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cessaires pour trouver les autres lignes, par exemple, dans la scenographie d’un cube vû par un de ses angles, les lignes bd & dc de la base, fig. 2. n°. 2. & la ligne dh de l’élévation sont entierement cachées à l’œil, & doivent être par conséquent omises dans la représentation scenographique du cube ; mais comme on ne peut trouver le point h de la surface supérieure, sans avoir le point d qui lui répond, & qu’on ne peut tirer les lignes gh & he, sans avoir la hauteur dh ; il s’ensuit qu’il est nécessaire de déterminer dans l’opération au moins par des lignes occultes, l’apparence du point d & la hauteur dh.

Pour représenter scenographiquement une pyramide élevée sur la base ; supposons, par exemple, qu’on veuille représenter une pyramide quadrangulaire, vûe par un de ses angles. 1°. Puisque la base d’une telle pyramide est un quarré vû par un angle, tracez d’abord ce quarré en perspective ; 2°. pour trouver le sommet de la pyramide, c’est-à-dire la perpendiculaire qui tombe du sommet sur la base, tirez les diagonales qui se coupent en e, fig. 5. n°. 2. 3°. sur un point quelconque B de la ligne de terre DE, élevez la hauteur BI de la pyramide ; & après avoir tiré les lignes droites HV & IV à l’horisontale HR, prolongez la diagonale db, jusqu’à ce qu’elle rencontre la ligne VB en b. Enfin du point b, tirez bi parallele à BI ; cette ligne bi étant élevée sur le point e, donnera le sommet K de la pyramide ; conséquemment on aura les lignes dk, ka & kb.

On peut se servir de la même méthode pour trouver la scenographie d’un cône. Par cet article & par l’article Perspective, on voit assez quelles regles on doit observer pour mettre en perspective toutes sortes de figures & de corps. La fig. 7. n°. 2. représente la scenographie d’un bâtiment, dans laquelle V est supposé le point de vûe. Chambers. (O)

SCENOPEGIE, s. f. (Hist. judaiq.) étoit chez les juifs le nom d’une fête qu’on appelloit plus communément la fête des tabernacles ou des tentes. Le peuple d’Israël, après qu’il eut pris possession de la terre de Chanaan, institua cette fête en mémoire de ce qu’il avoit habité sous des tentes dans le désert.

Ce mot est grec, & est formé des mots σκηνή, scene, tabernacle, tente, & πήγνυμι, figo, je fixe.

La fête des tabernacles commençoit le 15 Septembre, & duroit huit jours de suite. Le dernier de ces jours étoit beaucoup plus solemnel que les autres, tant par l’affluence extreme du peuple, que par les marques extraordinaires de joie qu’il donnoit. C’est de ce huitieme jour que parle S. Jérôme, quand il dit que J. C. vint à la fête des tabernacles, le dernier & le plus grand jour.

Quand l’Ecriture-sainte, dit simplement la fête, c’est ordinairement de la fête des tabernacles qu’elle veut parler.

SCEPSIS, (Géog. anc.) ville d’Asie, dans la petite Mysie, & dans les terres, suivant Ptolomée, liv. V. ch. ij.

Métrodore, homme recommandable par son éloquence & par son savoir, étoit né dans cette ville. Strabon, liv. XI. Pline, liv. II. ch. xvj. & xxxj. liv. XXXIV. ch. vj. Athénée, liv. XIII. parle de lui comme d’un homme célebre. Il écrivit divers traités que le tems nous a enviés. Mithridate qui le chérissoit l’envoya en ambassade vers Tigrane, avec ordre de l’engager à joindre ses forces aux siennes contre le Romains. Métrodore ayant exécuté sa commission, Tigrane lui dit dans la conversation : « Mais vous, Métrodore, que me conseillez-vous ? Seigneur, lui repliqua-t-il, comme ambassadeur je vous le conseille, mais si vous consultez Métrodore, il ne vous le conseillera jamais ». Mithridate apprit cette particularité de Tigrane, dans les entretiens secrets que ces deux princes se firent de leurs confi-

dences réciproques, & sur-le-champ il se vengea injustement de Métrodore, en le faisant mourir ; c’est ainsi que cet homme estimable par sa franchise, finit ses jours sous la 177e olympiade, l’an 72 de Jesus-Christ.

