis, on les envoie à Moscou sous une bonne escorte.

La Sibérie est occupée par trois sortes d’habitans ; savoir, 1°. par des peuples payens, qui sont les anciens habitans du pays ; 2°. par des tartares mahométans, qui sont ceux sur lesquels les Russes l’ont conquise ; 3°. par les russes qui en sont à-present les maîtres.

Les peuples payens qui habitent la Sibérie se divisent en plusieurs nations, dont les principales sont les Voguluzes & les Samojedes, qui habitent, les uns entre l’Oby & la Lena vers la mer Glaciale, & les autres sur la côte septentrionale de la Russie. Les Ostiaques habitent vers le 60 degré de latitude. Les Tingoëses, ou Toungonses, occupent une grande partie de la Sibérie orientale, & sont divisés en plusieurs branches. La plûpart de ces peuples n’ont point d’habitation fixe ; ils vivent sous des hutes, ils demeurent pendant l’hiver dans les forêts, cherchant leur nourriture à la chasse, & dans l’été ils vont gagner les bords des rivieres pour s’entretenir de la pêche. Les peaux des poissons sont leur habillement d’été, & les peaux des élans & des rennes leur servent au même usage en hyver. Un arc, une fleche, un couteau, une hache avec une marmite font toutes leurs richesses. Les râclures d’un certain bois leur tiennent lieu de lit de plume pour se coucher ; les rennes & les chiens leur servent de chevaux pour tirer leurs traîneaux sur la neige. La religion de ces différens peuples consiste en quelque honneur qu’ils rendent au soleil, à la lune & à leurs idoles.

Les tartares mahométans font la seconde partie des habitans de la Sibérie. Ils occupent un grand nombre de villages le long de l’Irtis & de la Tobol, & ils ont le libre exercice de leur religion. Leurs principaux chefs sont des murses.

Les russes qui font la troisieme espece d’habitans