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toient lorsqu’ils étoient dans leurs méditations religieuses. Les prêtres ses sectateurs, sont encore obligés par leurs regles de s’asseoir tous les jours en certain tems pour l’exercice de leur dévotion. Ils portent aussi le même habit ; ils vont la tête nue & rasée ; & pour se garantir du soleil, ils se couvrent le visage d’un éventail fait de bois & de feuilles de palmier.

Les maisons des moines sont près des temples, & elles sont assez chétives ; mais à un des côtés ils ont leur école publique. Cette école est une grande salle où l’on monte par quelques degrés : & au lieu de fenêtres il y a plusieurs petites lucarnes, pour donner de l’air aux étudians pendant les leçons ; cette salle est divisée en plusieurs bancs. Au milieu est une estrade sur laquelle il y a un pupitre ouvragé & doré ; un vieux prêtre y vient à certaines heures lire d’une voix lente & distincte ses leçons aux jeunes étudians. Lorsqu’il prononce certain mot, ses auditeurs mettent leurs mains sur leur front ; mais en général ils ne brillent pas par leur dévotion ; car pendant les leçons les uns coupent du pinang, d’autres le mettent en poudre ; d’autres mêlent du mercure avec du jus de quelque herbe, & d’autres s’amusent à autre chose.

Près du pupitre, ou dans un autre endroit de la salle, on voit l’idole d’Amida, se tenant debout sur la fleur tarate, faba ægyptia, ou nymphæa magna : ils croyent qu’il intercede pour les ames des morts. Autour de la salle pendent des fleurs & des couronnes de papier, des banderolles, & d’autres ornemens dorés, attachés à des bâtons de bambou, qu’ils portent dans les convois funebres. On remarque encore devant le pupitre une machine en forme de table, faite de bambou jointe grossierement ensemble, & tendue de pieces de drap jaune, dont les prêtres se couvrent la ceinture. Cette table est ordinairement jonchée de fleurs, & quelquefois couverte de plats pleins de riz, de pinang, de pisang, de poisson sec, de limon, mangostangs, & autres fruits du pays, qui sont des offrandes & des présens qu’on fait aux moines du couvent.

Il y a plusieurs villages autour de Siam : dans quelques-uns les vaisseaux y servent de maisons, & contiennent chacun deux ou trois familles. Ils conduisent ces maisons flottantes dans tous les endroits où l’on tient des foires, pour y vendre leurs marchandises. Dans les villages situés en terre-ferme, les maisons sont communément bâties de bambous, de roseaux, & de planches. Quelques-unes de celles qui cotoyent la riviere, sont élevées sur des piliers de la hauteur d’une brasse, afin que les eaux qui inondent le pays pendant quelques mois, puissent passer librement dessous. Chaque maison a un degré ou une échelle, pour descendre à terre quand les eaux se sont retirées ; & un bateau pour aller aux environs lorsqu’elles sont hautes.

C’est sur les éminences que sont bâtis hors de la ville plusieurs temples, couvents, tous les cimetieres où l’on enterre les morts, & les cours où l’on brûle leurs os, & où l’on éleve de magnifiques pyramides.

Entre ces pyramides élevées proche de Siam, il y en a une fameuse, à une lieue au nord-ouest de la ville. Elle est d’une structure massive, mais haute de plus de vingt brasses, & placée dans un quarré fermé d’une muraille basse. Cet édifice a deux pieces posées l’une sur l’autre ; la piece de dessous est quarrée ; chaque côté a cent quinze pas de long, & s’éleve jusqu’à la hauteur de plus de douze brasses. Il y a quatre étages bâtis l’un sur l’autre, & le plus haut s’étrécissant, laisse sur le sommet de celui qui est immédiatement dessous un espace vuide pour marcher tout au tour ; chaque étage est embelli de corniche.

