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mer d’Ecosse. Ces îles nommées autrement îles de Hesland, ou Hithland, sont encore plus avancées vers le pole que les Orcades, savoir depuis le 60 jusqu’au de-là du 61 degré de latitude.

Les îles de Schetland sont nombreuses & se partagent en trois ordres, comme les Orcades ; les unes sont assez grandes & assez fertiles pour être peuplées, on en compte vingt-six. Les secondes ne produisent que quelques herbages, & sont au nombre de quarante. Les troisiemes, au nombre de trente, ne sont que des rochers.

La plus grande des îles de Schetland, est appellée par les habitans Mainland, c’est-à-dire la Terre-ferme. Elle est plus grande que la principale des Orcades, ayant soixante milles de long au sud, & en quelques endroits seize de large ; ci-devant elle n’étoit habitée que le long des côtes, à cause des hautes montagnes qui la couvrent ; mais depuis l’an 1620, ou environ, les habitans plus industrieux que leurs peres, ont trouvé le moyen de s’étendre plus avant dans le pays ; on y voit deux bourgs, l’un à l’orient, & l’autre à l’occident, & ces bourgs qui sont les seuls qu’il y ait dans toutes les îles de Schetland, contiennent environ six cent familles.

A l’occident de cette grande île, paroît à quelque distance une île nommée Thulé ou Fulé, que plusieurs savans croient être la Thulé tant chantée par les anciens ; si ce ne l’est pas, dit Cellarius, la Thulé des anciens doit être la grande île de Schetland, d’autant mieux que le récit de Solin, y quadre parfaitement.

Quoi qu’il en soit, le terroir des îles de Schetland est à-peu-près le même que celui des Orcades ; on y recueille de l’orge & de l’avoine, on y a de gras pâturages où l’on nourrit des troupeaux, mais c’est tout ; les vaches sont blanches pour la plûpart, & les brebis fécondes ; la mer fournit toutes sortes de poissons grands & petits, depuis les esturgeons jusqu’aux baleines ; on y prend de la morue, du hareng, toutes sortes de poissons à coquille, des chiens & veaux de mer ; aussi les Hollandois, les Hambourgeois & autres, y viennent pêcher au mois de Juin.

Les habitans sont d’origine danoise ou norwégienne, & leur langue est une dialecte gothique, ressemblante à la danoise, mêlée de divers mots anglois ; leurs mœurs, leurs manieres de vivre, leurs mesures, & leurs façons de compter, sont à-peu-près les mêmes que celles qu’on a dans la Norwege ; leurs maisons sont basses & petites, n’ayant pour toute ouverture que la porte, & un autre trou pour recevoir le jour & faire écouler la fumée ; leur feu est fait avec de la tourbe qu’ils ont en assez grande abondance.

Leur commerce consiste principalement à vendre aux Danois & aux Norwégiens qui les viennent visiter, des poissons salés, ou durcis au vent, des gans & des bas de laine, qu’ils savent assez bien faire à l’aiguille, des draps d’une lesse épaisse, qu’ils nomment woadmeils, de l’huile, de la graisse de poisson, des cuirs, & quelqu’autres petites choses de cette nature. Les Norwégiens leur apportent en échange du bois à bâtir des maisons & des bateaux, & leur amenent même des bateaux tout faits ; leur nourriture ordinaire est du pain d’orge ou d’avoine, avec du beurre, du fromage, des poissons, & de la chair ; leur boisson est du petit lait mis dans des tonneaux, & gardé long-tems dans de bonnes caves fraiches, où il prend un degré de force surprenante, jusqu’à donner dans la tête ; les plus riches brassent de bonne biere ; généralement la maniere de vivre des habitans est la même que celle des Orcades ; de cette façon ils se nourrissent sobrement, vivent long-tems, sans maladie, sans apoticaires & sans médecins ; ils professent la religion presbitérienne, vivent ensemble en bonne amitié, & se régalent fréquemment

pour cultiver l’union & la concorde.

