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schoenes à celui des stades en plusieurs distances ; comme lorsqu’il compare 3600 stades à 60 schoenes, qui se comptoient dans ce que l’Egypte avoit d’étendue sur la mer Méditerranée. Diodore de Sicile a connu de même la mesure du schoene sur le pié de 60 stades, puisque les dix schoenes qu’il compte entre Memphis & le lac Myris ou Moeris, sont par lui évalués à 600 stades.

Enfin M. d’Anesille a trouvé par des recherches dans l’antiquité, plusieurs moyens de reconnoître la mesure du schoene & de l’évaluer. Nous n’en citerons qu’un pour exemple. L’itinéraire d’Antonin indique une mansion sous le nom de Penta-schoenon ; dans l’intervalle du mont Casius à Peluse ; & la distance est marquée également à l’égard de l’un & de l’autre de ces lieux, sur le pié de 20 milles. De cette maniere il y a tout lieu d’inférer que la position intermédiaire tirant sa dénomination de la distance respective à l’égard de deux points différens, distance valant cinq schoenes d’un côté comme de l’autre, le schoene est compensé par quatre milles romains.

Cette compensation convient à ce que dit Pline, que le schoene est composé de 32 stades ; aliqui xxxij stadia singulis schoenis dedere ; car, selon l’emploi le plus général du stade, sur le pié de huit pour le mille romain, les 32 stades sont l’équivalent de 4 milles. Or la mesure du mille romain, selon la scrupuleuse analyse, s’évaluant à 756 toises, le schoene comparé à quatre milles, revient à 30 milles 24 toises ; & le stade qui sert à la composition du schoene, étant fort inférieur en mesure au stade grec olympique, se borne à 50 toises 2 piés 5 pouces moins quelques lignes. Mém. des Inscript. tom. XXVI. in-4°. (D. J.)

SCHŒNICULE, s. f. (Hist. anc.) espece de courtisanes du dernier ordre ; elles étoient pauvres. Au défaut de pommades odorantes & d’eaux de senteur, elles se servoient de l’huile du schœnus.

SCHŒNION, s. m. (Musiq. grecq.) air de flûte en usage dans l’ancienne Grece ; Pollux en parle ainsi qu’Hésychius. Il devoit ce nom au caractere de poésie & de musique dans lequel il étoit composé ; caractere qui, selon la remarque de Casaubon sur Athenée, avoit quelque chose de lâche & de flexible (à la maniere du jonc, σχοίνου). C’est dans ce sens qu’on trouve dans Hésychius, σχοινίην φωνὴν, pour dire une voix molle, rompue & efféminée. (D. J.)

SCHŒNITAS, (Géogr. anc.) port du Péloponnese, selon Pomponius Mela, lib. II. c. iij. c’est le même que Pline nomme Cœnites, lib. IV. c. v. & qui étoit sur la côte orientale de l’Argolide. Il ne faut pas le confondre avec le port Schœnus, qui étoit au fond du golfe Saronique. (D. J.)

SCHŒNOBATE, s. m. (Jeux scéniq. des Grecs & des Romains.) c’est ainsi qu’on nommoit chez les Grecs un danseur de corde, de σχοῖνος, une corde, & βαίνω, je marche. Voyez Danseur de corde.

Les schoenobates après avoir amusé les théatres de la Grece, trouverent chez les Romains un nouvel accueil pour leur art. Ils commencerent à paroitre à Rome l’an 390 de sa fondation, sous le consulat de Sulpitius Pœtus & de Licinius Stolon, qui les introduisirent aux jeux scéniques, qu’on fit d’abord dans l’île du Tibre, & que Messala conjointement avec Cassius, porterent ensuite sur le théatre ; mais quand Rome fut parvenue à la recherche de tous les plaisirs propres à charmer l’oisiveté, celui des schœnobates, qu’on nomma funambules, l’emporta sur tout autre goût. Ce spectacle devint une si forte passion pour le peuple, qu’il ne prêtoit plus l’oreille aux meilleures pieces qu’on lui donnoit ; Térence même l’éprouva ; quand on joua son Hécyre, un nouveau funambule qui parut sur le théatre, attira tellement les yeux du peuple entier, qu’il cessa d’écouter la piece admirable du rival de Ménandre : ita populus studio spectaculi

cupidus in funambulo animam occupaverat.