Au reste, pour le dire en passant, l’histoire ancienne fait mention de dix hommes illustres nommés Métrodore, & qu’il ne faut pas confondre ensemble.

Le premier étoit de Chio, & maître d’Hippocrate. Il vivoit sous la 84e. olympiade, vers l’an 444 avant Jesus-Christ. Il écrivit quelques ouvrages de médecine, & une histoire du royaume de Troie, cités par Pline, Athénée, Isaac Tzetzès, &c.

Le second de Lampsaque, vivoit sous la 86e olympiade, vers l’an 536 avant Jesus-Christ, & fut lié d’amitié avec le philosophe Anaxagoras.

Le troisieme d’Athènes, ou si l’on veut de Lampsac, ami particulier & disciple d’Epicure, fleurissoit sous la 126e. olympiade, vers l’an 274 avant Jesus-Christ ; Diogene Laerce, Cicéron, Strabon, & Clement d’Alexandrie, en ont beaucoup parlé, mais Gassendi a publié sa vie.

Le quatrieme, né à Stratonice, est le seul qui quitta la secte d’Epicure pour s’attacher à Carnéade, académicien. Il fleurissoit sous la 161e. olympiade, vers l’an 136 avant Jesus-Christ.

Le cinquieme est le nôtre, né à Scepsis.

Le sixieme est ce Métrodore, qui excelloit tout ensemble dans la philosophie & dans la peinture, & que les Athéniens envoyerent à Paul Emile, qui fut enchanté de ce choix ; il le nomma pour précepteur de ses enfans.

Le septieme est un mathématicien dont parle Pline.

Le huitieme, grammairien, dont fait mention Agathias, liv. V. hist.

Le neuvieme de ce nom avoit fait un cycle pour la célébration de la fête de Pâques. Voyez M. Dupin.

Le dixieme, architecte sous l’empire de Constantin, vers l’an 327 de Jesus-Christ, étoit natif de Perse, & fit dans les Indes plusieurs édifices qui l’illustrerent. (D. J.)

SCEPTICISME, s. m. & SCEPTIQUES, s. m. pl. (Hist. de la Philosophie.) Sceptici, secte d’anciens philosophes, qui avoient Pyrrhon pour chef, & dont le principal dogme consistoit à soutenir que tout étoit incertain & incompréhensible ; que les contraires étoient également vrais ; que l’esprit ne devoit jamais donner son consentement à rien, mais qu’il devoit rester dans une indifférence entiere sur toute chose. Voyez Pyrrhoniens.

Le mot sceptique, qui est grec dans son origine, signifie proprement contemplatif, c’est-à-dire un homme qui balance les raisons de part & d’autre, sans décider pour aucun côté ; c’est un mot formé du verbe σκέπτομαι, je considere, j’examine, je délibere.

Diogene Laërce remarque, que les sectateurs de Pyrrhon avoient différens noms : on les appelloit Pyrrhoniens, du nom de leur chef ; on les appelloit aussi Aporetici, gens qui doutent, parce que leur maxime principale consistoit à douter de tout ; enfin on les nommoit Zetétiques, gens qui cherchent, parce qu’ils n’alloient jamais au-delà de la recherche de la vérité.

Les Sceptiques ne retenoient leur doute que dans la spéculation. Pour ce qui concerne les actions civiles & les choses de pratique, ils convenoient qu’il falloit suivre la nature pour guide, se conformer à ses impressions, & se plier aux lois établles dans chaque nation. C’étoit un principe constant chez eux, que toutes choses étoient également vraissemblables, & qu’il n’y avoit aucune raison qui ne pût être combattue par une raison contraire aussi forte. La fin qu’ils se proposoient, étoit l’ataraxie, ou l’exemption de trouble à l’égard des opinions, & la métrio-