Dans ces îles, le jour y est de deux mois entiers vers le solstice d’été ; & vers le solstice d’hiver, il regne une nuit de deux mois, pendant lesquels l’air est fort orageux. Les marées y sont alors si violentes, & la mer si impétueuse, que pendant ce tems-là, depuis le mois d’Octobre jusqu’au mois d’Avril, ces bons insulaires n’ont aucune correspondance avec l’Ecosse, l’Irlande, l’Angleterre, & les pays étrangers. (D. J.)

SCHETTI, s. m. (Hist. nat. Bot.) nom d’un arbrisseau de Malabar, qui porte des baies, & dont la racine pilée est prise dans du lait, & estimée pour appaiser les douleurs de reins. (D. J.)

SCHEUCHZERIA, s. f. (Bot.) genre de plante, ainsi nommé par Linnæus en l’honneur de Scheuchzer ; le calice particulier de la fleur est divisé en six feuilles oblongues, déployées, aiguës, recourbées, & qui subsistent avec le fruit, la fleur est sans pétales ; les étamines sont six filets chevelus, très-courts, les bossettes des étamines sont droites, obtuses, longues & applaties ; les germes du pistil sont au nombre de trois, de la grosseur du calice, de forme ovale applatie, sans aucun stile. Les stigma sont oblongs & obtus à la pointe ; ils croissent sur la partie extérieure des germes ; le fruit est composé d’autant de capsules que le pistil a eu de germes ; ces capsules sont arrondies, applaties, & à deux loges ; les graines sont uniques & oblongues ; il y a ordinairement trois germes & trois capsules, mais quelquefois il y en a six. Linn. gen. plant. p. 152. (D. J.)

SCHEVE, (Géogr. mod.) petite ville de Danemark au diocese de Vibourg, dans le Nortjutland, à l’embouchure d’une riviere qui se jette dans le golfe de Virksund. On en tire de bons chevaux. (D. J.)

SCHEVELING, (Géogr. mod.) village charmant de la Hollande, sur le bord de la mer dans les Dunes, au voisinage de la Haye ; ce village étoit autrefois plus grand qu’il n’est aujourd’hui, la mer en ayant englouti en 1574 plus de six vingt maisons. Le chemin est tout pavé, avec une allée d’arbres taillés de chaque côté, depuis la Haye jusqu’à Scheveling. C’est une beauté commune à tout le pays. On y voit les chariots à vent que Maurice, prince d’Orange, fit faire. Ils sont garnis d’un mât & de voiles comme un navire ; & étant poussés par le vent, ils courent sur le rivage sablonneux avec une vîtesse incroyable. Long. 21. 44. latit. 52. 3. (D. J.)

SCHIAIS, SCHIAITE, ou SCHIITE, s. m. (Hist. mod.) nom de la secte des mahométans de Perse, ennemis de celle des Sunnis, ou mahométans turcs. Les Schiais ont en exécration les premiers successeurs de Mahomet, savoir Abubeker, Omar & Osman, & tiennent qu’ils ont usurpé la succession du prophete, qui étoit due à Ali son neveu & son gendre, & en conséquence ils prétendent que la véritable succession de Mahomet comprend douze prophetes, dont Ali est le premier, & ils nomment le dernier Mouhemmet-el-Mohadi Sahetzaman. Ils croient que ce dernier iman ou pontife n’est pas mort, & qu’il reviendra au monde. C’est pourquoi ils laissent par testament des maisons bien garnies & des écuries pleines de chevaux pour son service, quand il paroîtra pour soutenir sa religion. Il y a des rentes pour l’entretien de ces maisons & de ces chevaux. Les Schiais se contentent de pratiquer la lettre de la loi, c’est à-dire les commandemens contenus dans l’alcoran, au lieu que les Sunnis y ajoutent beaucoup de pratiques de surrérogation, & qui ne sont que de simple conseil. D’Herbelot, Bibliotheq. orient.

SCHIBBOLETH, (Critiq. sacrée.) nom hébreu qui signifie épi. On lit dans les juges, ch. xij. 6. que les Galaïtes, après avoir vaincu dans une bataille rangée les Ephraïmites, s’emparerent des passages du Jour-