Parmi ces schœnobates ou funambules, les uns dansoient sur la corde lâche ; & les autres couroient sur une corde tendue horisontalement ; il y en avoit qui tournoient autour d’une corde, comme une roue autour de son aissieu ; d’autres descendoient sur cette même corde, de haut en bas appuyés sur l’estomac. Tous les auteurs en parlent, & l’élégante description qu’en a donné Manilius, mérite ici sa place.

Aut tenues ausus sine limite gressus,
Certa per extensos ponit vestigia funes,
Et cœli meditattus iter vestigia perdit,
Per vacuum, & pendens populum suspendit ab ipso.

On cite comme un trait d’humanité de Marc Aurele, d’avoir ordonné qu’on mît des matelas dessous les funambules, parce que cet empereur s’étant trouvé un jour à leur spectacle, un funambule pensa périr en se laissant tomber. Depuis lors on tendit un filet sous les schœnobates, pour empêcher que ceux qui éprouveroient le même accident, se fissent aucun mal.

Enfin les hommes funambules ne suffisant plus pour amuser le peuple, on dressa les bêtes à cet exercice. L’histoire dit qu’on vit à Rome du tems de Galba, des éléphans marcher sur des cordes tendues. Néron en fit paroitre dans les jeux qu’il institua en l’honneur d’Agrippine ; Vopiscus raconte la même chose du tems de Carin & de Numérin.

Rome d’elle-même idolâtre,
Goûtant le fruit de ses exploits,
N’aima, ne voulut autrefois
Que du pain avec son théâtre.

Les choses n’ont pas trop changé, avec cette différence qu’elle a des théâtres & peu de pain. (D. J.)

SCHŒNUS, (Géogr. anc.) c’est le nom, 1°. d’une petite contrée du Péloponnese ; 2°. d’une ville de l’Arcadie. Au bas de la montagne de Phalante, dit Pausanias, Arcad. c. xxxv. est une plaine, & après cette plaine la ville de Schœnus, ainsi appellée du nom de Schœneüs boétien de nation. Mais, ajoute Pausanias, s’il est vrai que Schœnéüs soit venu s’établir en Arcadie, je croirois aussi que le stade d’Atalante qui est auprès de la ville, a été ainsi appellé du nom d’une des filles de ce béotien ; & que dans la suite les Arcadiens ont confondu cette Atalante avec l’autre. 3°. Nom d’une riviere de la Béotie dans le territoire de Thèbes ; elle arrosoit un lieu de ce nom selon Strabon. 4°. D’un lieu de la Béotie dans le territoire de Thèbes, & qui est sans doute le même dont on vient de parler ; Strabon le place à environ 50 stades de Thèbes, sur la route de cette ville à Anthédon. 5°. D’un port de la Grece, au fond du golfe Saronique, dans l’endroit où l’isthme de Corinthe est le plus étroit, selon Strabon, lib. VIII. p. 369 & 380, qui dit que c’étoit de-là qu’on transportoit par terre, les vaisseaux d’une mer à l’autre. 6°. D’un golfe de l’Asie mineure dans la Carie, sur lequel étoit bâtie la ville Hyla, selon Pomponius Mela, lib. I. c. xvj. (D. J.)

Schœnus, s. m. (Hist. anc.) sorte de jonc marin ; c’étoit une mesure. Le scœnus major avoit 60 bades ; le minor, la moitié.

SCHOERL ou SCHORL, s. m. (Hist. nat. Minéralog.) c’est ainsi que les minéralogistes suédois & allemands nomment une pierre très-dure, qui est ou noire, ou grise, ou brune, ou rougeâtre, ou verdâtre ; elle se trouve en crystaux prismatiques d’une grandeur extraordinaire, & qui varient pour le nombre de leurs côtés. Wallerius dans sa minéralogie, appelle cette pierre corneus crystaltisatus : elle est la même que le basaltes, ou pierre de touche des anciens. La pierre de stolpen dont M. Pott parle dans sa lythogéognosie, & qu’il regarde comme une pierre dont