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Bishop’s-Castle, Bridgenorth, Ludlow & Wenlock.

Elle est arrosée de plusieurs rivieres. La Saverne la traverse par le milieu, & la Temde en mouille les parties méridionales de l’orient à l’occident. Deux peuples habitoient autrefois cette contrée ; les Cornaviens possédoient la partie qui est au nord-nord-est de la Saverne, & les Ordoviens avoient l’autre partie.

Enfin, depuis deux siecles cette province a produit tant de savans illustres, que j’en dois nommer quelques-uns : & pour plus de commodité, je les rassemblerai sous le mot de Shropshire, sous lequel est plus connue la province de Shrewsbury. (D. J.)

SHREWSBURY (Géog. mod.) ou SALOP, en latin Salopia, ville d’Angleterre, capitale de la province du même nom, avec titre de duché. Elle s’appelle autrement Shrowsbury, du saxon Shrobbes-birig. Les Gallois la nomment Pengwern, à cause d’un bois d’aube qui étoit dans son voisinage.

Cette ville est l’une des plus belles, des plus peuplées, des plus riches & des plus marchandes du royaume. Elle est située sur une colline, dans une presqu’île que forme la Saverne, à 150 milles de Londres. Elle est ceinte de bonnes murailles, & partagée en belles & larges rues, qui composent cinq grandes paroisses. Deux ponts de pierre, l’un à l’orient, & l’autre à l’occident, servent à entrer dans la ville.

Le voisinage du pays de Galles contribue beaucoup à rendre cette ville florissante. Ses habitans sont en partie anglois, en partie gallois ; & comme ils entendent également les deux langues, leur ville devient le bureau du commerce de tout le pays de Galles. Les manufactures y regnent, & leurs frises se débitent dans les autres provinces du royaume. Le lord Charles Talbot, auparavant comte de Shrewsbury, reçut le titre de duc du roi Guillaume, avec la dignité de secrétaire d’état. Long. 14. 48. lat. 54. 44. (D. J.)

SHROPSHIRE, (Géog. mod.) Salopiensis comitatus ; province d’Angleterre, autrement nommée Shrewsburg, & dont nous avons fait l’article ; mais je me suis proposé de parler ici des grands personnages qu’elle a produits dans les sciences ; il importe aux gens de lettres de les connoître.

Baxter (Richard), fameux théologien non-conformiste, devint un des chapelains ordinaires de Charles II. & refusa l’évêché de Hereford. Il mourut en 1691, dans un âge avancé. C’étoit un homme qui auroit tenu son rang parmi les plus savans de son siecle, s’il ne se fût pas mêlé de trop de choses, & en particulier, de répandre la métaphysique sur toutes sortes de sujets. Il mit au jour plus de cent livres, qui n’ont point passé à la postérité, quoiqu’ils soient écrits d’un style touchant & pathétique ; mais dans ce grand nombre d’ouvrages, il attaque toutes les sectes & tous les partis ; ce qui lui fait honneur néanmoins, c’est que l’âge changea la maniere dont il jugeoit des hommes, il devint tolérant sur la fin de ses jours ; il se convainquit de l’injustice qu’il y a à exercer des actes d’inhumanité, sous prétexte de faire du bien aux hommes, & de maintenir le bon ordre dans l’église ; enfin, il apprit à désapprouver les doctrines corrompues, plutôt qu’à damner ceux qui les professent.

Son neveu & son héritier, Baxter (Guillaume), se montra un excellent grammairien, & un fort habile critique. Il mourut en 1723, âgé de 73 ans ; il étoit très-versé dans la mythologie, & entendoit fort bien la plûpart des langues de l’Occident & du Nord. Ses écrits lui ont acquis beaucoup de réputation dans la république des lettres ; il publia en 1719, son Glossarium antiquitatum britannicarum, dont il a paru une seconde édition en 1733, in-8°. avec des augmen-

tations. Son Glossarium antiquitatum romanarum, a été

donné depuis sa mort, à Londres, en 1726, in-8°. Cet ouvrage est rempli d’érudition grammaticale. Son édition d’Anacréon a été effacée par celle de M. Pauw, imprimée à Utrecht en 1732, in-4°. mais dans laquelle l’auteur n’auroit pas dû traiter avec tant de mépris, les notes de Baxter, & celles de Barnes, sur l’aimable poëte de Téos.

