Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/686

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est dérangé sensiblement que par l’action du Soleil. Que seroit-ce si outre cette Lune nous en avions encore quatre ou cinq autres qui, par leur action mutuelle, altérassent leurs mouvemens ? C’est là le cas des satellites de Jupiter & de Saturne, sans compter que l’action de Jupiter sur les satellites de Saturne peut avoir encore un effet assez sensible, aussi-bien que l’action de Saturne sur les satellites de Jupiter. Le second satellite de Jupiter est celui où ces inégalités sont le plus remarquables. On ne sauroit trop exhorter les savans géometres de l’Europe à donner la théorie de ces inégalités.

Il n’est pas aisé de savoir quel peut être l’usage des satellites. On croit communément qu’ils sont destinés à suppléer, en quelque sorte, à la lumiere foible que reçoivent des planetes trop éloignées du Soleil, comme Jupiter & Saturne, & à les éclairer pendant leurs nuits. Mais 1°. On ne remarque point de satellite à Mars, on sait que la Terre en a un, & on croit même qu’il y en a un autour de Vénus : voilà donc une planete beaucoup plus proche du Soleil qui a un satellite, & une autre plus éloignée qui paroît n’en pas avoir. 2°. On ne peut gueres dire que la Lune soit destinée uniquement à nous éclairer durant nos nuits, puisque souvent elle nous est cachée pendant la plus grande partie de la nuit. 3°. La nuit d’une planete, toutes choses d’ailleurs égales, doit être censée d’autant plus profonde que le jour y a été plus brillant. Ainsi les planetes les plus proches du Soleil ont une nuit plus obscure à proportion que les autres : elles ont donc, à cet égard, encore plus besoin de satellites. Que faut-il donc croire sur l’usage des satellites ? Il faut savoir dire qu’on l’ignore. (O)

Satellite, satelles ou garde, (Hist. mod.) se dit d’une personne qui en accompagne une autre, soit pour veiller à sa conservation, soit pour exécuter sa volonté.

Chez les empereurs d’Orient, ce mot satellite signifioit la dignité ou l’office de capitaine des gardes du corps.

Ce terme fut ensuite appliqué aux vassaux des seigneurs, & enfin à tous ceux qui tenoient les fiefs, appellés sergenteries. Voyez Sergenterie.

Ce terme ne se prend plus aujourd’hui qu’en mauvaise part. On dit les gardes d’un roi, & les satellites d’un tyran.

SATICULA, (Géog. anc.) ville d’Italie dans le Samnium. Servius, in Æneïd. l. VIII. vers. 729. la place dans la Campanie, mais elle étoit dans le Samnium : Festus le dit positivement, Saticula, oppidum in Samnio captum est. (D. J.)

SATIÉTÉ, s. f. (Gramm) dégoût qui suit l’usage immodéré ; on a la satiété des alimens, après avoir trop mangé ; la satiété du plaisir, après s’y être trop livré ; la satiété de l’étude, de la gloire, des affaires ; nous usons tout.

SATINS, s. m. (Etoffe de soie) le tissu du satin est d’une espece différente des autres étoffes, parce que l’ouvrier ne leve que la huitieme ou la cinquieme partie de sa chaîne pour passer sa trame au-travers, ensorte qu’il reste toujours les ou les de la chaîne du côté de l’endroit de l’étoffe, ce qui y donne le brillant. Au surplus, il se fabrique comme toutes les étoffes de soie. Voyez Étoffes de soie.

Il se fabrique à Lyon des satins unis, des satins rayés, des satins en deux, trois & quatre lacs courans, de de large, des satins brochés, soie & dorure, de la même largeur.

Tous les satins sans poil, soit unis, soit façonnés, doivent commencer à lever une lisse pour recevoir la trame qui passe entre la partie levée, soit la huitieme, soit la cinquieme, comme il a déja été dit, afin de faire le corps de l’étoffe.

Après la premiere lisse levée, celle qui doit suivre doit toujours être la quatrieme, de façon qu’une

étant prise, il en reste toujours deux entre la premiere levée & celle qui doit lever ensuite pour recevoir le second coup de trame ; c’est l’armure du métier.

On va donner l’idée de l’armure d’un satin à huit lisses, & d’un satin à cinq lisses.


Armure d’un satin à huit lisses, dont une prise & deux laissées.


Armure d’un satin à cinq lisses.

Par cette démonstration, il est évident qu’on ne peut pas faire des satins au-dessous de cinq lisses, ni même au-dessus de huit : puisqu’en augmentant ou diminuant le nombre, il arriveroit que quand on viendroit de la cinquieme marche ou de la huitieme à la premiere pour recommencer, ce qu’on appelle le course, les deux lisses laissées ne se rencontreroient plus. Il est vrai cependant que la rencontre se feroit avec dix lisses ; mais outre que le satin perdroit de sa qualité en ne levant que la dixieme partie de la soie de la chaîne, il arriveroit encore que le liage qui n’est composé que de quatre marches & quatre lisses, & qui ne doit agir que relativement aux marches de satin, dont tous les deux coups, une de liage doit mouvoir, ne pourroit plus se rencontrer avec dix grandes marches, le course de l’un finissant avec l’autre. Il n’y a que le damas qui a cinq lisses de liage, mais aussi il faut faire deux fois le course pour un de liage, c’est-à-dire qu’il faut passer dix coups de navette pour faire mouvoir les cinq lisses qui doivent