La seconde piece de la pyramide est posée sur la surface de la premiere qui est quarrée ; chaque côté ayant trente-six pas de long. Le piédestal de cette seconde piece est octangulaire, & monte ensuite en forme de clocher. Sur le haut il y a plusieurs colonnes qui soutiennent un tas de globes qui s’élevent en pointe, c’est-à-dire, dont les diametres diminuent à proportion de la hauteur ; le tout finit par une aiguille fort longue & fort déliée. (Le chevalier de Jaucourt.)

Siam, maladie de, (Médecine.) ce n’est point, comme on le pense communément, une maladie particuliere qui ait un caractere propre, & qu’on n’observe qu’à Siam, dans les Indes, & dans les îles d’Amérique. Nous n’en trouvons la description dans aucun des auteurs qui ont voyagé dans ces contrées, ni dans les ouvrages des médecins qui ont traité de la médecine de ces peuples ; tels que Cleyer, Barchusen, Prosper Alpin, &c. Nous savons seulement par le témoignage de différentes personnes instruites qui ont resté long-tems au Cap & à la Martinique, qu’on y donne le nom de maladie de Siam, à certaines especes de fiévres continues, ardentes, qui attaquent les nouveaux débarqués dans ces pays, & qui outre les symptomes ordinaires, sont accompagnées d’hémorrhagies plus ou moins abondantes par différentes parties du corps. Ces symptomes sont plus fréquens pendant les chaleurs brûlantes de l’été que dans les autres saisons, & plus familiers à ceux qui sont d’un tempérament vif, bilieux, pléthorique. Du reste, il ne paroît pas que ces fiévres qu’on appelle maladie de Siam, soient plus dangereuses que les autres ; ou si elles le sont, ce n’est que par accident, moins à cause des hémorrhagies qui sont excitées, qu’à cause de l’incommodité ou des autres mauvais effets de la chaleur excessive de la saison. Il n’est pas rare de voir en France des fiévres ardentes pendant les étés très-chauds, auxquelles on pourroit donner la même dénomination ; car on y apperçoit les mêmes symptomes ; rien n’est si ordinaire que d’observer pendant leur cours ou à la fin, des hémorrhagies abondantes, souvent critiques & salutaires.

On n’a dans les îles d’autre attention particuliere pour la maladie de Siam, que d’insister un peu plus sur les saignées, sur les anti-phlogistiques, sur les ptisanes nitreuses, émulsionnées, sur les boissons acides ; en un mot, sur les rafraîchissans, remedes qui paroissent très-bien indiqués par le caractere de la maladie, l’état du malade & de la saison, & dont un succès soutenu constate l’efficacité. (m)

SIAMBIS, (Géog. anc.) île que Pline, l. IV. c. xvj. met au nombre de celles qui sont sur la côte de la Bretagne. Camden croit que c’est l’île Sena de Pomponius Méla, & dit qu’on la nomme à présent Sayn. Voyez Sayn, île de. (D. J.)

SIAMOISE, s. f. (Soyerie & Cotonnerie.) étoffe mêlée de soie & de coton qu’on a vue la premiere fois en France, lorsque les ambassadeurs du roi de Siam y vinrent sous le regne de Louis XIV. Les siamoises de fil & de coton ont été plus heureuses ; il s’en fait toujours un assez grand commerce. Les unes sont à grandes, & les autres à petites raies de diverses couleurs ; leur largeur est de demi-aune, ou de près d’une aune : quelques-unes se savonnent. Dictionnaire du Commerce. (D. J.)

SIAMPART, s. m. (Marine.) petit bâtiment de la Chine qui a une voile, deux, quatre, ou six rames, & qui peut porter vingt-cinq à trente hommes. Il navige terre à terre, & va très-vîte.

SIAN, (Géog. mod.) petit état d’Afrique, dans la basse Ethiopie, au voisinage de ceux de Chélicie & d’Ampaza : il est gouverné par un seigneur mahométan. (D. J.)

SIARA, (Géog. mod.) capitainerie de l’Améri-