Brooke (Robert), premier juge de la cour des plaidoyers-communs, sous le regne de la reine Marie, se rendit par son savoir, un des premiers jurisconsultes de son tems ; & mourut comblé d’estime en 1551. Il est auteur de divers ouvrages de droit, & entr’autres de celui qui a pour titre, le grand abregé, la graunde abridgement ; c’est un extrait alphabétique de matieres choisies du droit de la Grande-Bretagne : il s’en est fait plusieurs éditions, principalement à Londres, savoir en 1573, 1576, 1586, &c. & parmi ces éditions, les plus anciennes sont estimées les meilleures, comme il arrive ordinairement aux recueils de ce genre.

Gataker (Thomas), descendoit d’une ancienne & bonne famille de Shropshire ; il naquit en 1574. & se montra par son érudition, un des savans anglois du dernier siecle ; il mourut en 1654, âgé de 80 ans. C’étoit un homme d’une lecture prodigieuse, & d’un jugement exact en matiere de critique ; ses œuvres ont été recueillies, & imprimées à Utrecht en 1698, in-fol.

Son discours de la nature & de l’usage du sort, est le meilleur que nous ayons sur cette matiere : il y prouve avec raison, 1°. qu’il y a autant de superstition à un homme de penser que certaines choses déplaisent à Dieu, qui ne lui sont réellement point désagréables, que de supposer que la créature a un pouvoir qu’elle n’a réellement point. 2°. que plusieurs personnes, vraiment pieuses, ont joué, & jouent communément, par délassement & sans cupidité, à des jeux de hasard ; & que d’autres gens du même ordre, se sont trouvés & se trouvent exposés à divers inconvéniens, en refusant par scrupule, d’y jouer, lorsqu’ils y sont sollicités par les personnes avec lesquelles ils vivent en relation ou avec lesquelles ils ont des ménagemens à garder. 3°. que les raisons sur lesquelles on condamne ces jeux, ont été cause de l’irrésolution de bien des gens, par rapport à l’usage nécessaire du sort dans les affaires sérieuses, & de la vie civile ; par exemple, lorsque dans des marchés communs entr’eux, & d’autres cas semblables, ils ont été contraints d’y avoir recours, & se sont trouvés dans l’incertitude s’ils le pouvoient légitimement, ou non.

Sa dissertation latine, de novi Testamenti stylo, est une piece curieuse ; il y prouve qu’il est fort incertain quelles langues sont des meres langues, mais qu’en tout cas, il est sûr que la latine n’est pas de ce nombre, puisqu’elle a beaucoup de termes de la langue sabine & toscane, & qu’elle tire principalement son origine de la greque, & sur-tout de la dialecte éolienne ; & il cite là-dessus Dionys. Halicar. Antiq. rom. lib. I. Eustath. in Œdyss. lib. I. Quintilian. Instit. lib. I. cap. v. & vj. Varro, de ling. lat. lib. IV. & IX. Suidas, in voce Naba. Julius Scaliger, de plant. lib. I. Joseph Scaliger, in Festum. Dan. Heinsius, de saiyr. Horat. Hugo Grotius, de satisfact. christi, cap. viij. Jo. Neursius, in nantissa ad luxum romanum, c. xij. Vossius, in præfat. ad lib. de vitiis sermonis. Laur. Ramirez, Pentecontarch. cap. vj. Conrad. Gesner, in Mithridate ; & Seron Mesigerus, in præfat. Polyglot.

Pour le prouver, il remarque que si nous prenons quelque auteur latin, nous y trouverons peu de lignes, où il n’y ait divers mots dont l’origine ne soit visiblement greque ; il donne pour exemple, les cinq premiers vers de la premiere éclogue de Virgile :